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Après l'impact sanitaire, les maisons de repos face à un impact économique?

Alors que, jusqu'il y a peu, on évoquait des files d'attente pour obtenir une chambre dans une maison de repos, désormais un lit sur dix n'y est plus occupé. Des familles auraient peur de placer leur proche, craignant d’en être séparé en cas de retour d'un confinement strict. "On souffre ici de l'image dans les médias et de certains experts qui n'ont pas été tendres du tout. On s'est fait démolir, estime Sébastien Marcq, directeur de maisons de repos de la région namuroise. Ça a ruiné tous les efforts qui ont été faits par le secteur ces dernières années pour sortir un peu des "homes" comme on les appelait précédemment ou des mouroirs. Effectivement, peut-être que maintenant certaines familles, certaines personnes âgées hésitent à entrer en maison de repos parce qu'elles ont cette image là en tête".

La situation n'est pas du tout à la normale selon Vincent Frédéricq, secrétaire général de la Fédération des maisons de repose de Belgique. "D'ordinaire, les maisons de repos en Wallonie sont remplies à 94, 95 %. Ce qui correspond à une capacité maximale. On est vraiment dans une situation anormale" déplore-t-il. Il admet pouvoir comprendre les familles qui ont peur de mettre leurs aînés, leurs parents dans une maison de repos pour le moment : "Il y a des informations et des image très dures qui ont été données au plus fort de la crise." 

"Situation sous contrôle"

Pourtant, aujourd'hui les maisons de repos sont prêtes. "On a du matériel, on a des procédures. On est organisé et on a l'expérience surtout", assure Sébastien Marcq. "Le secteur a bien reprise le contrôle de la situation en termes de contrôle de l'épidémie. Le rythme zéro n'existe pas mais le matériel est là et la situation est extrêmement bien sous contrôle", rassure pour sa part Vincent Frédéricq.

À la résidence Cristallin en région bruxelloise, seulement 97 résidents sont présents pour une capacité de 132 lits agréés. L'infirmière chef de cet établissement Shirley aimerait convaincre de nouveaux résidents : "Même si vous avez de la visite de votre famille une fois par jour, une aide soignante, de l'aide à domicile, vous êtes la plupart du temps seul. Ici en maison de repos, vous n'êtes jamais seul. Vous sortez de votre chambre, il y a toujours un voisin, une voisine, une infirmière qui passe... C'est important psychologiquement de ne pas se retrouver seul et d'être en sécurité".

Le directeur de la résidence devra-t-il se résoudre à licencier du personnel ? Pour l'instant, il n'en est pas question : "On ne licencie pas des héros. On essaie de s'arranger à prendre des congés sans solde, à bouger dans les équipes. Il y a vraiment un soutien et une entraide énorme qui nous aide financièrement". En effet, ce manque de résidents pourrait avoir des conséquences négatives pour certains employés dans le secteur, avec des contrats non renouvelés. Emily témoigne de sa situation via notre bouton orange Alertez-nous, la situation actuelle a directement impacté son évolution professionnelle : "Moi je travaille dans une maison de repos dans le Hainaut et on se rend compte un petit peu partout qu'il y a 10 à 15 % de lits vides par maison de repos. Du coup, des postes peuvent être supprimé à cause des ces lits vides. Je devais avoir un CDI la semaine passée mais il m'est passé sous le nez par manque de résident".

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