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Royaume-Uni : Johnson conforté par la conquête d'un bastion travailliste

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a jugé vendredi "très encourageante" la conquête par son parti conservateur d'un bastion travailliste et favorable au Brexit dans le nord-est de l'Angleterre, au cours d'élections locales qui s'annoncent moins favorables pour le pouvoir en Écosse.

Ce "Super jeudi" d'élections locales avait valeur de test pour le pouvoir et l'unité du Royaume-Uni, avec le renouvellement aussi du Parlement écossais, où les nationalistes entendent bien pousser leur cause en cas de victoire.

A la faveur d'une législative partielle, le Parti conservateur a réussi à faire élire une députée, Jill Mortimer, pour la première fois en près de cinquante ans à Hartlepool. Avec près de deux fois plus que voix que le candidat travailliste, le parti au pouvoir inflige un véritable camouflet au Labour et à son chef, Keir Starmer, attaqué par son aile gauche.

Prolongeant la poussée des "tories" de 2019 dans le "mur rouge" travailliste, ces régions du Nord de l'Angleterre affectées par la désindustrialisation et favorables au Brexit, cette victoire conforte le Premier ministre malgré une série de scandales ayant mis en exergue les liens très proches entre pouvoir et intérêts privés.

"S'il y a une leçon à tirer de toute cette campagne électorale à travers tout le Royaume-Uni, c'est que le public veut que nous continuions à nous concentrer sur leurs besoins et leurs priorités", a déclaré Boris Johnson, à Hartlepool, où il est allé féliciter la candidate victorieuse.

"C'est un endroit qui a voté pour le Brexit. Nous avons réalisé le Brexit et grâce à cela, nous pouvons faire d'autres choses", a-t-il ajouté.

Le dépouillement des bulletins dans les scrutins locaux se poursuivra tout au long du week-end, mais pour Boris Johnson, les premiers résultats sont en tout cas "très encourageants". Ils montrent que les conservateurs ont progressé un peu partout en Angleterre et en particulier dans le Nord, obtenant par exemple le contrôle du conseil local de Northumberland.

- Starmer "déçu" -

Ce scrutin constituait le premier test dans les urnes pour Boris Johnson depuis le raz-de-marée conservateur engrangé aux législatives et l'entrée en vigueur du Brexit.

"Ne l'oublions pas : Johnson a réalisé le Brexit, le Premier ministre est populaire parmi les électeurs ayant voté +leave+, le gouvernement tory a dépensé des sommes astronomiques pendant la pandémie et a chapeauté une campagne de vaccination très réussie" contre le coronavirus "et l'économie rebondit", a analysé sur Twitter Jane Green, professeur de sciences politiques à l'université d'Oxford.

Pour le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, c'est une humiliation. Avec une ligne plus centriste que son prédécesseur Jeremy Corbyn, il avait promis de remettre le parti sur les rails en prenant la tête de la formation quelques mois après sa débâcle aux législatives.

Les appels au changement ont rapidement fusé chez les travaillistes, le député Richard Burgon exhortant ainsi à un "changement de direction" à la tête du Labour.

"Amèrement déçu des résultats", Keir Starmer a dit en assumer "l'entière responsabilité". Il a promis qu'il ferait "tout ce qui est possible" pour regagner la confiance des électeurs, sans annoncer en l'état de remaniement à la tête du parti.

- Indépendance écossaise -

En Écosse, c'est l'avenir du Royaume-Uni qui se joue, les indépendantistes du Parti national écossais au pouvoir (SNP), la formation de la Première ministre Nicola Sturgeon, espérant une large victoire au Parlement local pour ouvrir la voie à un nouveau référendum d'autodétermination. Les résultats complets sont attendus samedi.

Nicola Sturgeon, confortablement réélue à Glasgow southside (60,2% des voix) a déclaré vendredi être "extrêmement confiante que nous sommes sur la bonne voie au SNP pour une quatrième victoire électorale consécutive". Plusieurs résultats annoncés vendredi étaient de bon augure pour son parti qui a ravi aux conservateurs deux circonscriptions clés, celle d'Edimbourg central et celle d'Ayr (ouest). Le SNP a aussi conquis au détriment du Labour la circonscription d'East Lothian, près d'Edimbourg.

Boris Johnson s'oppose fermement à un nouveau référendum, estimant que la consultation de 2014 - 55% pour le maintien au sein du Royaume-Uni - ne pouvait se produire "qu'une fois par génération".

Les partisans d'un nouveau référendum soulignent que le Brexit, auquel les Ecossais étaient opposés à 62%, a changé la donne.

A Londres, les conservateurs risquent de déchanter. Le travailliste Sadiq Khan, devenu en 2016 le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale, est donné favori pour un deuxième mandat face à son principal adversaire, le conservateur Shaun Bailey.

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