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Pass sanitaire: après les manifestations, Macron à l'offensive

Les manifestations du week-end contre le pass sanitaire ont poussé l'exécutif, Emmanuel Macron en tête, à passer à l'offensive entre condamnations des violences et pédagogie sur les vaccins, face à la flambée de l'épidémie de Covid dans presque tout le pays.

"Certains d'entre vous entendent de fausses rumeurs, parfois n'importe quoi, il faut bien le dire... Alors j'ai décidé de répondre directement à vos questions." Teint hâlé et T-shirt noir, le président de la République s'est fendu lundi d'une vidéo artisanale, de sa résidence estivale du fort de Brégançon (Var), diffusée sur les réseaux sociaux - seul un drapeau français en arrière plan rappelant la solennité de sa fonction.

Dans une première réponse, adressée à "un jeune homme en bonne santé qui se demandait pourquoi se faire vacciner, le président l'a notamment incité à le "faire pour ses proches", soulignant qu'il réduirait ainsi "le risque d'en contaminer d'autres".

Ces premières vidéos, qui affichaient plus d'un million de vues lundi après-midi, se veulent pédagogiques. Car samedi, ils étaient plus de 200.000 manifestants partout en France, selon le ministère de l'Intérieur, à protester contre le pass sanitaire, rassemblements donnant souvent lieu à des outrances, parfois à des violences.

Depuis, l'exécutif est à la recherche de sa ligne de crête, entre marginalisation des opposants les plus radicaux et pédagogie envers les indécis.

"Il ne faut pas donner une importance excessive à une minorité violente", a estimé lundi sur RFI le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes Clément Beaune, tout en reconnaissant qu'il existait "des angoisses sur le vaccin lui-même, sur la façon dont va se passer la rentrée scolaire, se dérouler la mise en place du pass sanitaire". "Ça, nous devons l'expliquer", a-t-il affirmé.

Au-delà, c'est la capacité du mouvement protestataire à s'étendre qui est redoutée, alors que les cortèges ne cessent de grossir au fil des week-end, en s'en prenant avec toujours plus de véhémence à Emmanuel Macron, laissant craindre des manifestations du type "gilets jaunes".

Ultime inquiétude: la décision - toujours incertaine - du Conseil constitutionnel, attendue jeudi, à propos de la loi étendant le pass sanitaire notamment aux bars, restaurants ou trains.

Pour tenter de peser sur la décision des Sages, le collectif d'avocats "DejaVu.legal" a annoncé lundi avoir déposé, au nom de 50.000 citoyens, un mémoire dénonçant le "caractère disproportionné des atteintes causées aux libertés individuelles" par le pass sanitaire.

- 90% de vaccinés ? -

Dans l'entourage du Premier ministre, on affirme "comprendre qu'il puisse y avoir des inquiétudes" mais on veut croire que "l'épreuve en réel du pass sanitaire convaincra la plupart des indécis et des dubitatifs", en renvoyant à la méfiance qui s'était exprimée lors de la mise en place des attestations de déplacement.

Alors que la situation sanitaire a été jugée "dramatique" par Jean Castex en Martinique, Guadeloupe et à La Réunion, à nouveau confinées, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a pour sa part assuré dans Libération que le pass sanitaire y serait mis en place "lorsqu'on mettra fin aux mesures de freinage", tout en ouvrant la voie à une adaptation "soit sur le calendrier, soit sur les lieux concernés".

Dans la nuit de samedi à dimanche, des heurts entre manifestants et forces de l'ordre avaient éclaté à Fort-de-France, lors desquels un centre de vaccination a été incendié par la foule, alors que l'île antillaise connaît à la fois l'un des plus forts taux d'incidence du pays (plus de 1.000 cas pour 100.000 habitants) et l'un des plus faibles taux de vaccination de sa population (environ 15%).

Ultra contagieux, le variant Delta continue sa course sur l'ensemble du territoire national comme dans d'autres pays. Pfizer et Moderna vont augmenter le tarif des vaccins vendus à l'Union européenne pour les adapter aux variants, a indiqué Clément Beaune, confirmant une information du Financial Times, sans préciser le montant de la hausse.

Les hôpitaux en France comptaient lundi 7.840 patients Covid (soit 761 de plus qu'une semaine plus tôt), dont 1.232 dans les services de soins critiques (contre 952 lundi dernier).

Toutefois, la progression de l'épidémie semble ralentir, laissant entrapercevoir un "plateau" au cours du mois d'août.

Autre signe d'espoir, la bonne tenue de la campagne de vaccination: alors que 42,6 millions de personnes ont reçu au moins une dose, le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale Alain Fischer a estimé lundi "possible" d'atteindre l'immunité collective, avec 90% de la population vaccinée au "début de l'automne".

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