Accueil Actu

Manifestation pour Ibrahima: une longue liste d’éléments contre la police selon l’avocat de la famille

Ibrahima B., le jeune de 23 ans décédé samedi soir à la suite de son arrestation, est mort d'un arrêt cardiaque, selon les premiers éléments communiqués oralement à la famille, a indiqué mercredi en fin de journée Me Alexis Deswaef, qui la représente avec Me Guerric Goubau, à l'issue de la manifestation pour dénoncer le rôle de la police. Le rapport d'autopsie et les résultats des analyses toxicologiques n'ont pas encore été communiqués.

"Une anomalie cardiaque qui ne peut pas expliquer à elle seule la cause de la mort"

"On a dit à la famille que l'autopsie avait révélé une anomalie cardiaque et qu'il avait fait une crise cardiaque, mais on a aussi appris qu'il y aurait écrit dans le rapport d'autopsie que l'anomalie cardiaque ne peut pas expliquer à elle seule la cause de la mort", détaille Me Deswaef. "On devra encore questionner le légiste. Il a couru pour échapper au contrôle, mais c'était un joueur de foot de bon niveau".

"Pour couvrir des collègues, on va transmettre des fausses informations à la presse"

Des médias ont relayé une allégation selon laquelle Ibrahima B. aurait ingéré de la drogue, ce qui expliquerait son malaise. Alexis Deswaef avance que leur source doit être issue des rangs policiers. D'après les premiers éléments dont il dispose, les examens toxicologiques n'auraient pas révélé la présence de drogue et l'autopsie n'aurait pas non plus permis de trouver des traces dans l'estomac d'une ingestion récente de stupéfiants. "C'est du 'victim blaming'", clame l'avocat. "Pour couvrir des collègues, on va transmettre des fausses informations à la presse pour noircir la victime".

Me Deswaef précise que les images de vidéosurveillance ne montrent pas de violence, d'après les premiers éléments transmis. "La famille a vu des hématomes sur le corps à la morgue et avait l'impression qu'il pouvait s'agir de traces de coups, mais rien ne permet encore de dire à ce stade qu'ils ne sont pas liés à l'autopsie ou à la réanimation", concède-t-il encore.

"Un problème de racisme structurel à la police"

Le jeune homme s'est senti mal dans la salle de fouille, s'est assis et s'est évanoui. Me Deswaef accuse par contre ici des policiers de l'avoir laissé au sol de 5 à 7 minutes, toujours selon les premiers éléments en sa possession.

Ibrahima B. est né en Guinée et avait obtenu la nationalité belge. "Son frère a demandé au procureur du roi si ça s'est passé comme cela parce qu'il est noir et d'origine étrangère", raconte Me Deswaef. "Moi, je pense que ce ne serait pas arrivé avec mon fils. Il y a un problème de racisme structurel à la police, ce qui ne veut pas dire que l'ensemble de la police est raciste, mais que des mécanismes font qu'un Ibrahima B. ne sera pas traité de la même manière qu'un Cédric des beaux quartiers".

"Un citoyen qui exerce son droit de filmer la police et des policiers qui réagissent de manière agressive"

Il met la légalité du contrôle d'Ibrahima B. en question. Il assure que plusieurs éléments du dossier attestent déjà qu'il filmait la police, qui intervenait près de la gare du Nord dans un groupe, dont Ibrahima B. ne faisait pas partie. "On a un citoyen qui exerce son droit de filmer la police et des policiers qui réagissent de manière mécontente et agressive", estime Alexis Deswaef.

"S'il a sorti son GSM pour filmer en passant c'est peut-être que le contrôle ne se passait pas de manière optimale. L'enquête le déterminera. En tout cas, il était extérieur à la scène et des policiers ont voulu le contrôler parce qu'il filmait. Après, il prend peur et s'enfuit. Mais en disant qu'il a été interpellé parce qu'il s'est enfuit, on oublie qu'il n'aurait pas dû être contrôlé. Je comprends aussi que certains jeunes s'enfuient à la vue de la police et que mes enfants ne s'enfuient pas".

À lire aussi

Sélectionné pour vous