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Audrey Pulvar, une journaliste devenue "citoyenne engagée" à gauche

Ancienne journaliste vedette, Audrey Pulvar a franchi le pas vers la politique lors des municipales de 2020: propulsée par le PS pour mener la campagne régionale en Île-de-France, la néophyte met en avant un profil "écologiste-social" pour ramener la région à gauche.

"Aujourd'hui, les gens me considèrent comme une femme politique. Ce n'est pas mon cas: je me considère comme une citoyenne engagée." Sur le fond comme sur la forme, la candidate d'"Ile-de-France en commun", 49 ans, cultive sa différence.

Son look casual chic, avec ses t-shirts féministes "Woman at war"? "Je ne vais pas, si je suis présidente, brusquement, me mettre à porter des demi-talons, à être en tailleur pantalon...", répond-elle à l'AFP.

Sur le fond, l'adjointe à l'alimentation durable et à l'agriculture de la maire PS de Paris Anne Hidalgo se revendique "écologiste sociale", dans cet ordre.

"Je suis une écologiste qui veut réussir la transition écologique à travers les questions de justice sociale. Je ne suis pas quelqu'un qui fait du social et qui met de l'écologie dedans. C'est très différent", assure-t-elle.

Bien qu'elle n'ait pas sa carte au PS, son profil s'imposait pour le sénateur Rémi Féraud, chef de file des socialistes au Conseil de Paris: "Une femme, de gauche, très écologiste, adhérente d'aucun parti et pouvant du coup rassembler la gauche".

- A l'épreuve du feu -

Sa première campagne comme tête de liste lui laisse déjà deux mauvais souvenirs. Mi-février, elle se retrouve en larmes au micro de France Inter, forcée de réagir aux révélations sur son père, figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008, et accusé par ses cousines de pédocriminalité. Elle se présente alors comme la "fille d'un monstre".

Fin mars, ce sont ses propos sur les "réunions non-mixtes" qui lui attirent les foudres à droite, mais aussi à gauche. Elle reconnaît un propos "peut-être maladroit".

Celle qui fut la compagne, au début des années 2010, d'Arnaud Montebourg n'avait pendant longtemps "pas du tout l'intention de faire de la politique". Mais la présidentielle de 2017 a changé la donne, dit-elle.

"La décision que j'ai prise de quitter le métier de journaliste a été motivée par le score du FN et le traitement médiatique de la campagne", dit celle qui revendique un "cheminement" personnel à travers sa présidence de la Fondation Hulot (2017-2019). "Je ne suis pas passée de journaliste à femme politique du jour au lendemain", fait-elle encore valoir.

- Des JT "à son image" -

De sa première carrière, Audrey Pulvar restera comme la première femme noire à avoir présenté un JT sur une chaîne hertzienne. Son ex-collègue à France 3 Francis Letellier retient d'elle "sa force de caractère". "Elle ne se laissait pas dicter la conduite de son journal. Le 19/20 qu'elle faisait était à son image."

Quitte à se fâcher avec ses supérieurs, se souvient M. Letellier, pour qui cette indocilité a privé Audrey Pulvar de la présentation d'un 20H00. "Cela restera parmi les quelques petites blessures narcissiques", concède-t-elle.

Si la nomination de M. Montebourg dans le gouvernement Ayrault en 2012 lui coûte sa place à France Inter et dans l'émission "On n'est pas couché", elle rebondit aux Inrocks où elle est nommée directrice de la rédaction. Elle ne tient que 6 mois face au patron Matthieu Pigasse qu'elle avait défié d'entrée en clamant son indépendance.

"Elle avait plein de défauts, elle n'était pas forcément faite pour gérer un journal, mais par contre elle était très courageuse", se souvient un ancien journaliste de la rédaction.

- Courtes nuits -

Et une bosseuse, relève Ariel Weil, le maire de Paris Centre qu'elle secondait sur sa liste: "Quand je la taquine, je lui dis: tu es une polarde".

Cette résidente de la rive gauche dort peu. Aux aurores, elle se rend sur les quais de Seine pour son footing. Son besoin de se défouler - course à pied, yoga, gym, aviron, boxe -, est tout de même freiné par un Covid long remontant au printemps 2020.

"Présidente de région, j'aurais peut-être un petit peu moins de temps...", sourit-elle.

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