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Personnes âgées mortes peu de temps après avoir été vaccinées en Norvège: pas de lien entre décès et vaccin

En Norvège, les analyses des décès n'ont finalement pas montré de lien direct évident entre le vaccin et ces morts considérées comme suspectes depuis une semaine. Chez nous, selon les dernières statistiques disponibles, le nombre de personnes décédées peu de temps après avoir reçu le vaccin de Pfizer/BioNTech en Belgique est de... zéro ou un : une personne décédée le 14 janvier pour laquelle une autopsie a été demandée. De plus, seules 10 personnes ont souffert d’effets secondaires, dont un seule de grave, en Belgique, sur les près de 35.000 premières doses administrées.

En Norvège, l'Agence des médicaments a annoncé la semaine dernière avoir recensé 23 décès survenus suite à l’administration du vaccin Pfizer/BioNTech dans le pays, sur les quelque 34.000 doses déjà administrées. Ces patients avaient tous plus de 75 ans et qui présentaient des comorbidités importantes.

Treize de ces décès ont été analysés et "les rapports pourraient indiquer que les effets secondaires courants des vaccins à ARN messager, tels que la fièvre et les nausées, ont pu entraîner la mort de certains patients fragiles", déclarait alors le médecin en chef de l'Agence norvégienne du médicament, Sigurd Hortemo, cité par Norway Today.

Pas de lien direct évident entre le vaccin et ces décès

Depuis, les analyses détaillées sont tombées et "tous ces patients avaient des maladies sous-jacentes graves", a expliqué ce lundi Steinar Madsen, le directeur médical de l’Agence norvégienne des médicaments. Ces analyses ne montrent pas de lien direct entre le vaccin et ces décès. "Nous ne pouvons pas dire que des gens meurent du vaccin. On peut dire que cela peut être une coïncidence. Il est difficile de prouver que c’est le vaccin qui en est la cause directe", a-t-il détaillé.

Par prudence, l'Institut norvégien de santé publique avait tout de même recommandé une évaluation approfondie des avantages et inconvénients de la vaccination chez les personnes les plus fragiles ou en fin de vie. "Pour ceux qui ont de toute façon une durée de vie restante très courte, le bénéfice du vaccin peut être marginal ou sans importance", estimait l'Institut.

Des décès qui ne sont pas alarmants

"Nous ne sommes pas alarmés par cela. Il est tout à fait clair que ces vaccins présentent très peu de risques, à l'exception minime des patients les plus fragiles", avait déjà rassuré Steinar Madsen jeudi à la radiotélévision publique NRK. Pfizer et BioNTech ont collaboré avec les autorités norvégiennes pour enquêter sur ces décès, mais dans un communiqué cité par Bloomberg, Pfizer assurait également que "le nombre d'incidents n'est pas alarmant". En effet, les données américaines sur le vaccin, où plus de 14 millions de doses ont déjà été administrées, ne correspondaient pas du tout à un nombre de décès suspects aussi élevé qu'annoncé par la Norvège la semaine dernière.

Décéder peu de temps après le vaccin n'implique pas qu'il est en cause

En fait, il est très important de comprendre que tous les décès survenus après l’administration du vaccin ne sont pas forcément consécutifs aux effets secondaires rares de celui-ci. Le meilleur exemple est survenu pendant la phase 3 des essais cliniques du vaccin Pfizer/BioNTech. Ils avaient alors recensé 6 décès dans les jours qui suivent la vaccination sur les 43.500 participants à l’étude. Mais 4 de ces 6 personnes avaient reçu un placebo. La proximité dans le temps d’un décès avec l’administration du vaccin ne veut donc pas forcément dire que c’est le vaccin ou ses éventuels effets secondaires rares qui ont causé la mort.

"Une personne très âgée va statistiquement encourir plus de risques de mourir", explique tout simplement Sabine Stordeur, responsable de la stratégie de vaccination belge et co-responsable de la Task Force Vaccination. Mais oui, on ne peut pas nier que les effets secondaires connus du vaccin peuvent avoir logiquement des conséquences sur "les personnes de plus de 80 ans avec un état de santé fragile qui ont déjà des comorbidités importantes. Chez ces personnes-là, les rares effets secondaires du vaccin, comme faire de la température, vomir ou avoir leur tension artérielle qui augmente, peuvent être amplifiés, se compliquer, voire entrainer un décès", explique-t-elle.

Et en Belgique ? Peut-être un décès sur plus de 35.000

Chez nous, sur 34.979 doses administrées jusqu’au 12 janvier, aucun décès suspect n’avait alors été enregistré selon le dernier rapport de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS). Seules 10 personnes ont connu des effets secondaires, dont une seule des graves. Elle a subi des vertiges suivis d'une augmentation de la tension artérielle, de contractions des muscles des voies respiratoires avec réduction des niveaux d'oxygène dans le sang et de douleurs thoraciques. Ces effets secondaires sont apparus dans les 15 minutes suivant la vaccination. Une prise en charge et une surveillance médicales ont été nécessaires, détaille l'Agence.

Mais le 14 janvier, "l'AFMPS a été informée du décès d'une personne de 82 ans présentant des problèmes de santé, cinq jours après la vaccination. Ce cas fera l'objet d'une enquête plus approfondie afin de déterminer s'il existe un lien de cause à effet entre la vaccination et le décès. Il a entre autres été décidé de procéder à une autopsie", précise encore le site de l’Agence.

"Si vous calculez, il n’y a pas de surmortalité liée à la vaccination actuellement, contrairement à la surmortalité liée au Covid, qui est là très statistiquement significative. Ici pour l’instant, le nombre de cas survenus dans les jours suivant l’administration du vaccin n’est pas significatif par rapport au groupe d’âge", rassure Mme Stordeur.

Comment on suit l’évolution de ces données en Belgique ?

Chez nous, il existe deux systèmes d’enregistrement. Il y a d’abord vaccinnet.be, qui permet au personnel médical qui administre les vaccins d’encoder les effets secondaires constatés dans les 15 minutes suivant l’administration. Il y a ensuite l’Agence fédérale des médicaments qui reçoit les données des médecins traitants concernant tout effet secondaire survenu après ces 15 premières minutes. Enfin, c’est Sciensano, l'Institut scientifique de santé publique, qui compilera les deux bases de données pour bientôt proposer sur son site tous les chiffres liés à la vaccination en Belgique, y compris les effets secondaires légers comme graves.

Quant au niveau supérieur à la Belgique, le premier rapport de sécurité européen sur le vaccin Pfizer-BioNTech doit être publié fin janvier.

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