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Livewire: c'est la première moto électrique de Harley Davidson, nous l'avons testée (vidéo)

La marque "Harley Davidson" ne va pas vraiment de pair avec le mot "silencieux" dans l’inconscient collectif. Et pourtant, avec sa "LiveWire", le motoriste américain met de côté son traditionnel moteur « V-Twin » et met le pied dans le voltage pour, peut-être, ne jamais en revenir. Au-delà de cette étonnante association, cette première – et unique – moto électrique issue d’une grande marque étonne par son efficacité.

Harley Davidson s’est mis en tête de produire un modèle électrique il y a quelques temps déjà. Le projet « LiveWire » est né il y a une petite dizaine d’année et a été présenté pour la première fois au public en 2014. La marque au "bar and shield" s’est ensuite plongée dans un développement plus poussé, pour finalement annoncer en 2018 la mise en production d’un modèle de série endéans les 18 mois. Nous voici en 2020, et la "LiveWire" a pris d’assaut les routes en toute quiétude.


Ceci est bel et bien une Harley Davidson
 
Il n’y a pas qu’au niveau de la motorisation que la moto tranche avec la production habituelle de la firme de Milwaukee. Au niveau du design tout d’abord : pas de « chopper » (ces motos avec un guidon placé haut et une fourche très longue) ou de "bobber" (à l’inverse, une moto raccourcie et débarrassée de nombreuses pièces pour améliorer ses performances) : c’est une silhouette plutôt sportive que présente la "LiveWire". La position des pieds légèrement en retrait, le guidon assez bas et un carénage en plastique imbriqué dans un châssis en aluminium ; il n’y a pas de doute, elle a été pensée pour la performance. Moto électrique et contemporaine oblige, c’est un écran tactile TFT très lumineux qui trône face au pilote, pour afficher les informations habituelles. Il peut être manœuvré avec les pouces à l’aide de joystick et bouton situés près des poignées pour plus de sécurité. Pour un meilleur équilibre de l’engin (249 kilos tout de même), le moteur est placé au plus bas du châssis, avec par-dessus l’énorme batterie de 15,5 kWh qui promet une autonomie minimale de 158km en ville, selon le constructeur.


 L’écran est très lisible en toutes circonstances. Il est possible de choisir quelles informations on veut afficher en priorité

Place à la route à présent ! L’allumage est très déconcertant pour qui n’a jamais utilisé un véhicule électrique. Transpondeur en poche, il suffit d’appuyer sur un bouton pour que la moto se mette en route. Et hormis un indicateur vert sur l’écran, rien n’indique que l’engin est prêt à filer ! Si, tout de même, un léger battement de la moto que seul le conducteur et son passager peuvent ressentir : une petite et subtile vibration, tel un battement de cœur, qui signifie que la moto est prête à avaler du bitume. Une fois quelques watts libérés à l’aide de la poignée « de gaz », nous voici partis au son d’un léger sifflement, lequel augmente à mesure que la vitesse augmente. C’est le parti pris par Harley Davidson pour donner du corps à son moteur potentiellement muet : une sorte de bruit de turbine, bien loin du traditionnel son « potato », mais qui ne laisse pas indifférents les badauds que nous avons croisés au fil des kilomètres parcourus. Nous avons présenté la moto à des motards adeptes de la vielle école Harley Davidson et ceux-ci ont été agréablement surpris par la moto. De là à leur faire troquer leur « V-Twin » pour une électrique ? L’un d’entre eux s’exclame : « hey les gars, si ça c’est l’avenir, gardons nos bécanes qui vont prendre de la valeur ! » Tout est dit.


Selon vos envies, et les conditions météorologiques, il vous est permis de choisir différents réglages qui adaptent le comportement de la moto, son couple et la récupération d’énergie (ville, éco, pluie et sport). Selon le mode choisi, c’est surtout au niveau du frein moteur que l’on constate la différence, celui-ci se montrant moins puissant en temps de pluie (pour éviter que la roue arrière ne lâche prise) et beaucoup plus sur le réglage sport. C’est sur ce réglage que la « LiveWire » dévoile tout son potentiel : elle peut théoriquement abattre le 0 à 100km/h en 3 secondes ! Un essai sur terrain privé nous a permis de le vivre, c’est décoiffant ! La moto est sensée grappiller quelques watts lorsque vous relâchez l’accélérateur en roue libre (si l’on puis dire, puisqu’il n’y a pas de position neutre car pas de boîte de vitesses) mais ne vous attendez pas à recharger la batterie en pleine route en adoptant une conduite éco. Il faudra d’office passer par la case recharge.


 À l’image de la police de caractère, c’est une moto sportive. Notez la présence d’un réservoir factice qui couvre la batterie

Et c’est là que le bât blesse. Comme encore trop souvent dans le domaine de la mobilité électrique, c’est long, diablement long ! Sur une prise murale classique de votre maison (avec la prise fournie, cachée sous la selle que l’on branche sur le réservoir factice), comptez au minimum 7 heures de recharge pour retrouver une batterie à 100% de sa capacité en partant de zéro, ou pas loin. A l’inverse, un test réalisé sur une borne de recharge rapide de type 3 sur une aire d’autoroute nous a permis de passer de 8% à 100% en 1 heure et sept minutes. C’est beaucoup plus acceptable, mais encore très loin des 3 minutes de plein d’essence qui permettent de retrouver une autonomie équivalente (158km environ) sur une moto classique. Notez que l’application HD Connect vous permet de connaître l’état de votre moto à distance, histoire de ne pas devoir rester aux alentours pour vérifier à quel moment vous pouvez partir.


 Il est possible de retrouver 80% de batterie en 40 minutes sur ce type de borne

Si l’on parle de la « LiveWire » aujourd’hui, c’est parce que Harley Davidson se lance sur un marché où l’on ne l’attendait pas, et qu’il le fait avec brio. Efficacité, design et sensations procurées font de cette moto une vraie réussite malgré les limitations de l’électrique et surtout de son prix élitiste. En effet, il faudra vous délester de quelques 34.000€ pour vous offrir ce jouet pour adultes qui présente certaines limites importantes face à des modèles à carburant éprouvés (comptez 7.700€ pour un premier prix chez Harley Davidson, à autonomie équivalente). Et puis il y a la concurrence qui fourbit ses armes. Si l’on ne trouve aucun équivalent chez les constructeurs classiques comme BMW, Yamaha ou Kawasaki (qui y travaillent tous les trois cependant), la société californienne Zero propose toute une gamme de modèles électriques dans des gammes de prix bien plus contenues depuis 2010. La SR/S, sortie également cette année, propose ainsi jusqu’à 320km d’autonomie en ville, et atteint les 100km/h en 3,2 secondes, pour un peu moins de 23.000€. Sans parler de leur modèle d’entrée de gamme moitié moins cher. Harley Davidson se démarque par la puissance de sa marque et sa démarche inattendue, ce qui pourrait peut-être dynamiter un marché de la moto électrique encore naissant, comme l’a fait Tesla à l’époque chez les voitures.

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