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Faux indépendants et plaintes de travailleurs chez Ryanair: la justice belge se saisit de tous les volets du dossier

Le dossier social autour des activités en Belgique de la compagnie aérienne Ryanair a été complètement judiciarisé, a indiqué l'auditeur du travail Charles-Eric Clesse, confirmant une information du Soir et du Standaard. Le CEO de Ryanair, Edward Wilson, a été convoqué pour être auditionné par les services d'inspection sur plusieurs manquements au droit belge du travail.

L'auditorat du travail du Hainaut a décidé de reprendre en main tous les dossiers liés au non-respect des règles sociales par l'entreprise irlandaise en Belgique, dont ceux que gérait jusqu'à présent l'inspection sociale. Une enquête est menée sur plusieurs litiges sociaux depuis deux ans.

Pour l'heure, quelque 40 plaintes de travailleurs, basés à Zaventem et Charleroi, ont été rassemblées pour plusieurs manquements au droit belge du travail au sein de la compagnie à bas coûts.

Audition du CEO de Ryanair quand cela sera possible

Le CEO de Ryanair, Edward Wilson, a été convoqué par l'auditeur du travail pour s'expliquer sur le dossier. "Je souhaite que les services d'inspection le rencontrent en personne pour l'auditionner", a indiqué Charles-Eric Clesse. "Il ne peut pas se déplacer pour le moment en raison de la crise sanitaire. Nous pourrions le rencontrer après les vacances de Pâques, la Belgique devant en principe rouvrir ses frontières à ce moment."

"Ce dossier ne forme qu'un tout"

"Le dossier judiciaire relatif à Ryanair est en effet ouvert à l'auditorat depuis deux ans", précise encore l'auditeur du travail. Il concerne notamment un volet de travailleurs faux indépendants et un autre relatif à une quarantaine de plaintes de travailleurs. "Ce dossier ne forme qu'un tout. Nous avons donc décidé de tout judiciariser. La CNE a pris contact avec nous et j'ai indiqué au syndicat que le dossier ne sera pas traité plus lentement pour autant. Nous sommes en tout cas toujours prêts à rencontrer les syndicats pour trouver des solutions pour les travailleurs", assure Charles-Eric Clesse.

Plus de moyen de dénoncer en attendant la justice

La CNE s'inquiète en effet de ne plus avoir d'interlocuteur. "Cette décision nous bloque", regrette ainsi Didier Lebbe, le secrétaire permanent en charge du dossier, interrogé par Le Soir. "L'inspection sociale nous a expliqué que tout était passé dorénavant sous le sceau juridique et qu'elle ne pouvait plus dialoguer avec nous. Or, quand on voyait que Ryanair ne respectait pas certaines obligations, concernant les droits des femmes enceintes, le respect des salaires, etc., on pouvait se tourner vers l'inspection sociale, lui expliquer le cas et l'inspection envoyait une lettre à la compagnie en lui expliquant les règles à suivre, etc. Aujourd'hui, on ne dispose plus de ce relais public officiel pour nous aider à faire pression sur Ryanair sur des cas concrets, au jour le jour, en attendant que la justice avance sur le dossier."

Les plaintes introduites concernent notamment des problèmes de données relatives à des rémunérations et de travailleurs à mi-temps qui prestent des temps pleins. Le but est de régulariser et de protéger les travailleurs, insiste-t-il. Selon l'auditeur du travail, il est difficile de donner, pour l'heure, une idée de timing dans le dossier. "Il y a des milliers de documents à analyser. Le travail est en effet titanesque!"        

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