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Pérou: l'instituteur Pedro Castillo et Keiko Fujimori en passe d'être au 2e tour

L'instituteur Pedro Castillo, représentant de la gauche radicale, et la candidate de la droite populiste, Keiko Fujimori, étaient en passe lundi de se qualifier pour le second tour de la présidentielle au Pérou.

Après le dépouillement de près de 90% des bulletins de vote par l'office national électoral (ONPE), Pedro Castillo comptabilisait 18,83% des suffrages et Keiko Fujimori 13,21%.

La fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000) a finalement distancé l'économiste libéral Hernando de Soto (11,97%), un temps en mesure d'accéder au second tour. L'homme d'affaires d'extrême droite Rafael Lopez Aliaga (11,90%) arrive en quatrième position.

Pedro Castillo et Keiko Fujimori devraient s'affronter au second tour prévu le 6 juin.

Les résultats officiels après le dépouillement de tous les bulletins et l'épuisement de possibles recours, ne seront toutefois connus que début mai, selon le président du Jury national des élections (JNE).

La course en tête de Pedro Castillo, 51 ans, est une surprise. L'instituteur était sorti de l'anonymat en 2017 à la faveur d'un vaste mouvement de grève des enseignants dont il avait pris la tête.

Originaire de la province de Cajmarca (nord) dont il arbore le chapeau blanc traditionnel, M. Castillo a enseigné dans une école rurale pendant 24 ans.

"Le combat et la lutte ne font que commencer", a déclaré le candidat du petit parti de la gauche radicale Peru Libre. Il a promis pendant la campagne des changements radicaux "pas des rustines ou des réformes" comme le proposaient, selon lui, les trois autres candidats de gauche.

L'ancien président bolivien Evo Morales s'est félicité de la présence du candidat de gauche au second tour.

Pedro Castillo a gagné "avec notre proposition", a-t-il réagi lors d'un événement public dans son fief politique, notant avoir été en contact avec l'enseignant.

"Si la proposition populaire gagne" en Équateur et au Pérou "nous reviendrons au projet intégrationniste de la +patria grande+ de [Hugo] Chávez, Néstor Kirchner, Lula et Correa" et le projet de formation de l'Union des nations sud-américaines "Unasur renaîtra", avait-t-il déclaré dans un tweet dimanche.

"Avec Castillo, c'est une gauche anti-establishment, socialement conservatrice, qui rejette l'économie de marché", a analysé pour l'AFP le politologue Carlos Meléndez.

"C'est une surprise, personne n'avait prévu cette situation pour ce scrutin, mais il semble que le peuple en a marre des scandales de corruption", a confié à l'AFP Victor Castillo, un habitant de la capitale de 56 ans, au lendemain du vote.

- Pots-de-vin -

Keiko Fujimori, 45 ans, deux fois finaliste malheureuse à la présidentielle de 2011 et de 2016, partait cette fois dans une position plus inconfortable, en raison justement d'accusations de corruption pesant sur elle.

Le parquet a récemment requis 30 ans de prison à son encontre dans le cadre de l'enquête sur le scandale Odebrecht, du nom d'un géant brésilien du BTP, qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin à de nombreux dirigeants politiques latino-américains.

En cas de victoire, la dirigeante du parti Fuerza popular ne sera jugée qu'après son mandat de cinq ans.

Le directeur de l'Institut Ipsos, Alfredo Torres, prédit un "deuxième tour polarisé". "Il y a un sentiment anti-Fujimori dans une partie de la population et de l'anti-communisme dans l'autre", souligne-t-il.

Au total, dix-huit candidats étaient en lice pour cette présidentielle où aucun favori n'avait émergé pendant la campagne.

Le scrutin a eu lieu alors que le pays voit s'envoler les records de contaminations et de décès au Covid-19. Pendant la campagne électorale, six candidats à la présidentielle ont contracté la maladie.

Le vote est obligatoire au Pérou sous peine d'amende. De nombreux Péruviens sont allés voter dimanche à contrecœur, préoccupés par les chiffres alarmants de la pandémie qui a déjà fait plus de 54.000 morts pour 33 millions d'habitants.

Outre leur président, les 25 millions d'électeurs étaient appelés à élire les 130 députés du Parlement, à l'origine de nombreuses crises politiques ces dernières années.

La dernière, en novembre 2020, a conduit le Pérou, secoué par une instabilité institutionnelle chronique, à avoir trois présidents en une semaine.

Selon les premiers résultats partiels, le Parlement unicaméral s'annonce une fois encore très fragmenté, avec huit partis qui obtiennent entre 6 et 16% des voix. A l'image du scrutin présidentiel, Peru libre et Fuerza popular sont en tête de ces législatives.

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