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Crash du Rio-Paris: audience cruciale sur un éventuel procès d'Airbus et Air France

Une audience cruciale pour les victimes du crash du vol Rio-Paris en 2009 a débuté jeudi devant la cour d'appel de Paris, chargée de se prononcer sur la validité du non-lieu accordé en 2019 à Airbus et à Air France.

Le parquet général, dans ses réquisitions écrites, a demandé d'annuler cette décision et d'ordonner le renvoi en correctionnelle du constructeur et de la compagnie pour "homicides involontaires", à la satisfaction des parties civiles.

Au terme des débats qui se tiennent à huis clos depuis 13H00 en présence de quelques représentants des familles, la chambre de l'instruction de la cour d'appel rendra sa décision à une date ultérieure.

Le 1er juin 2009, l'Airbus A330 qui reliait Rio de Janeiro à Paris s'était abîmé au milieu de l'océan Atlantique. Tous les passagers et les membres d'équipage, 228 personnes de 34 nationalités, avaient péri dans cet accident, le plus meurtrier de l'histoire de la compagnie française.

Mais en août 2019, après dix ans d'enquête et de bataille d'experts sur les causes de la catastrophe, les juges d'instruction avaient ordonné l'abandon des poursuites contre Airbus et Air France. Ils prenaient le contre-pied du parquet de Paris, qui avait demandé un procès contre la seule compagnie, pour "négligence et imprudence" dans la formation des pilotes.

Deux ans et demi plus tard, le parquet général, supérieur hiérarchique du parquet, a cette fois pris position en faveur d'un procès pour les deux entreprises.

"On commençait à désespérer et on entrevoit désormais la possibilité d'un procès", a commenté avec prudence Danièle Lamy, présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447, à la veille de cette audience.

Le parquet général retient la responsabilité du constructeur aéronautique, estimant qu'il a sous-estimé "la dangerosité des incidents anémométriques consécutifs au givrage des sondes".

L'accident a eu pour origine, selon les expertises, le givrage des sondes de vitesse Pitot. L'incident avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu'au décrochage fatal de l'appareil.

Après les mises en examen d'Air France et Airbus dès 2011, les investigations s'étaient prolongées par une bataille d'experts.

Un premier rapport en 2012 avait conclu à des défaillances de l'équipage, des problèmes techniques et un manque d'information des pilotes sur le givrage des sondes. Puis une contre-expertise, réclamée par le constructeur, avait pointé une "réaction inappropriée de l'équipage" et les manquements d'Air France.

Les parties civiles avaient obtenu l'annulation de cette seconde expertise et la réouverture de l'enquête. Mais une troisième et ultime expertise, en 2017, avait également mis l'accent sur "des actions inadaptées en pilotage manuel" de l'équipage et tendait à dédouaner Airbus.

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