Accueil Actu

Chèque consommation: de nombreux patrons horeca ne le connaissent pas ou n'en veulent pas

Décidé par le gouvernement en juin et mis en place en juillet, le chèque consommation a été imaginé pour donner un coup de pouce à des secteurs durement frappés par la crise du coronavirus comme l'horeca et la culture. Exonérés de cotisations sociales et 100% déductibles fiscalement, ces chèques, dont le montant total maximum peut aller jusqu'à 300 euros, permettent aux patrons de donner un petit extra à leurs travailleurs sans que ce geste ne leur coûte trop cher. Les travailleurs peuvent utiliser ces chèques surtout dans l'horeca.

C’est assez surprenant de voir que les principaux intéressés ne sont pas au courant de l’existence du chèque

Sur le papier, cette mesure, qui coûte quand même à l'État puisqu'une certaine somme d'argent n'est pas soumise à impôt, semble positive. Sur le terrain, cela coince. Vous avez été plusieurs à presser le bouton orange Alertez-nous pour témoigner de nombreux restaurateurs qui refusaient ces chèques, n'en connaissant souvent même pas l'existence.

"Mes collègues et moi nous aurions aimé utiliser les 200 euros que nous avons reçus dans un bon restaurant. On voulait se faire plaisir et aussi en faire profiter le restaurateur", raconte Anaïs, aide-soignante dans une maison de repos. Mais elle a abandonné l'idée après de nombreux refus et finalement utilisé ses chèques "conso" un à un dans des établissements pour son repas du midi. Pascal, visiblement en colère, résumait la situation, un peu exagérément certes, ce mardi matin: "Aucun commerçant ne les veut ou peut les prendre. donc on se retrouve avec 300€ dont on ne sait rien faire ! Qu'on nous dise où on peut les utiliser et les commerçants doivent être avertis!", écrit-il via notre bouton orange Alertez-nous.

Manque d'informations

À quoi est dû ce succès mitigé ? Le manque d'information semble en constituer la première cause. "C’est assez surprenant de voir que les principaux intéressés ne sont pas au courant de l’existence du chèque" s'étonne John, chef d'entreprise dans le Brabant wallon, via le bouton orange Alertez-nous, après s'être aperçu de la méconnaissance de ces chèques dans l'horeca. "Les bourgmestres auraient pu transmettre l’information, mais on dirait que cela n’a pas été fait puisque peu de gens sont au courant", constate Anaïs.

Chez nous, on préfère l’argent !

Nous avons également été confrontés au même problème lors de notre enquête qui a consisté à contacter une sélection aléatoire d’établissements horeca obtenue à partir des différents sites des émetteurs de chèques consommation (trois entreprises). Nous nous sommes fait passer pour un client demandant un renseignement. Sur une trentaine de réponses, plus de 40% des restaurateurs n’avaient jamais entendu parler de ce chèque ou n’était tout simplement pas intéressé, à l’image de ce patron d’un snack schaerbeekois lançant fièrement : "Chez nous, on préfère l’argent !". Parmi les 60% restants, 40 acceptent uniquement la version électronique et seulement 20 sont près à encaisser le ticket papier.

Papier ou électronique

Outre le manque d’information, le format du chèque "conso" expliquerait aussi en partie son manque de popularité. Le chèque est proposé en format papier ou électronique. Le chèque papier refroidirait certains patrons horeca car il crée une contrainte administrative supplémentaire selon le président de la fédération horeca de Wallonie. Le remboursement des chèques au format papier se fait par virement bancaire après que le commerce a renvoyé les titres à l’émetteur. Normalement, il s’effectue toutes les quinzaines de chaque mois. Pour ce qui est de la version électronique, c’est quasiment instantané, les restaurateurs semblent privilégier cette option. Mais, invoque le directeur d'Edenred (l'une des trois entreprises qui se chargent de la production des chèques, à côté de Sodexo et Monizze), le papier rend ce chèque accessible à TOUS les commerçants: "C’est un mode de paiement universel. Il permet aux petits commerçants n’ayant pas de terminaux de paiement ou n’étant pas partenaires d’accepter la transaction et de se faire rembourser dans la foulée."

À lire aussi

Sélectionné pour vous