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"Islamo-gauchisme": le gouvernement tente en vain de clore la polémique

Le gouvernement a espéré dimanche "passer à autre chose" après la polémique suscitée par la demande de la ministre Frédérique Vidal d'un "bilan" sur l'"islamo-gauchisme" dans la recherche, mais les appels à la démission émanant de certains politiques et universitaires se poursuivent.

Un communiqué sceptique du CNRS, une tribune de 600 universitaires réclamant la démission de Frédérique Vidal, l'indignation d'une partie de la gauche: après une semaine mouvementée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a affiché sa volonté de clore la polémique, dimanche.

Lors du Grand jury RTL/LCI/Le Figaro, il a espéré que "l'on puisse passer à autre chose" car "la priorité c'est d'aider les étudiants à traverser la crise".

Même si "des situations interpellent - des pièces de théâtre, des conférences sont empêchées de se tenir - ce débat qui concerne des faits extrêmement isolés doit-il monopoliser l'intégralité du débat sur l'université? Je ne crois pas" et "Frédérique Vidal le partage", a-t-il assuré.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a aussi estimé que "ceux qui font jonction" entre les "gauchistes" et les "islamistes" étaient "minoritaires". Il a toutefois défendu la ministre, "très courageuse" et qui, selon lui, "a raison de demander des critères objectifs" sur ce sujet.

- "Elle doit partir" -

Mme Vidal a justifié à nouveau sa demande au CNRS dans le JDD: "Nous avons besoin d'un état des lieux sur ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets" liés à "l'islamo-gauchisme".

Mais elle s'est aussi appliquée à répondre aux critiques, récusant vouloir mettre en place une "police de la pensée", et assurant au contraire vouloir "déconstruire l'idée qu'il y aurait une pensée unique sur certains sujets et (...) protéger le pluralisme des idées à l'université".

Le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon avait été l'un des responsables de gauche à mener la charge contre la ministre qui "veut décider ce que l'on peut faire comme recherche à l'université" et un gouvernement qui "s'est saoulé de mots contre l'islam" . L'eurodéputé EELV Yannick Jadot lui a emboîté le pas dimanche en réclamant la démission de Frédérique Vidal, comme la veille 600 universitaires.

"Elle doit partir. La ministre qui porte la disqualification de la recherche et de l'enseignement supérieur dans notre pays ne peut rester en poste", a-t-il lancé. "Qu'il y ait eu des complaisances individuelles, à droite comme à gauche, avec des associations qui protègent un agenda salafiste, c'est une évidence", a déclaré Yannick Jadot. Mais l'"islamo-gauchisme", "pour moi ça ne correspond à rien".

"C'est un fait politique", lui a opposé le délégué général de LREM Stanislas Guerini. "Je ne sais pas si cela a une réalité scientifique mais de façon indubitable, on voit aujourd'hui qu'une partie de la gauche, plus précisément de l'extrême gauche, mélange sa voix et fait converger ses idées avec l'islam politique".

La droite a renchéri, Guillaume Peltier dénonçant une "collusion entre une partie de la gauche et l'islamisme": "L'islamo-gauchisme n'est qu'une face émergée de l'islamisme, ennemi de la République", a-t-il insisté, citant l'exemple de femmes voilées sur des listes du Nouveau parti anticapitaliste.

Pour le président LR du Sénat Gérard Larcher, "nous devons cesser d'être dans le déni" du phénomène. "Est-ce que le terme islamo-gauchisme résume tout ? Il y a aussi des sujets comme décolonialisme, racialisme. Celui-ci est totalement opposé au concept d'universalisme républicain".

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