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Coronavirus en Europe: la plupart des pays sont POUR un passeport vaccinal pour voyager

Réclamé par le monde économique, décrié par certains comme une atteinte aux libertés, l'idée d'un "passeport vaccinal" ressurgit, même si beaucoup de scientifiques le jugent prématuré au vu des connaissances sur les vaccins contre le Covid-19. Plusieurs pays européens ont d'ailleurs annoncé le lancement d'un passeport de vaccination contre le Covid-19, mais l'idée d'un tel laissez-passer divise au sein de l'UE. Les pays touristiques, sans surprise, plaident pour. Mais certains pays comme la Belgique sont, à ce stade, contre.

POUR : Grèce, Espagne et Italie

La Grèce, soucieuse de sauver son industrie touristique, a soumis en janvier une proposition à la Commission européenne pour la mise en place d'un "certificat de vaccination" européen afin de faciliter les voyages au sein de l'UE. Ce pays a par ailleurs conclu lundi avec Israël (pays au plus haut taux de vaccination) un accord permettant à leurs citoyens respectifs ayant été vaccinés de voyager sans restriction dans ces deux pays.

Au niveau de l'UE, des discussions sont en cours entre les 27 sur des normes communes pour une reconnaissance mutuelle de certificats vaccinaux. Mais il n'y a pas de position commune à ce stade sur les droits qu'ils pourraient ouvrir.

L'Espagne n'a pas encore lancé de passeport mais les autorités y sont également favorables: ce peut être "un élément très important pour garantir le retour à la mobilité en toute sécurité", estime la ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya.

Idem en Italie où le haut-commissaire du gouvernement en charge de la gestion de la crise sanitaire, Domenico Arcuri, jugeait mi-janvier que ce passeport n'était "pas une mauvaise idée" pour "permettre le retour au plus vite à une activité normale".

DÉJÀ LANCÉ : Suède, Danemark, Islande et Estonie

Suède et Danemark ont annoncé la mise en place de certificats électroniques destinés aux voyages à l'étranger, qui pourraient servir à accéder à des évènements sportifs ou culturels, voire à des restaurants dans le cas danois.

L'Islande, qui ne fait pas partie de l'UE mais appartient à l'espace Schengen, a commencé fin janvier à délivrer ces documents numériques censés faciliter la circulation entre les pays.

En Estonie, les passagers sont exemptés de quarantaine à l'arrivée s'ils peuvent montrer une attestation de vaccination, de test PCR ou sérologique. L'entreprise estonienne Guardtime a lancé un projet pilote de certificat pour les voyageurs, VaccineGuard. Ce pays, précurseur en nouvelles technologies, travaille avec l'OMS au développement de certificats de vaccination numériques.

PAS POUR : Belgique, France et Allemagne

En France, le gouvernement est réticent à cette idée à ce stade: "Tout le monde n'a pas encore accès au vaccin, et on ne sait pas s'il empêche la transmission", soulignait en janvier le ministre de la Santé Olivier Véran, qui juge le débat envisageable "dans quelques mois".

Côté allemand aussi, les autorités sont opposées à une levée des restrictions pour la seule population vaccinée. Mais elles n'excluent pas cette possibilité dans le secteur privé: "Si un restaurateur veut faire une offre uniquement destinée aux personnes vaccinées, il sera difficile de l'interdire dans la situation juridique actuelle", selon la ministre de la Justice Christine Lambrecht.

Chez nous en Belgique, pas question de conditionner la participation à telle activité à la détention d'un passeport vaccinal. Quant aux voyages, notre pays attend le résultat des discussions au niveau européen et de l'OMS.

En Pologne, le gouvernement ne prévoit pas pour l'instant un tel passeport mais a lancé une application pour smartphones, "Vaccinés", qui permet à son détenteur d'éviter une quarantaine à son entrée dans le pays.

Des vaccins obligatoires pour voyager, ça existe déjà

L'idée de conditionner l'accès à certains pays, ou certains lieux, à la réalisation d'un vaccin n'est pas spécifique au Covid. Dans de nombreux pays, le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire pour entrer sur le territoire, soit pour l'ensemble des voyageurs (comme en Guyane française), soit pour ceux en provenance de pays d'Afrique et d'Amérique du Sud où cette maladie est endémique.

Les centres de vaccination délivrent un carnet de vaccination, officiellement appelé "certificat international de vaccination ou de prophylaxie", un fascicule de couleur jaune reconnu par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Il pourrait y avoir une résolution à la demande des Etats membres" de l'OMS, pour que "la vaccination Covid soit l'objet d'une mention dans le carnet de vaccination international. (...) C'est un outil qui existe", estimait récemment Antoine Flahault, professeur d'épidémiologie à l'université de Genève.

Le cheval de bataille des compagnies aériennes

Le patron de la compagnie aérienne australienne Qantas avait le premier évoqué dès novembre la "nécessité" que les voyageurs internationaux soient vaccinés contre le Covid-19 pour embarquer.

D'autres compagnies ou responsables gouvernementaux ont fait depuis des commentaires semblables, soulignant que ce certificat permettrait d'éviter les mesures de quarantaine à l'entrée d'un pays.

Et les compagnies du Golfe, Emirates et Etihad, testeront bientôt le pass de voyage conçu par l'Association internationale du transport aérien ("IATA Travel Pass"), une application qui permettra aux passagers de "vérifier que leur test avant le voyage ou leur vaccination répondent aux exigences de leur destination".

Les partisans du passeport vaccinal, nombreux dans les secteurs du tourisme et des loisirs, y voient aussi un moyen de "revenir à la vie d'avant", avec un accès sécurisé aux salles de spectacle, aux restaurants ou aux stades de football.

Sondage en France: OK pour voyager mais pas pour la vie quotidienne

Le tollé suscité en France par un projet de loi qui envisageait de restreindre l'accès à certains lieux à une vaccination montre que l'acceptabilité d'une telle mesure est problématique.

Plusieurs sondages suggèrent qu'une majorité de la population y serait favorable pour prendre l'avion ou pour les visites à l'hôpital et dans les Ehpad, mais est beaucoup plus partagée pour des situations de la vie quotidienne (transports en commun, accès aux établissements scolaires, aux cinémas ou à son lieu de travail).

L'efficacité du vaccin encore trop incertaine

Certains mettent aussi en garde contre le risque d'apparition d'un marché noir, comme il existe déjà pour les certificats de tests PCR négatifs.

Autre argument : dans un contexte où le nombre de doses de vaccins disponibles dans le monde reste contraint, imposer ce document serait discriminatoire pour tous ceux qui n'y ont pas encore accès.

L'essentiel des réticences porte cependant sur le décalage entre la promesse d'un tel document (se déplacer sans risque de propager l'épidémie) et la réalité de la protection apportée par le vaccin.

Les vaccins administrés depuis décembre empêchent efficacement de développer la maladie Covid-19, mais des études doivent encore dire s'ils permettent d'éviter d'être infecté par le virus et de le transmettre.

Par ailleurs, on ne connaît pas encore la durée de l'immunité qu'ils confèrent.

L'OMS pour le moment contre un tel passeport

C'est en raison de ces "inconnues fondamentales" que les experts du Comité d'urgence de l'OMS se sont dits mi-janvier opposés "pour le moment" à conditionner l'entrée d'un pays à une preuve de vaccination.

L'émergence de variants du coronavirus sur lesquels les vaccins actuels pourraient être moins efficaces ne fait que renforcer ces doutes.

Si l'OMS est favorable au principe de certificats de vaccination pour suivre les campagnes dans les pays, elle se montre donc critique sur la mise en place de passeports vaccinaux comme pré-requis pour voyager.

Au moins 135,5 millions de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées, dans au moins 90 pays ou territoires, deux mois après le lancement des premières campagnes de vaccination de masse, selon un comptage réalisé par l'AFP à partir de sources officielles.

Dans l'UE, quelque 15,6 millions de doses ont été administrées à 12 millions de personnes, soit 2,7% de la population, selon des données officielles compilées par l'AFP.

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