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Pascale Dubois: une femme de caractère, pur produit de la police, à la tête des CRS

Première femme nommée à la tête des CRS depuis la création de ce corps en 1944, Pascale Dubois est un pur produit de la police, une passionnée de sécurité publique, respectée et réputée pour son "caractère bien trempé".

Au 2e étage de l'immeuble Garance du ministère de l'Intérieur, près de la porte de Vincennes à Paris, Pascale Dubois parle d'une voix douce de son histoire, de son parcours. Une enfance dans le Nord, près de Maubeuge, dans une famille de six enfants, des études de droit - "je voulais devenir magistrate" -, une année de prépa mais, les circonstances ont fait qu'elle n'a pas pu passer le concours d'entrée.

"Je ne me voyais pas recommencer l'année suivante alors j'ai passé le concours d'inspecteur de police". Pourquoi la police? "Parce que j'aime l'ordre et la justice", répond-elle sans hésitation.

"J'ai coutume de dire qu'on peut entrer dans la police par hasard mais on n'y reste pas par hasard", ajoute cette femme menue, blonde aux yeux bleus de 59 ans qui a passé toute sa carrière professionnelle en région parisienne, dont neuf ans en Seine-Saint-Denis, quatre dans les Yvelines et quatre dans le Val-d'Oise.

Commissaire de police depuis 1995, elle s'est tournée vers la sécurité publique parce qu'elle "voulait être au cœur de la cité", avoir une "vision transversale" des problématiques, avec un "sentiment d'utilité". Tous ceux qui ont travaillé avec elle évoquent "une femme déterminée", au "caractère bien trempé", une "femme ouverte au dialogue social". "Je ne suis pas inquiet sur sa capacité à relever le défi d'être la première femme à diriger les CRS", résume auprès de l'AFP Ludovic Collignon, secrétaire départemental du syndicat Alliance dans le Val-d'Oise.

Pour cette mère de deux filles, "être une femme" dans le monde très masculin des CRS (387 femmes sur un effectif total de 11.000 fonctionnaires) "n'est pas un sujet". "Une femme montre certes davantage sa sensibilité, mais le regard porté sur nous a évolué favorablement. Au moment où les fonctionnaires ont besoin d'être écoutés, être une femme est plutôt une chance", dit-elle, en référence aux accusations de "violences policières" qui se sont multipliées ces derniers mois lors des manifestations des "gilets jaunes".

- Un "savoir-faire à faire savoir" -

"Le machisme existe bien sûr, mais au sein des CRS il y a le respect de la hiérarchie", poursuit-elle. Son atout: être policière, ce qui n'était pas le cas de son prédécesseur Philippe Klayman, ancien commando de marine et préfet. Et puis, Pascale Dubois connaît bien la maison CRS pour en avoir été pendant trois ans la numéro 2, même si selon plusieurs policiers interrogés par l'AFP, Philippe Klayman ne lui "laissait aucun espace".

David Le Bars, du syndicat des commissaires de police, ne se fait aucun souci pour elle. Il la décrit comme "une femme de caractère, au bon sens du terme". "Elle va sur le terrain. Elle a de l'autorité. Elle sait aussi taper du poing sur la table. Dans cette période pas facile, elle a toutes les clés pour réussir", ajoute-t-il.

"Elle est assez technique et travailleuse. Mais elle sait comment marche le dialogue social", estime un CRS du syndicat Unité SGP police. Pour lui, "le fait qu'elle soit une femme ne pose pas de problème aux CRS du moment qu'ils sont bien commandés. A elle de le démontrer".

Pour Jean-Paul Nacismento (Unsa, majoritaire chez les CRS), c'est une "femme de tempérament" qui "a une feuille de route et se donnera les moyens de parvenir à ses objectifs". Tous disent leur "respect" pour la patronne des CRS.

"Je suis consciente des attentes des autorités, des hommes et des femmes de cette direction. Le poids des responsabilités ne me fait pas peur et j'ai envie de donner le meilleur", dit-elle sobrement.

Pascale Dubois entend valoriser le métier de CRS. "Ils ont un savoir-faire et je veux le faire savoir", dit-elle en énumérant les missions de ces fonctionnaires: maintien de l'ordre, sécurisation de lieux, secours en montagne, secours sur les plages etc.

Mais certains policiers doutent de la capacité de Mme Dubois à faire bouger les CRS dont la moyenne d'âge est de 45 ans. "Ils font la loi. On mettrait à leur tête un manche à balai avec des galons dessus, ce serait pareil", dit l'un d'eux.

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