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Gymnases fermés: près d'Annecy, des cours d'EPS en pleine montagne

Lola, Evan, Romane et les autres progressent raquettes aux pieds le long d'un chemin enneigé en pleine forêt. Devant eux, les professeures d'EPS sont tout heureuses de remédier à la fermeture des gymnases par une sortie en pleine nature.

Après une demi-heure de bus, les deux classes de 6e du collège Le Semnoz, à Seynod près d'Annecy, sont arrivées à la station de ski du même nom les soutes pleines de raquettes.

"On a 45 minutes de randonnée, d'effort à faire", dit aux 46 élèves la professeure Claire Gjurasevic. "On va suivre une piste balisée", poursuit sa collègue Laëtitia Parel. "Si à un moment donné on ne sait plus où aller, on fait quoi ? Maéli, tu sais ? Oui, on attend les personnes derrière nous."

En cette matinée ensoleillée, les raquettes crissent sur la neige encore gelée. Accompagnée de deux collègues, Mme Gjurasevic confie qu'"être en salle de classe, c'est un peu trop étroit pour un prof d'EPS, on est un peu engoncé avec toutes ces tables, tous ces masques...".

"Donc d'être dehors avec les élèves, ça nous fait du bien", lance-t-elle tout sourire.

La colonne de combinaisons de ski bariolées avance à son rythme, parfois dépassée par des touristes plus rapides. "On est tous ensemble, on rigole, on est avec une autre classe, il y a de la neige...", se réjouit Romane, 11 ans.

Dans ce collège de la banlieue d'Annecy, en Haute-Savoie, les cours de sport en montagne sont traditionnellement réservés aux classes de 5e. Mais mi-janvier, l'interdiction du sport en intérieur a bousculé l'organisation des cours d'EPS pour toutes les classes.

-"Seule sortie de l'année"-

Dès le lendemain de l'annonce du gouvernement, les professeurs du collège se sont réunis pour trouver des solutions et, dans la journée, "on avait le budget qu'on demandait" pour le transport des élèves, raconte Mme Gjurasevic, 38 ans.

Le Conseil départemental de Haute-Savoie a donné son accord et proposé son soutien à d'autres établissements pour financer le transport vers ces destinations de plein air.

Au Semnoz il a fallu "casser toute l'organisation, changer tous les emplois du temps" des élèves pour caser trois demi-journées d'excursion par classe, "seule sortie scolaire de l'année" pour les élèves, note la professeure, férue de montagne.

Elle a apporté son matériel personnel pour proposer aux élèves, après la randonnée, un atelier d'initiation à la recherche de victimes d'avalanches avec les appareils dédiés, les DVA.

"Quand je me balade, si je suis prise dans une avalanche (...), mon appareil, il est déjà en route, et on peut déjà me trouver", expose-t-elle devant deux groupes d'élèves: l'un va cacher ce DVA émetteur d'ondes sous la neige, et les autres élèves doivent le localiser avec un second DVA.

Sur le grand plateau enneigé au sommet du Semnoz, qui culmine à 1.600 mètres, Evan et ses camarades se rapprochent petit à petit: plus les "bip" de l'appareil sont fréquents, plus l'appareil enterré est proche.

"Biiiiiip", "nous y voilà, bravo!" Un coup de sonde, un coup de pelle et le petit boîtier est dégagé comme le serait un skieur pris dans une coulée de neige. Mais le bus est déjà sur le parking, l'heure est venue d'abandonner les boules de neige pour retourner au collège.

La professeure forme un voeu: qu'ils en parlent à leurs parents, "qu'ils se rendent compte que finalement c'est pas grand chose de monter au Semnoz, mais que ça fait quand même du bien dans la tête d'être au soleil, de voir un autre cadre que la ville."

"Franchement, j'aime mieux la rando que rester en cours (...) Je préfère marcher avec mes potes!", confie de son côté Evan, 11 ans.

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