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Procès de Charlie Hebdo: le témoignage glaçant de Zarie, caissière à l'Hyper Cacher

Le procès de la prise d’otages de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes se poursuit aux assises de Paris. Zarie Sibony doit témoigner aujourd’hui. Elle raconte les heures les plus horribles de sa vie.

"C'était les quatre heures les plus horribles de toute ma vie". Zarie Sibony, une des deux caissières de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, viendra raconter ce mardi à la barre des assises de Paris la glaçante prise d'otages dont elle a réchappé il y a plus de cinq ans.

Zarie Sibony, 28 ans, est l'une des rares survivantes de confession juive à déposer au procès des attentats de janvier 2015.

Une "étape très importante" pour la jeune femme, qui veut y "représenter la voix" de François-Michel Saada, Philippe Braham, Yohan Cohen et Yoav Hattab, les quatre personnes décédées sous les balles du preneur d'otages jihadiste Amédy Coulibaly.

"Je me rappelle que moi je m’étais mise en tête que le but, c’était survivre, sortir d’ici vivante."

Elle décrit avec courage la prise d’otage: "Je me rappelle très bien le bruit des pas lourds du terroriste qui vient, qui se met en face de moi. Donc moi je suis assise par terre, lui il est debout, en face de moi avec ses armes. Il avait deux Kalachnikov, une dans chaque main. Et il m’a dit cette phrase, que je ne pourrai jamais oublier, il m’a dit: ‘Tu n’es pas encore morte toi, tu ne veux pas mourir.’ Et il a tiré. C’est en regardant à côté de moi et en voyant l’impact de la balle dans ma caisse que j’ai compris que clairement j’avais failli mourir..."

Longs cheveux noirs, grand sourire triste, Zarie Sibony ne peut réprimer ses larmes en évoquant les gémissements et les trois heures d'agonie de son collègue Yohan: "On entendait les gémissements de Yohan, qui était blessé et qui a beaucoup souffert. Il dit : ‘Vous voulez que je l’achève parce que ses bruits me dérangent?’ Donc à l’unanimité, on a tous dit ‘Non, non, laissez-le tranquille’. Et voilà, donc il est resté blessé énormément de temps et après je m’en suis peut-être voulue parce que je me suis dit que peut-être qu'on aurait dû mettre fin à ses souffrances, parce qu’il a peut-être pendant au moins trois heures et demi agonisé."

La jeune femme continue à vivre, mais le quotidien est compliqué: "Quand on est survivant, on est très bien placé pour savoir que la vie elle peut s’arrêter comme ça, donc le but c’est vraiment de vivre au jour-le-jour. (…) Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours dans la tête l’option que peut-être ça peut se reproduire, mais que cette fois-ci je n’en ressortirai pas vivante."

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