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Mondial de hand: l'Islande, petit pays, grands techniciens

Au Mondial de handball, l'Islande est au rendez-vous des grandes nations, comme la France vendredi, depuis des décennies et malgré son petit vivier de 360.000 habitants. Mais elle exporte aussi désormais ses entraîneurs, à la tête de quatre sélections en Egypte.

"Une petite nation avec un grand cœur." C'est ainsi que le gardien Björgvin Gustavsson, vice-champion olympique à Pékin en 2008, résume pour l'AFP l'exploit permanent réussi par l'île nordique, capable de rivaliser avec les meilleures sélections avec autant d'habitants que les Vosges ou la Charente.

Déjà sixième au championnat du monde de 1961, comme ensuite en 1986 et 2011, cinquième au Mondial 1997, son meilleur classement, troisième à l'Euro 2010, l'Islande a écrit l'histoire à Pékin en devenant la plus petite nation médaillée d'un sport collectif.

Au Caire, les "Strákarnir okkar" ("nos garçons") défendent leurs chances sans leur star Aron Palmarsson (Barcelone), blessé, et avec une équipe rajeunie à l'image d'Ellidi Vidarsson, 22 ans.

"Nous avons trois joueurs ici avec nous qui jouent en Islande. Le reste joue dans le monde entier", souligne le pivot de Gummersbach (2e division allemande) pour l'AFP. En Allemagne principalement, au Danemark, en Suède, en Norvège mais aussi en Espagne (Palmarsson) ou en France (Kristjan Krisjansson à Aix-en-Provence), "tout le monde adore les joueurs islandais", s'enorgueillit Vidarsson.

Qui manque un peu de centimètres (192) et de kilos (88) pour un pivot, mais les Islandais ont appris à compenser. "Nous avons un nombre limités de joueurs de grande taille et nous devons faire avec ces joueurs qui arrivent des catégories jeunes", explique Halldor Johann Sigfusson, l'actuel sélectionneur du Bahreïn, dans un entretien à l'AFP. "C'est pourquoi nous avons commencé à défendre en 6-0 de manière agressive: nous n'avons pas la taille, nous ne pouvons pas rester aux 7 m et bloquer les tirs, mais nous avons des gars rapides."

- "Éthique de travail" -

Le secret des îliens, c'est "l'éthique de travail", estime Gustavsson. "Enfants, nous nous entraînons presque tous les jours", souligne le demi-centre Elvar Jonsson. "Nous sommes de gros bosseurs avec une longue tradition de handball, probablement une bonne connaissance de ce sport", confirme Gudmundur Gudmundsson, 60 ans, champion olympique avec le Danemark en 2016.

L'actuel sélectionneur de l'Islande est le plus connu de tout un bataillon de techniciens devenus très prisés à l'étranger. "Leur recette, c'est de trouver l'information, ne pas faire preuve d'arrogance et toujours chercher à apprendre", estime Gustavsson.

En Egypte, outre Gudmundsson et Sigfusson, il y a Alfred Gislasson, qui entraîne l'Allemagne après avoir dirigé Kiel pendant une décennie, et Dagur Sigurdsson, qui vient de réaliser la prouesse d'accrocher la Croatie avec le Japon (29-29).

- Un match Espagne - Islande -

Quatre sélectionneurs en Egypte: seule l'Espagne fait aussi bien avec Valero Rivera (Qatar), Roberto Garcia Parrondo (Egypte), Jordi Ribera (Espagne) et Manuel Cadenas (Argentine), que Sigfusson croise au Gezira Palace où leurs équipes sont logées. "Il apprécie le handball islandais et j'apprécie le handball espagnol, donc c'est un accord mutuel!"

Après Gudmundsson et Aron Kristjansson, Sigfusson est déjà le troisième sélectionneur islandais du Bahreïn, qui a logiquement adopté le "système islandais" qui a fait triompher le Danemark de Gudmundsson à Rio. "La défense est la même, adaptée en fonction de l'adversaire", souligne le coach âgé de 42 ans, ancien international et maintenant entraîneur de Selfoss, dans le sud de l'île.

Son club, qui a remporté son premier titre en 2019 dans un championnat encore amateur, est "un des meilleurs centres de formations en Europe", estime Sigfusson qui est l'un des rares salariés.

Auparavant, l'entraîneur amateur cumulait sa passion avec un emploi de policier, et travaillait jusqu'à 14 ou 16 heures par jour, estime-t-il. "Mes parents ont commencé à travailler dans le secteur de la pêche dès 12, 13 ans", raconte-t-il pour illustrer la discipline et le côté dur au mal des Nordiques. Les Français vont y goûter vendredi.

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