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430 travailleurs sans-papiers en grève de la faim depuis le 23 mai: le gouvernement reste sur sa position

L'ONG Médecins du Monde a lancé un appel un appel urgent aux bénévoles, ce mercredi, afin de renforcer l'équipe de médecins, infirmiers, kinésithérapeutes et psychologues qui suivent l'état de santé des quelque 430 travailleurs et travailleuses sans-papiers en grève de la faim depuis plus d'1 mois à l'église du Béguinage et dans les réfectoires de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB).

"La seule chose que je demande, c'est d'avoir ma dignité, avoir un titre de séjour pour aller travailler dignement, légalement et contribuer à la société", explique Tarik, l'un des gréviste de la faim et travailleur sans-papier. "On en marre d'être exploités par nos patrons, de travailler 15 heures par jour et d'être payé 3 / 4 euros de l'heure. C'est inadmissible! C'est ça qu'on veut: juste un travail légal".

Pas de critères mais un travail dossier par dossier, selon le Premier ministre

Ce jeudi, le Premier ministre Alexander De Croo a été questionné à la Chambre. Le gouvernement s'en tient à une approche dossier par dossier, a-t-il expliqué. En d'autres termes, il n'y aura pas de régularisation collective de ces personnes qui ont cessé de se nourrir le 23 mai. "C'est l'approche de l'intelligence et du cœur", a-t-il ajouté, affirmant que la seule manière de prendre en compte la "vulnérabilité" de ces personnes, c'était un travail individuel comme le mènent l'Office des étrangers et le secrétaire d'État, Sammy Mahdi. À ses yeux, il n'est pas possible d'établir des critères et de les inscrire dans une loi.

Le secrétaire d'État a rappelé la position qui est la sienne depuis le début de l'action: il n'entend pas faire de la régularisation pour circonstances exceptionnelles fondée sur l'article de 9bis de la loi sur les étrangers un "nouveau canal de migration". "Cela ne me semble pas être une solution", a-t-il ajouté. Il n'est donc pas question de mener des campagnes de régularisation comme en 2000 et 2009, ni même de trouver une solution ad hoc pour les grévistes de la faim. "Il faut trouver une solution structurelle", a souligné M. Mahdi avant de rappeler les efforts consentis pour accélérer le traitement des demandes de séjour, l'investissement dans l'accompagnement en vue d'un retour des personnes dont la demande est rejetée et la création de zones neutres où les sans-papiers pourraient recevoir des informations et être accompagnées sans courir de risque.

Le secrétaire d'État a mené à ce sujet une concertation avec l'ULB et la VUB où se trouve une partie des grévistes de la faim. Il a répété son appel à cesser cette action et pointé du doigt ceux qui, sur le terrain, "jettent tous les jours de l'huile sur le feu".

Personne ne demande la régularisation collective de 150.000 personnes. Ce qui est demandé, c'est un peu de critère et de courage et un peu moins d'arbitraire

Aucun membre de la majorité ne s'est exprimé. Pourtant, du côté du PS et d'Ecolo, des appels ont été lancés pour trouver une solution. Les écologistes ont appelé à une large concertation tandis que le PS a plaidé pour l'établissement de critères de régularisation et la création d'une commission indépendante qui examinerait les demandes individuelles. L'opposition francophone a soutenu cette demande. "Personne ne demande la régularisation collective de 150.000 personnes. Ce qui est demandé, c'est un peu de critère et de courage et un peu moins d'arbitraire. Allez-vous camper sur la ligne du gouvernement précédent? " a demandé François De Smet (DéFI).

"Allez-vous vous rendre compte de ce qui se passe là-bas?" a renchéri Vanessa Matz (cdH). "Nous ne vous demandons pas non plus de régularisation collective mais critères clairs et non plus le fait du prince". "Quand on parle de personnes sans papiers, ce n'est pas abstrait, on parle de travailleurs sur les chantiers, du serveur qui vous serre un verre à une terrasse, de celui qui vous vend des légumes dans un magasin. On fait appel à eux quand on en a besoin, mais on refuse de les reconnaître", a fait remarquer Nabil Boukili (PTB).

Par contre, à droite, les nationalistes flamands s'opposent à toute régularisation. Le prédécesseur de M. Mahdi, Theo Francken (N-VA), lui a exprimé son soutien et accusé les socialistes francophones et les écologistes de donner de faux espoirs aux grévistes. "Qu'un signal clair soit donné: le point de vue du gouvernement est celui de M. Mahdi et pas un autre", a lancé le député.

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