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Prothésiste ongulaire près de Verviers, Tuba s’inquiète du marché noir pendant le confinement: "Les clients ont pris de nouvelles habitudes"

Depuis le vendredi 27 novembre, beaucoup de personnes exerçant des professions de contact sont déçues. Elles ne comprennent pas les décisions du comité de concertation de ne pas leur permettre de reprendre leurs activités. C’est le cas de Tuba, prothésiste ongulaire en région verviétoise à Andrimont. Elle s'inquiète des non-professionnels qui travaillent au noir pendant le confinement.

"Pourquoi a-t-on pu ouvrir en mai et pas maintenant?" C’est la question qui taraude Tuba depuis le vendredi 27 novembre. Le comité de concertation a annoncé la réouverture des commerces non-essentiels, mais pas la reprise des métiers de contact. Tuba est prothésiste ongulaire à Andrimont en province de Liège. Elle ne peut donc pas redémarrer dans un milieu où la compétition est très forte à cause des personnes travaillant illégalement selon elle.

La jeune femme de 33 ans travaille à son compte depuis 2 ans. Elle s’est d’abord lancée en tant qu’indépendante complémentaire tout en restant employée en grande surface avant d’ouvrir son atelier chez elle. "J’ai suivi une formation. Comme c’est un métier non protégé, tout le monde y a accès et le seul moyen de se former est de suivre quelqu’un."

Cette non protection du métier pose un réel problème à Tuba. "La clientèle est très peu fidèle dans ce domaine. Le marché parallèle est énorme. Il suffit d’aller sur les réseaux sociaux pour avoir des offres de personnes non formées qui font ça totalement au noir" affirme-t-elle.

Ces offres existaient déjà bien avant la pandémie de coronavirus. En 2019 déjà, Tuba en avait fait les frais. Enceinte, elle avait pris un congé de maternité à la naissance de sa fille au mois de mai. "Ça a été très compliqué de récupérer ma clientèle qui avait pris de nouvelles habitudes. Ça s’est stabilisé en septembre 2019. Et quelques mois plus tard… coronavirus, on a dû fermer."

Je donne tout pour remonter la pente.

Tuba a pu profiter d’aides de l’Etat comme le droit passerelle. Un mois et demi plus tard, elle a pu rouvrir. "Il a fallu tout recommencer en mai. Refaire de la publicité. Mais les clientes avaient peur de venir. J’avais tout le temps des annulations. Il a fallu faire comprendre aux gens que l’hygiène de l’atelier était irréprochable."

En effet, avant même la crise sanitaire, Tuba ne recevait qu’une seule personne à la fois. "Je ne sais pas faire plusieurs clientes en même temps." Elle désinfectait son matériel constamment: "Autrement ça peut créer des problèmes de peau chez les clientes, mycoses ou autre." Elle portait également déjà un masque et des gants. "Les seules choses qui ont changé, c’est le plexiglas et le masque obligatoire pour les clients."

En septembre, le nombre de clients était à nouveau stable. "Mais le deuxième confinement nous étouffe. Ça va être très compliqué de s’en remettre. Les clientes ont pris l’habitude de ne plus venir. Faire ses ongles est un luxe qu’on ne s’offre pas toujours. Et d’autres ont pris l’habitude de faire venir des prothésistes ongulaires chez elles."

On achète au même prix qu’un particulier.

Ce marché illégal inquiète Tuba. D’une part, les produits dont elle dispose sont en vente libre au même prix pour les non professionnels, des magasins vendent des kits pour faire ses prothèses soi-même. "Des filles se forment sur Youtube et après se disent professionnelles. Mais sur Youtube je peux trouver une vidéo sur comment faire une abdominoplastie, ça veut pas dire que je suis prête à charcuter des gens." D’autre part, ces personnes vendent leurs services pour 15 euros, ce qui n’est pas le prix que propose Tuba. "Si on voit ces prix-là, c’est sûr et certain que c’est du black. Quand on a payé sa formation 180 euros, qu’on est indépendant avec des charges et qu’on a du bon matériel, c’est impossible de faire payer aussi peu."

Enfin, se rendre au domicile des clients pour faire des ongles est évidemment proscrit selon les règles sanitaires actuelles. Pourtant, bon nombre d’annonces seraient publiées quotidiennement sur les réseaux sociaux. "Il y a tellement de risque à faire venir quelqu’un chez soi. Ces personnes passent de foyer en foyer. Alors que dans mon atelier tout est désinfecté, aéré, et on risque nettement moins. Mais je ne peux pas ouvrir au risque de devoir payer une amende et me voir retirer ma licence."

Malgré ces explications, Tuba ne pourra pas reprendre ces activités avant une réévaluation des règles par le comité de concertation. Et si les activités illégales demeurent, elles peuvent être dénoncées, selon le ministère de l’intérieur.

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