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Reims: un suspect mis en examen pour "tentative de meurtre" après l'agression d'un photo-journaliste

Quatre jours après l'agression dans un quartier sensible de Reims d'un photo-journaliste, pour "l'empêcher" de faire son métier, un jeune de 21 ans a été mis en examen pour "tentative de meurtre aggravée" et placé en détention provisoire.

Interpellé lundi, le suspect, de nationalité algérienne, est soupçonné d'être celui qui a "porté les coups" à la tête, "d'abord avec les poings, ensuite avec l'appareil photo" du journaliste, notamment lorsqu'il était au sol, alors que ce dernier "exerçait son métier, et pour ce motif", a déclaré le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette, lors d'une conférence de presse.

Le procureur a ensuite annoncé la mise en examen du suspect dans un communiqué.

La victime, âgée de 65 ans et travaillant pour le quotiden régional L'Union, restait placée mercredi en coma artificiel, présentant notamment un "traumatisme crânien très sévère, une fracture du rocher, un hématome sous dural et une hémorragie cérébrale".

Le suspect, qui disposait d'une carte de séjour espagnole et vivait dans le quartier, Croix-Rouge, depuis environ trois ans, est soupçonné de s'en être pris à la victime Christophe Lantenois, pour l'empêcher de prendre des photos des apparents préparatifs d'une rixe, et "probablement" récupérer les images déjà prises, selon le procureur.

L'appareil photo a été retrouvé sans sa carte mémoire.

- Deuxième homme -

Pendant sa garde à vue, l'homme a "gardé le silence", "passablement énervé", et refusé de sortir de sa cellule.

Il a déjà été condamné à huit reprises entre 2018 et 2019 notamment pour des faits de violence en réunion et des vols avec effraction.

Un deuxième homme, soupçonné d'avoir aussi porté des coups "en direction de la victime" mais "probablement au sol" à l'aide d'un bâton, a été identifié mais pas interpellé à ce stade, a précisé le procureur.

L'agression de ce journaliste avait soulevé l'indignation de la classe politique, jusqu'à l'Elysée, qui avait demandé dimanche une interpellation "au plus vite" des auteurs.

Comme le président LR du Sénat, Gérard Larcher, Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes s'étaient émus d'une attaque contre la liberté de la presse.

"Je veux assurer sa famille, ses proches, sa rédaction et toute votre profession, du soutien absolu du gouvernement et de la détermination absolue des pouvoirs publics à identifier et punir les auteurs de cet acte inqualifiable", a redit mercredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

- "57 secondes" -

Selon le procureur, le regroupement de jeunes que le journaliste était venu couvrir "laissait penser à la préparation d'affrontements" entre bandes rivales.

Le matin même, "un certain nombre de clubs de golf, de bâtons et de battes de base-ball" avaient été achetés dans un magasin de sport et "acheminés" dans le quartier. Par ailleurs, le groupe d'individus rassemblé vers 15H00 avait "déplacé des blocs de pierre et des barrières" probablement pour gêner l'arrivée de la police, a-t-il dit.

Selon le récit du procureur, établi notamment grâce aux images de "caméras sur place et d'enregistrements de tiers", Christian Lantenois avait tenté, peu après 15H00, de prendre des clichés à "quelques centaines de mètres d'individus cagoulés qui étaient quelques dizaines", mais un groupe l'avait "rapidement repéré", près de sa voiture floquée du logo de son journal.

Le principal suspect a alors "foncé sur lui", rapidement rejoint par douze autres individus. Selon le procureur, "l'agression dans sa globalité a duré 57 secondes, et les coups portés (...) quelques secondes".

Une information judiciaire contre X a aussi été ouverte pour "participation à un groupement en vue de commettre des faits de violences ou de dégradation" et "non assistance à personne en danger", avec l'objectif d'interpeller les autres auteurs.

Le principal suspect "encourt à ce stade la réclusion criminelle à perpétuité".

Selon Xavier Albertini, adjoint à la sécurité à la mairie de Reims, deux précédents regroupements de jeunes la semaine dernière avaient donné lieu à "des rencontres rapides entre groupes" dans le quartier, de 28.000 habitants.

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