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Rentrer en pleine pandémie: mission presque impossible pour les expatriés britanniques

Entièrement vaccinée en Espagne où elle vit, Joan Corrigan pensait qu'elle allait enfin pouvoir rentrer sans problèmes pour voir sa famille. Avant d'apprendre que son vaccin n'était pas reconnu au Royaume-Uni et qu'elle allait donc devoir observer une quarantaine.

"J'ai cru que je pourrais rentrer sans encombres mais je viens de comprendre qu'on allait me considérer comme pas vaccinée du tout", explique la quadragénaire qui s'est installée à Malaga, dans le sud de l'Espagne, quelques semaines à peine avant le début de la pandémie.

Les autorités britanniques ne reconnaissent pas les vaccins administrés à l'étranger. L'enseignante de 41 ans devra donc passer les dix premiers jours de ses vacances à l'isolement et débourser jusqu'à 300 euros pour des tests PCR.

"Je veux vraiment voir ma famille", explique-t-elle, jugeant "terriblement cruel" de lui demander d'observer une quarantaine, après ces mois "angoissants passés seule".

Et son sentiment est partagé par des dizaines de milliers d'expatriés britanniques vivant en Espagne ou dans le reste de l'Europe.

La plupart des pays européens étant classés orange par les autorités britanniques, ces expatriés doivent se placer en quarantaine à leur arrivée au Royaume-Uni et prouver qu'ils ont payé à l'avance au moins deux tests PCR, sous peine de lourdes amendes.

Et la bonne nouvelle de la levée de la quarantaine pour les personnes entièrement vaccinées le 19 juillet est vite retombée comme un soufflé pour les expatriés, cette règle ne s'appliquant qu'aux personnes vaccinées par le service de santé britannique, le NHS.

"Ce sont les mêmes vaccins, mais seuls ceux qui ont reçu l'injection via le NHS peuvent voyager", déplore David Young, 40 ans, employé d'une groupe informatique.

"Quelqu'un comme moi qui a eu Pfizer, un vaccin reconnu au Royaume-Uni, ne peut pas pour autant voyager facilement au Royaume-Uni parce que mon certificat de vaccination n'est tout simplement pas reconnu".

- "Horriblement chers" -

"C'est une catastrophe, vraiment, le coût du retour au Royaume-Uni est exorbitant", explique Tristram Congreve, 57 ans et responsable d'un magasin de location de vélos à Malaga, qui a annulé la randonnée en Ecosse qu'il avait prévu de faire ce mois-ci.

"Les vols approchaient les 80 livres mais tous les tests Covid atteignaient les 450 livres, en plus de la quarantaine qui aurait compliqué les choses", regrette-t-il.

"Le +Jour de la liberté+" - comme est surnommé le 19 juillet qui a vu une grande partie des restrictions levées en Angleterre - "a surtout changé les choses pour les Britanniques vivant en Grande-Bretagne, mais pour les gens qui veulent rentrer voir leurs proches, on n'a pas l'impression que cela ait changé quoi que ce soit".

Nombreux sont les Britanniques expatriés en colère qui ont dû renoncer à rentrer pour l'été.

"Ça n'a aucun sens! Les contradictions sont totalement ahurissantes", fulmine Mike Battle, 49 ans qui vit en Espagne depuis 27 ans et a jeté l'éponge.

"Cela affecte la vie des gens, leurs affaires, les familles et ces décisions sont prises au petit bonheur la chance sans logique véritable. La bêtise semble être devenue la norme".

Corrigan, elle, est sur le point de partir pour Belfast alors que le nombre de cas explose de nouveau en Espagne.

"Je suis partagée: d'un côté, j'espère qu'ils vont assouplir ces règles ridicules pour les expatriés. Et de l'autre je suis terrifiée à l'idée que l'Espagne soit classée rouge" par le Royaume-Uni, ce qui l'obligerait à payer à son arrivée un séjour de dix jours dans un hôtel habilité à l'accueillir pour sa quarantaine.

"Les prochains jours vont être très, très stressants".

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