Accueil Actu

Faire pipi dehors en temps de Covid, un casse-tête à Paris

"Il a fallu patienter 20 ou 30 minutes". Depuis que les cafés et les restaurants ont fermé à Paris, Covid oblige, l'attente est souvent longue devant les toilettes publiques de la capitale, derniers repaires pour éviter de faire pipi dans les buissons.

"C'est super compliqué, surtout quand on est une fille, parce qu'il y a toujours la queue, il n'y a pas beaucoup de toilettes et ça fait dix minutes qu'on attend", peste Charlotte le Merdy, avec son vélo à la main devant une sanisette au pied de Notre-Dame, sous un beau soleil.

"D'habitude, quand on a envie d'aller aux toilettes, on va au premier bar, on leur demande si on peut aller aux toilettes, même en achetant une boisson. Maintenant, c'est compliqué. Des fois, il faut marcher ou juste se retenir jusqu'à ce qu'on soit chez soi", renchérit Julie Primault, une étudiante, au bord du canal Saint-Martin.

Si le tourisme s'est effondré à cause de la pandémie, la question primordiale de l'envie pressante en extérieur se pose aussi pour les riverains, pas toujours près de leur domicile.

"Clairement, c'est un autre Paris. Tu dois faire attention à la quantité d'eau que tu bois, ça a changé les habitudes", explique Paris Zeikos, professeur d'anglais d'origine grecque qui prend son mal en patience près de la Tour Eiffel.

Pourtant la mairie de Paris l'assure, la fréquentation des 435 sanisettes installées a chuté de 20% l'an dernier, principalement à cause des confinements. 300 toilettes publiques sont également recensées dans les parcs en jardins.

- "Dans les feuillages" -

La ville a toutefois installé cinquante urinoirs, mais difficile d'empêcher certains hommes de se soulager à l'air libre.

Toujours au pied de la Tour Eiffel, Romain Chevreux, un chef de projet se confesse.

"Je ne devrais peut-être pas le dire mais on essaie d'aller dans des endroits discrets, dans les feuillages. C'est un peu compliqué, surtout quand il y a beaucoup de toilettes publiques qui sont hors service", explique t-il à l'AFP.

"On est verbalisés si on pisse dans la rue! Il faut se balader avec une bouteille!", rigole Pierre Cortes, un styliste.

Le débat sur la propreté de la ville de Paris fait rage en ce mois d'avril, après de nombreuses photos postées sur les réseaux sociaux de graffitis, déchets ou bouteilles flottants sur les canaux postées sous le hashtag #saccageparis.

Luc, agent de sécurité à la place de la République confirme que la fermeture des bars et restaurants n'améliore pas la situation.

"Les garçons pissent partout… On voit bien que les rues sont sales, qu'il y a un manque d'hygiène", regrette t-il.

Il faut dire que parfois, la propreté des sanisettes peut aussi laisser à désirer comme le souligne Bamoye, livreur à vélo, une profession particulièrement concernée par le sujet.

"C'est tellement sale ces sanisettes, rentrer là-dedans c'est comme aller chercher la maladie", affirme t-il.

"90% de mon temps, je suis obligé de rentrer chez moi faire mes besoins parce qu'il n'y a que là que c'est propre et de ressortir travailler. Et ça fait perdre beaucoup de temps, beaucoup, beaucoup de temps!"confirme le chauffeur de taxi Elie Sabaa.

La réouverture des terrasses prévue le 19 mai et celle des restaurants et cafés le 9 juin devrait venir résoudre ce délicat problème.

En attendant, Hedi a une idée: "le mieux, ce serait que les cartes disponibles sur internet, donnent les emplacements comme pour les stations d'essence par exemple".

Une offre proposée par le site Toilettespubliques.net qui montre que Paris est finalement plutôt bon élève en la matière. A Marseille, deuxième ville de France, seuls 37 toilettes publiques sont répertoriées.

À lire aussi

Sélectionné pour vous