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Accusée d'avoir menti au Parlement, la Première ministre écossaise se défend

Accusée d'avoir menti sur les accusations de harcèlement sexuel pesant sur son prédécesseur, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a défendu mercredi sa gestion de cette affaire, qui vaut à cette figure indépendantiste des appels à la démission.

A deux mois d'élections locales cruciales, les indépendantistes du Scottish National Party (SNP) sont actuellement embourbés dans les suites des accusations visant son ex-dirigeant Alex Salmond. Disculpé par la justice en 2020, ce dernier se dit victime d'un complot politique.

Le Parlement écossais enquête désormais sur la façon dont le gouvernement avait initialement traité les plaintes et pour déterminer si Nicola Sturgeon s'est ingérée dans l'enquête ou a menti au Parlement comme l'affirme Alex Salmond.

Auditionnée devant la commission d'enquête parlementaire, Nicola Sturgeon a assuré croire avoir agi "correctement". Disant sa "tristesse" de se retrouver devant cette commission, elle a jugé "absurdes" les accusations de complot contre M. Salmond, son mentor.

"Alex Salmond est l'une des personnes les plus proches que j'ai eues toute ma vie, je n'aurais jamais voulu le faire tomber", a-t-elle assuré, soulignant que l'ancien dirigeant était quelqu'un qu'elle "vénérait" depuis qu'elle avait "20, 21 ans".

Appelée à la démission par l'opposition, la populaire dirigeante est soutenue par son camp, qui dénonce des manœuvres pour l'affaiblir avant les élections du 6 mai, dont le SNP voudrait faire un tremplin en vue d'un nouveau référendum sur l'indépendance.

Mme Sturgeon s'est notamment expliquée sur une réunion de mars 2018, pendant laquelle elle aurait pour la première fois été informée des accusations par l'ancien chef de cabinet d'Alex Salmond. Elle avait ensuite dit au Parlement avoir été mise au courant quelques jours plus tard par le mis en cause lui-même, avant d'affirmer avoir "oublié".

Elle a déclaré mercredi n'avoir pas le même souvenir de ces rencontres que M. Salmond.

Avant même d'entendre ses explications, Douglas Ross, le chef des conservateurs écossais, a lâché : "Nicola Sturgeon doit démissionner". Son parti soumettra un vote de défiance au parlement local où le SNP ne dispose pas de la majorité absolue.

- "Aucun doute" -

Auditionné vendredi dernier, Alex Salmond a accusé le gouvernement d'avoir délibérément caché des documents gênants et ignoré l'avis des conseillers juridiques en persistant dans une affaire qu'ils ne pouvaient pas gagner, étrillant Mme Sturgeon.

"Je n'ai aucun doute quant au fait que la Première ministre a enfreint le code de conduite ministériel, mais ce n'est pas à moi de dire quelles devraient en être les conséquences", a-t-il estimé.

Alex Salmond a longtemps été l'homme fort de l'Écosse, dirigeant pendant 20 ans le SNP, dont il a fait le plus grand parti local. En 2014, il avait jeté l'éponge après la victoire du "non" au référendum sur l'indépendance.

Il a été acquitté en mars 2020 par un tribunal écossais de 13 accusations d'agressions sexuelles et de tentatives de viol contre neuf femmes entre juin 2008 et novembre 2014.

Dès 2019, le gouvernement écossais avait admis avoir mal géré l'enquête interne sur les plaintes portées à l'encontre de M. Salmond par deux femmes et avait alors accepté de lui verser plus de 500.000 livres (579.000 euros) pour couvrir ses frais de justice.

Nicola Sturgeon a présenté ses excuses aux deux plaignantes pour les erreurs du gouvernement et à ses administrés pour l'argent public que cela a coûté.

Tout en soulignant que la justice a innocenté M. Salmond, Mme Sturgeon a attaqué son prédécesseur, jugeant que son comportement n'avait "pas toujours" été "approprié".

Ces querelles au vu et au su de tous tombent mal pour le SNP. Renforcé par le Brexit (les Ecossais s'y sont massivement opposés) et la gestion très critiquée de la pandémie par Londres, ce parti souhaite s'appuyer sur une victoire électorale pour obtenir l'organisation d'un nouveau référendum d'autodétermination pour l'Ecosse.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson refuse fermement tout nouveau vote, estimant que la question a été réglée par un référendum en 2014, mais les sondages ont donné ces derniers mois une majorité en faveur de l'indépendance.

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