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"On se sent abandonnés": des étudiants manifestent à travers la France

"Un an que je suis seul face à moi-même": des centaines d'étudiants sont descendus dans la rue mercredi à travers la France pour dénoncer les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur leur existence quotidienne.

A Paris, Strasbourg, Lille, Toulouse ou encore Rennes, cette journée de mobilisation visait à "défendre les conditions de vie et d'études des étudiants", a indiqué à l'AFP Mélanie Luce, la présidente de l'Unef, à son origine avec d'autres organisations politiques et syndicales de gauche (UNL, Solidaires étudiants, les jeunes communistes, les jeunes insoumis, les jeunes écologistes...)

Privés depuis plus de deux mois de cours en "présentiel", contrairement aux élèves des lycées, des classes prépa ou des BTS, de nombreux étudiants éprouvent un sentiment d'injustice.

A Paris, devant le CROUS de Port-Royal, un cortège de quelques centaines de manifestants a rejoint dans le calme le ministère de l'Enseignement supérieur en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Présentiel, produit essentiel" ou encore "Politique incompétente, jeunesse agonisante", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Ça m'a fait réagir de voir des étudiants qui avaient envie de se suicider. Pour la première fois de ma vie, j'ai moi-même pensé à ma propre mort il y a quelques semaines", témoigne à l'AFP Titouan, en deuxième année de philosophie à la Sorbonne, évoquant un "trop plein d'isolement" et "une perte de sens".

Devant les bâtiments de l'université de Rennes 2, où quelques 250 étudiants se sont rassemblés, Josselin 21 ans est lui aussi venu dire son "désespoir face à la solitude". "C'est dur, ça fait un an que je suis tout seul face à moi-même dans mon 18 m2. Aujourd'hui j'ai reçu mon premier cours en PDF et +débrouillez vous avec ça+. Il y a des profs qui ne font même plus l'effort de faire des visios".

La semaine dernière, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que les étudiants de première année à l'université pourraient reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier.

Cette mesure s'étendra ensuite, "si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux", a-t-il ajouté, sans donner de date.

Le président Emmanuel Macron se rendra lui jeudi à l'université de Paris Saclay. En marge d'une visite sur le thème de la recherche en physique quantique, il doit rencontrer des étudiants et "pourrait annoncer de nouvelles mesures d'accompagnement", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale.

- Abandonnés -

"On demande de réelles aides, une réouverture des facultés en petits groupes avec un protocole sanitaire strict, des psychologues et psychiatres pour suivre les étudiants - actuellement, il n'y a qu'un psy pour 30.000 étudiants en France, c'est beaucoup trop peu alors que la demande ne cesse d'augmenter… On se sent abandonnés", a listé une des manifestantes de Lille, Alexandra Mouton, 22 ans, étudiante en Master 1 de sciences politiques.

Plusieurs études récentes ont mesuré une montée du mal-être étudiant. Ces dernières semaines, plusieurs suicides ou tentatives ont été recensés.

Cette mobilisation, après des mois de malaise diffus, a pris corps avec l'apparition depuis plusieurs jours du mot dièse "#etudiantsfantomes" sur les réseaux sociaux.

"Obtenir mon diplôme par Teams, c'est pas mon idée première... visio jour 467646743654 #etudiantsfantomes", peut-on lire par exemple sur Twitter. Ou encore: "Ce matin je découvre que mon prof ne fera pas cours du semestre ET que c'est à nous étudiants de trouver le cours sur internet... #etudiantsfantomes".

Le gouvernement a exprimé sa "préoccupation" face au "profond sentiment d'isolement" des étudiants et annoncé un renfort de psychologues et d'assistants sociaux. Un chèque de soutien psychologique, qui consiste à financer des consultations chez un psychologue de ville pour les étudiants en difficulté, devrait aussi voir le jour.

Des annonces toutefois insuffisantes aux yeux des syndicats. "On a l'impression que le gouvernement ne prend pas la mesure de la situation", déplore Mélanie Luce.

L'Unef a chiffré son "plan d'urgence" pour les étudiants à 1,5 milliard d'euros et réclame notamment une hausse immédiate des bourses et des aides au logement.

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