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Prof d'histoire décapité: ce que l'on sait de l'enquête

Un enseignant a été décapité en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine en région parisienne, sur le trajet entre son collège et son domicile vendredi après-midi et son agresseur, un Russe tchétchène, tué par la police.

Voilà ce que l'on sait de l'attaque.

Que s'est-il passé ?

A 17H11, les policiers de la brigade anticriminalité de Conflans-Sainte-Honorine sont appelés par les policiers municipaux d'Eragny-sur-Oise, en région parisienne, qui ont découvert le corps d'un homme décapité sur la voie publique, a relaté le procureur du parquet national antiterroriste (PNAT), Jean-François Ricard. Les faits se déroulent non loin du collège du Bois d'Aulne, situé à Conflans-Saint-Honorine, dans un quartier pavillonnaire sans histoires.

En arrivant, les policiers tentent d'interpeller un homme qui tire en leur direction "à cinq reprises" avec "une arme de poing", a poursuivi M. Ricard. Les policiers ripostent, l'agresseur succombe à "9 impacts". Il était armé d'un pistolet à billes de type Airsoft et d'un poignard. Selon M. Ricard, l'homme a tenté de se relever et de donner des coups de couteau aux policiers.

Des sources judiciaires ont affirmé que l'agresseur avait crié "Allah Akbar" avant que les policiers ne fassent feu.

Un second couteau ensanglanté, avec une lame de 35 cm, est découvert à une trentaine de mètres de la victime, a ajouté M. Ricard.

Qui est la victime ?

Samuel Paty, âgé de 47 ans et père de famille, enseignait l'histoire-géographie au collège du Bois d'Aulne.

Ce professeur avait récemment montré des caricatures de Mahomet à ses élèves de quatrième dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Certains parents s'en étaient émus, notamment sur les réseaux sociaux.

Le père d'une élève avait porté plainte le 8 octobre pour diffusion d'image pornographique (un dessin du prophète nu et accroupi, avec une étoile sur les fesses, ndlr). Le professeur avait en retour porté plainte pour diffamation.

Ce père avait dès le 7 octobre appelé sur Facebook à la mobilisation contre l'enseignant. Dans une vidéo du 12 octobre diffusée sur Youtube, le père de l'élève, accompagné sur la vidéo d'un homme très remonté, cible l'enseignant et fait témoigner sa fille.

"Apparemment, c'était un prof qui avait l'habitude de leur parler de l'islam, de caricatures et tout ça, ce n'était pas la première fois que mon fils rentrait et qu'il disait +le prof nous a parlé de cela aujourd'hui+", a raconté à l'AFP un parent d'élève.

Qui est l'agresseur ?

L'assaillant, Abdoullakh Anzorov, est un jeune Russe tchétchène de 18 ans, né à Moscou. Connu pour des antécédents de droit commun, il n'a jamais été condamné. Il n'était pas connu des services de renseignement pour radicalisation, selon plusieurs sources proches du dossier.

Il a obtenu le 4 mars 2020 un titre de séjour valable jusqu'en mars 2030. Il avait le statut de réfugié et habitait à Evreux en Normandie.

Ses voisins le présentent comme un jeune homme "discret", "plongé dans la religion" depuis trois ans, selon des témoignages recueillis par l'AFP.

Jean-François Ricard a expliqué que les enquêteurs avaient retrouvé dans son téléphone portable le texte de revendication envoyé sur Twitter. Ce texte avait été écrit à 12H17. Ils ont découvert aussi la photo de la tête de la victime envoyée à 16H57 sur Twitter. Cette photo était accompagnée d'un message adressé à Emmanuel Macron, "le dirigeant des infidèles", expliquant vouloir se venger de celui "qui a osé rabaisser Muhammad".

- Onze gardes à vue

Onze personnes étaient en garde à vue dimanche, dont les parents, le grand-père et le petit frère de l'assaillant, interpellés à Evreux.

Est également questionné, le père de l'élève qui a appelé à la mobilisation contre l'enseignant. Il a été interpellé à Chanteloup-les-Vignes. L'homme qui l'avait accompagné au collège pour se plaindre du professeur et avait interviewé sa fille dans une vidéo, le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, actif en France depuis le milieu des années 2000, ainsi que sa compagne, le sont également.

M. Ricard a souligné que le père de l'élève avait une demi-soeur, qui est partie en 2014 rejoindre l'organisation Etat islamique en Syrie et fait l'objet d'un mandat de recherche.

Le procureur n'a fait aucun lien entre ce père de famille, son entourage et l'assaillant.

Enfin, trois personnes ayant été en contact avec l'agresseur, qui se sont présentées spontanément au commissariat d'Evreux vendredi soir, sont aussi en garde à vue.

bur-mdh-sm-dar/pa/shu

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