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François De Smet, président de DéFI, voit dans l'insurrection à Washington "les prémisses du fascisme"

Lors de son passage ce jeudi matin dans l'invité de 7h50, François De Smet, le président de DéFI, cuisiné par notre journaliste politique Fabrice Grosfilley, a évoqué la crise à Washington et il n'a pas mâché ses mots.

"Ce n'est pas un coup d'état parce qu'il aurait fallu que cela soit mieux organisé, mais c'est une attaque contre la démocratie et ses symboles, et j'oserais même dire que c'est une attaque de nature fasciste contre le symbole de la démocratie qui est le Congrès américain", a-t-il introduit.

Et de développer son point de vue: "A partir du moment où vous avez un appel à la violence - en plus professé par le président en exercice- et où vous avez l'occupation d'un lieu démocratique pour l'empêcher de travailler et dans ce cas-ci, de certifier une élection et dès le moment, où vous avez l'idée que le peuple ne serait pas le corps électoral et que ce serait une foule en colère, oui vous êtes dans quelques chose qui est aux prémisses du fascisme. Je pense que les Etats-Unis s'en remettront. Cela aurait pu donner lieu à un coup d'état dans d'autres endroits, mais la démocratie des Etats-Unis est solide."

"Notre tort d'Européens serait de prendre Trump comme une parenthèse qui se referme"

Selon François De Smet, il serait illusoire de croire qu'avec le départ de Trump, les choses vont changer.

"On est peut-être au début de quelque chose et notre tort d'Européens, ce serait de prendre Trump comme une parenthèse qui se referme. Je crois qu'on est parti pour une longue période d'instabilité et d'attaques autoritaires de vagues populistes", pense François De Smet.

Et l'invité politique de rappeler les circonstances dans lesquelles les présidentielles américaines ont eu lieu: "Trump a fait plus de 4 millions de voix supplémentaires en plus qu'en 2016. Il y a des gens qui vivent dans une bulle, il y a l'effet des réseaux sociaux. Ils sont sincèrement convaincus et chauffés à blanc pour beaucoup que cette élection a été volée et c'est la traduction américaine d'un phénomène qu'on voit dans toutes les démocraties qui commencent à être un peu fatiguées, qu'il y a cette envie - qu'une partie des gens partagent malheureusement- d'hommes forts, de discours simplistes, de désignation d'adversaires, que ce soient les étrangers,
les riches, etc... C'est très effrayant."

"Cela prouve qu'il y a une envie d'autoritarisme un peu partout"

Pourquoi peut-on caractériser cette attaque du Capitole américain de fasciste? A cette question, François De Smet qui est aussi philosophe, étend la question autour de l'espérance de vie des régimes démocratiques et de leur supposition qu'ils seraient éternels quand ils ont été établis. 

"Vous avez vu les drapeaux des confédérés flotter au milieu du Congrès américain. Il ne faut pas se méprendre: le fascisme, ce n'est pas seulement son aboutissement, tel qu'on l'a connu dans des camps de concentration. Non, cela commence comme cela, par l'institutionnalisation de la violence, cela commence par la victoire des discours simplistes, cela commence par désigner des boucs-émissaires. Ce n'est pas pour cela que l'Histoire va se répéter. Notamment, parce que les institutions sont solides et paradoxalement, ce que montre la démocratie américaine aujourd'hui et ce qu'elle a montré pendant les 4 ans du mandat de Donald Trump, c'est qu'il n'était pas tout seul, qu'il y avait un système de "check et balance" et qu'il n'avait pas les pleins pouvoirs. Mais aujourd'hui, cela prouve qu'il y a une envie d'autoritarisme un peu partout et que nos régimes démocratiques qui existent aujourd'hui -qui ont en moyenne 75 ans- toutes les sociétés qui nous ont précédés ont cru que leurs régimes seraient éternels, pourquoi, nous, aurions-nous davantage raison? La démocratie, c'est fragile aux Etats-Unis, comme ailleurs."

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