Accueil Actu

Musique: Dr Dan Levy et Mr Scarr

"On sait qu'un magicien a un truc, mais on y croit", résume Dan Levy, ex-moitié de The Dø: fin du mystère, début d'une histoire, c'est lui qui est derrière Scarr, projet électro captivant et intrigant apparu l'an passé.

L'avatar est un grand classique de la musique.

Damon Albarn, après Blur, s'est réinventé avec Gorillaz, groupe virtuel au départ dissimulé derrière des visuels signés Jamie Hewlett, dessinateur de la BD culte "Tank Girl".

Scarr (également écrit S+c+a+r+r) a déboulé avec un premier clip en mars 2020, seulement incarné depuis par les vidéos de ce drôle de personnage de synthèse, au pantalon trop court, danseur exalté en dépit de son embonpoint.

Officiellement, le label indépendant Cinq7 parlait sur ses réseaux d'un artiste souhaitant rester anonyme, produit par Dan Levy, conquis par des démos reçues par courrier.

Mais maintenant que les concerts ont repris --Scarr est programmé vendredi au Printemps de Bourges--, le multi-instrumentiste de l'ex-duo à succès The Dø ne se cache plus.

- Vikings -

"Ce n'était pas dans mon intention première de ne pas me montrer tout de suite, je suis allé là où le personnage m'a amené", confie à l'AFP Dan Levy. Le point de départ est simple. "Je fantasmais sur les réalisateurs, les créateurs de séries, je lisais des choses sur le personnage de Frankenstein, j'avais en tête l'image de cette cicatrice sur le front (en anglais +scar+, avec un seul r, veut dire cicatrice, ndlr), l'histoire du Dr Jekyll et Mr Hyde, la relation entre personne et personnage".

Dan Levy s'est fait tatouer Scarr sur un bras. Car derrière ce double virtuel, il est aussi question de chair et de sang. "Scarr, avec deux r, vient du nom de ma mère, qui est Anglaise. Vous portez le nom de votre père, vous ignorez donc une partie de l'histoire de votre mère. J'ai un père tunisien, dans ma tête j'étais fils de Tunisien. Mais j'ai réalisé sur le tard que ma mère avait encore son passeport anglais et je suis parti en Angleterre voir sa famille".

"Je ne les connaissais pas, c'est une famille d'armateurs de bateaux, qui descendent des Vikings, qui ont vécu des choses très dures, mais qui sont toujours combattifs", développe-t-il.

- "Je suis porté" -

On pense alors au clip de "Never give up" ("Ne jamais renoncer"). Après un accident de voiture, on voit Scarr danser à nouveau. Dan Levy raconte tout simplement l'après The Dø, aventure artistique et sentimentale longue de 10 ans. "Never give up", comme il le décrit, c'est "continuer coûte que coûte" à créer après la fin du duo et du couple qu'il formait avec la chanteuse Olivia Merilahti.

Elle s'est depuis lancée en solo sous le nom de Prudence (également programmée au Printemps de Bourges), lui a par ailleurs refait des musiques de films, recevant un César pour celle de "J'ai perdu mon corps".

Dans "The rest of my days" ("Le restant de mes jours") l'artiste évoque ce qu'il n'oubliera "jamais", ce qu'il a "fait avant", qui il a "aimé". Et "I had to leave" ("Je devais partir") revient sur la fin de The Dø, "on a fait un dernier disque (2014), on n'a pas attendu que ça se casse la gueule".

L'album de Scarr, "Cross out", belle électro mélancolique aux accents French Touch, est sorti début juin et vit maintenant sur scène. Quel sera le prochain chapitre ? "Les romanciers ont cette idée, c'est le personnage qui développe la trame, je suis porté par ce que le personnage me dit". A suivre.

À lire aussi

Sélectionné pour vous