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Tartas, dans les Landes, une nouvelle fois sous l'eau de la Midouze

Entre lassitude et résilience, les habitants de Tartas (Landes) ont chaussé mardi matin une nouvelle fois les bottes. En un mois, le bas de la commune s'est réveillé deux fois les pieds dans l'eau. En un an, la Midouze est sortie de son lit cinq fois, dont trois avec une intensité exceptionnelle.

Sur la place de la mairie, des artisans tentent en hâte de caler des sacs de sable et des planches devant deux commerces, avec du béton mélangé à du plâtre pour un séchage rapide. Mélissa, 31 ans, habite à côté. "C’est Venise! Hier soir, c’était sec. Ce matin, on ne passe pas sans les bottes. Je sortais faire un footing. Mais c’est un paddle qu’il me faudrait!".

Dans la rue Saint-Vincent, entre l’hôtel de ville et les Allées marines qui bordent la rivière la Midouze, largement sortie de son lit avec ses 3,50 m de crue, Jean-Paul Gabarra, 60 ans, sort ses chiens. Sous le blouson, il a enfilé bottes et néoprène. La tenue est étanche jusqu’au buste : "Je loge au premier étage. Donc pas dégâts chez moi. Mais pour sortir, les chiens doivent nager et moi, je ne passe pas sans les bottes".

La situation était la même il y a tout juste un mois : "Je suis resté quatre jours sans électricité, donc sans chauffage, sans plaque de cuisson, ni eau chaude, ni musique ni télé", dit-il, "j’ai trouvé ça long. Cette fois je me suis équipé. J’ai une radio à pile et une lampe à gaz".

Il a déjà deux voisins qui ont déménagé : "Les gens sont énervés. Ils avaient à peine fini de nettoyer la précédente inondation que c’est reparti. Moi aussi, je vais regarder si je ne peux pas trouver ailleurs."

- "J'en peux plus" -

A l’angle de la rue du Chanoine-Bordes, Michel Maisonnave, 84 ans, habite au rez-de-chaussée. "On se remet tout juste de la fois précédente. Et voilà qu’on remet ça. J’en peux plus. La dernière fois, j’étais allé chez ma nièce. Cette fois, la mairie m’a réservé une chambre d’hôte. Je me sens rassuré".

Ca et là, des passants enjambent précautionneusement des petits bras d'eau. Des passerelles ont été installées pour servir des maisons. Une femme porte son enfant, avec la poussette.

Si le soleil inonde pour quelques heures la place de ce village d'un peu plus de 3.000 habitants, de nouvelles précipitations abondantes sont annoncées dans les 48 heures.

Patrick Duprat, la soixantaine, habite Tartas depuis sa naissance : "Habituellement c'était une fois tous les 6-7 ans. Moi, en 40 ans, je n'ai jamais vu ça. Il est tombé beaucoup de pluie ici mais je crois qu'en France en général aussi, tous les cours d'eau sont saturés, toutes les nappes phréatiques débordent. Mais c'est vrai que je n'ai jamais vu ça, 4 fois de suite en quelques mois, c'est incroyable !"

Pour le maire Jean-François Broquères, "Tartas est au bord de la rivière, on vit avec cette rivière, on sait qu'elle est capricieuse. Le paradoxe, c'est qu'il pleut beaucoup alors que nos étés sont très chauds, on reste parfois pendant deux ou trois mois sans précipitations. On a l'impression d'un phénomène de surcompensation, mais ça produit des effets qui ne sont pas agréables et qui pèsent beaucoup sur le moral des gens."

"La difficulté est de savoir si nous sommes face à une succession inhabituelle d’événements exceptionnels comme il s’en produit en général tous les trente ans, ou si le dérèglement climatique nous impose une situation qui pourrait devenir récurrente. Aujourd’hui on ne peut pas le savoir".

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