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Victime de violences conjugales à Beaumont, Tiffanie a perdu son enfant à 8 mois de grossesse: elle réclame JUSTICE

Le ministère public demande le renvoi devant le Tribunal Correctionnel de Charleroi d’un homme suspecté d’avoir, par ses coups, causé la mort d’un enfant avant même sa naissance, à Beaumont. Victime de violences conjugales présumées, Tiffanie se bat pour que justice soit rendue pour Lounes, son enfant qui n’a pas dépassé les 8 mois de grossesse. La mère de famille nous raconte son combat acharné et douloureux.

Accablée et paralysée par la douleur, Tiffanie décide d’appeler les secours le 4 septembre 2018. Voilà un mois qu’elle est dans son appartement après avoir réussi à quitter son compagnon, le père de ses jumeaux (elle a également trois autres enfants d'une union précédente). Avec lui, c’était la peur qui la paralysait. Devant les autorités, elle expliquera être victime de violences conjugales. Et c’est enceinte qu’elle arrive aux urgences.
Dans la soirée, son état se dégrade et les médecins doivent réaliser une césarienne dans les plus brefs délais. Une absence de rythme cardiaque du fœtus est décelée avant l’opération. Après l’acte médical, il est constaté que l’enfant est mort in-utéro à 33 semaines de grossesse. Elle lui donnera cependant un prénom : Lounes.

Il aimait me tirer par les cheveux, me secouer et me projeter sur les meubles

Aujourd’hui, la mère de famille arrive à mettre des mots sur le calvaire qu’elle a enduré. Elle explique l'emprise incroyable d’un homme qui lui a fait accepter le pire : "Cela a commencé à dégénérer après la naissance des jumeaux. Il aimait me tirer par les cheveux, me secouer et me projeter sur les meubles. Au début, c’était surtout des gifles. On ne se rend pas compte lorsqu’on le vit. Sa violence n’était rien par rapport à sa pression psychologique. On devient quelqu’un d’autre, on ment à tout le monde et surtout à soi-même" explique Tiffanie.

Une semaine en réanimation

Après la découverte de l’enfant décédé in utero, l’hôpital fait un signalement aux autorités. La maman, elle, est restée une semaine en réanimation pendant que la machine judiciaire se mettait en marche. Les autopsies sont également réalisées. Il est noté: "Tiffanie aurait reçu des coups de poing à l’abdomen environ 4 semaines avant son admission. (…) L’asphyxie fœtale est liée au syndrome hémorragique maternel sur rupture de la rate de nature traumatique." Pour résumer, suite à un coup, la mère de famille a été victime d’une hémorragie de la rate pendant un mois. Ce qui a compromis la viabilité de l’enfant à naître.

Désormais, la justice demande le renvoi de l’ancien compagnon devant le Tribunal correctionnel pour coups volontaires ayant causé une maladie ou une incapacité de travail avec la circonstance aggravante que l’infraction a été commise, par le compagnon, envers une personne dans une situation de vulnérabilité en raison d’un état de grossesse. Il est également poursuivi pour violences psychologiques et physiques.

Pas un meurtre car l'enfant n'était pas encore né

Yahima Kengo, avocate pénaliste, précise pourquoi le ministère public n'évoque pas un infanticide ou un meurtre : "Le meurtre est l’homicide commis avec l’intention de donner la mort, et l’infanticide est le meurtre commis sur un enfant au moment de sa naissance ou immédiatement après. Il faut donc que l’enfant soit né vivant mais il n’est pas nécessaire qu’il soit né viable. L’enfant est protégé par la loi pénale dès qu’il est né. Ici l’enfant n’étant pas encore né, les faits sont qualifiés de coups et blessures. Seront retenues comme circonstances aggravantes la vulnérabilité de la victime, vu la grossesse, et le fait que les coups ont entraîné la perte du bébé."

Une situation difficile à accepter pour Tiffanie. C’est une femme meurtrie, détruite, qui se bat de toutes ses forces pour rendre justice à son fils décédé : "J'ai eu 6 enfants, c’est important pour moi de compter Lounes. Je voudrais lui dire que je suis tellement désolée de ne pas l’avoir protégé et que je le retrouverai la tête haute au bout du chemin. Que je l’ai porté chaque seconde de sa vie et que je l’aimerai chaque seconde de la mienne. Qu’il ne s’imagine pas combien je l’aime et combien il me manque... Qu'il manque à ses frères et sœurs et que sa grande sœur dort avec sa photo sous son oreiller."

Le dossier passera en règlement de procédure le 20 avril devant la Chambre du conseil. L’instance décidera de renvoyer ou non l’ancien compagnon de Tiffanie devant le Tribunal correctionnel de Charleroi.

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