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Insurrection à Washington: le Capitole sécurisé par l'armée, au moins quatre morts

Scènes inimaginables à Washington: des partisans de Donald Trump ont envahi mercredi le Capitole, temple de la démocratie américaine, interrompant la session qui devait confirmer la victoire de Joe Biden. Après une coupure de plusieurs heures, le Congrès a repris le processus de certification de la victoire du démocrate (elle a été validée vers 9h30 ce jeudi, heure belge). Le bilan est dramatique: quatre personnes (dont au moins une manifestante pro-Trump) sont mortes lors des affrontements avec la police.

Chaos à Washington, la capitale de l'un des pays où la sécurité et le respect de la loi sont quasiment une religion. Des milliers de manifestants pro-Trump ont fini par envahir le Capitole, où des Sénateurs étaient sur le point d'avaliser une nouvelle fois la victoire du démocrate Joe Biden, en rejetant les accusations républicaines de "trucage" des élections. C'est le résultat de plusieurs mois de communication populiste de Donald Trump. Battu au niveau des chiffres, il ne cesse de dire que c'est lui le vrai vainqueur, que les élections ont été manipulées, attisant la suspicion et la colère de ses millions de partisans. Ses plus grands fans étaient donc réunis à Washington, et la situation a dégénéré, d'abord devant le Capitole (affrontements avec la police, pas assez préparée), puis à l'intérieur. 

Quatre morts

Quatre personnes sont mortes au cours de la poussée de violence, selon les médias américains, dont Associated Press qui cite la police. Le décès d'une partisane du président sortant Donald Trump, blessée par balle, avait déjà été confirmé. Trois autres personnes ont aussi succombé à leurs blessures aux urgences, selon le chef de la police de Washington, Robert Contee. La police affirme que tant les forces de l'ordre que les sympathisants de Donald Trump ont utilisé des agents chimiques irritants durant l'occupation du Capitole avant que l'ordre y soit rétabli après plusieurs heures. Deux bombes artisanales ont en outre été retrouvées en deux lieux distincts, de même qu'un fusil et un cocktail Molotov dans un véhicule.


 
 
Des membres du staff du Capitole lèvent les mains face aux forces spéciales, lorsqu'elles reprennent le contrôle

Que s'est-il passé ?

Des partisans de Donald Trump ont envahi mercredi le Capitole, temple de la démocratie américaine, interrompant la session qui devait confirmer la victoire de Joe Biden. Les images prises de l'intérieur du majestueux bâtiment situé au coeur de la capitale fédérale américaine marqueront l'Histoire: élus portant des masques à gaz, agents de la police en civil arme au poing (voir le résumé de la journée). 


Un supporter de Donald Trump dans le bureau de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants

Elles resteront à jamais associées à la fin de mandat tumultueux de Donald Trump, qui apparaît désormais extrêmement isolé dans son propre camp. Depuis des mois, il refuse d'accepter sa défaite et souffle sur les braises de la division en brandissant des théories du complot. Mercredi, vers midi, un dernier discours mettait le feu aux poudres. Donald Trump arrive sur scène et prononce un long discours très virulent, sous un ciel chargé de lourds nuages. "Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais", lance-t-il. "Nous ne reprendrons jamais notre pays en étant faibles. (...) Vous devez être forts. Je sais que tout le monde ici marchera bientôt vers le Capitole, pour pacifiquement, patriotiquement faire entre vos voix", ajoute Donald Trump. Avant que les débats ne sombrent dans la confusion, Mike Pence avait bien commencé à présider la session conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui doit officialiser le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden contre 232 pour Donald Trump.


 Plus tôt dans la journée, des milliers de manifestants pro-Trump rassemblés à Washington

Biden choqué, Trump continue

Lors d'une allocution au ton grave, Joe Biden, qui s'installera à la Maison Blanche le 20 janvier, a dénoncé une attaque "sans précédent" contre la démocratie américaine. Il a appelé Donald Trump à s'exprimer "immédiatement" à la télévision pour réclamer "la fin du siège" du Capitole et de cette "insurrection".

En guise d'allocution solennelle, le président américain s'est contenté de quelques tweets et d'une brève vidéo dans laquelle il a demandé à ses partisans de se tenir à l'écart de la violence et de "rentrer chez eux". "Je vous aime (...). Je comprends votre douleur", a-t-il cependant ajouté, évoquant une nouvelle fois une élection "volée".

Facebook et Twitter bloquent Trump

La vidéo a été retirée peu après par Facebook qui a jugé qu'elle "contribuait aux risques de violence". Le réseau social a par la même occasion décidé de bloquer le président américain pendant 24 heures. De son côté, Twitter a également supprimé la vidéo, a bloqué le compte @realDonaldTrump pour douze heures et l'a menacé de suspension permanente, des mesures sans précédent.

Indignation à travers le monde

Berlin a appelé les pro-Trump à "cesser de piétiner la démocratie". Londres dénonce des "scènes honteuses". Le président français Emmanuel Macron a appelé à ne rien céder face à "la violence de quelques-uns" contre les démocraties.

Intervention remarquée: le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé des "scènes choquantes", martelant que le résultat de cette élection démocratique devait être "respecté".

Selon la US Capitol Historical Society, c'est la première fois que le Capitole a été envahi depuis que le bâtiment avait été incendié par les troupes britanniques en 1814.

Dans un geste extraordinaire qui restera probablement dans les livres d'histoire, Donald Trump avait choisi de défier le Congrès en réunissant des dizaines de milliers de ses supporteurs à Washington.



Trump perd des alliés

Certains élus républicains avaient émis des objections aux résultats de l'élection dans certains Etats, mais plusieurs d'entre eux ont indiqué, après les incidents violents, qu'ils ne s'associaient plus à la démarche.

Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a martelé à la reprise que le Congrès ne se laisserait pas "intimider".

Le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche allié de Donald Trump, a de son côté annoncé qu'il cessait d'emboîter le pas du président. "Ne comptez plus sur moi. Trop c'est trop", a-t-il dit.

Et, selon certains médias américains, des ministres du milliardaire républicain ont discuté de la possibilité d'invoquer le 25ème amendement de la Constitution, qui autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président "inapte" à exercer ses fonctions.

Le Sénat est démocrate, le Congrès valide la victoire de Biden

Les violents incidents sont intervenus au lendemain de deux élections partielles en Géorgie remportées par les démocrates, qui ont ainsi repris le contrôle du Sénat aux républicains. Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l'Histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud traditionnellement conservateur. Et Jon Ossoff a remporté la deuxième sénatoriale cruciale en Géorgie. À 33 ans, il va devenir le plus jeune sénateur démocrate depuis... Joe Biden en 1973.

Les démocrates auront 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la Constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aura le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.

Vers 9h30 ce jeudi, le Congrès a officialisé la victoire de Joe Biden à la présidentielle, dernière étape avant son investiture le 20 janvier. Le vice-président républicain Mike Pence a certifié le vote de 306 grands électeurs en faveur du démocrate contre 232 à Donald Trump, à l'issue d'une séance des deux chambres interrompue par l'intrusion de partisans du président sortant qui ont semé le chaos dans le Capitole.


 Dans la nuit de mercredi à jeudi (heures belges), le Sénat a repris ses débats

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