Accueil Actu

Réforme du droit pénal sexuel: la majorité sexuelle doit-elle être abaissée à 14 ans? Pour cette psychologue, c'est non

La réforme du droit pénal sexuel fait débat. Actuellement, la majorité sexuelle est établie à 16 ans dans notre pays. Seule exception : entre 14 et 16 ans, la loi permet à un jeune de donner son consentement éclairé pour avoir une relation sexuelle, à condition que la différence d'âge avec le partenaire s'élève à maximum 5 ans. Les députés se penchent bientôt sur une réforme de cette loi. Et les pistes sont nombreuses : tout garder en l’état, ou amener la majorité sexuelle à 14 ans, ou la laisser à 16 ans.

A quel âge faut-il placer la majorité sexuelle? D'après le journal Le Soir, la majorité VIVALDI devrait maintenir la majorité sexuelle à 16 ans. En clair, si un adolescent entre 14 et 16 ans a une relation amoureuse cela sera considéré comme un viol sauf si la différence d'âge entre les partenaires est de moins de 2 ans contre 5 dans la loi actuelle. Donc par exemple, un jeune de 15 avec un jeune de 17 ans, ça irait. 

Pour en débattre et connaître les grandes lignes de la réforme du droit pénal sexuel, plusieurs intervenants étaient les invités de Christophe Deborsu sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" ce midi. Parmi les invités: Coralie, 23 ans, qui à fait sa première fois à 14 ans témoigne. Françoise Hoornaert, est contre l'abaissement de la majorité sexuelle à 14 ans, elle est psychologue coordinatrice de l’équipe SOS enfants de Mouscron-Tournai et membre du comité de projets de l'asbl YAPAKA, et elle explique comment, à cet âge, on se développe. Maxim Töller, un avocat pénaliste au Barreau de Liège, est lui favorable à cet abaissement et montre les défaillances du système actuel. Et enfin, Nathalie Gilson est une députée fédérale du MR et représente VIVALDI. 

Des jeunes regrettent avoir fait leur première fois à 14 ans, explique la psychologue 

Coralie a fait sa première fois à 14 ans. Aujourd'hui âgée de 23 ans, cette éducatrice spécialisée a témoigné sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche". Aujourd'hui, elle est "mitigée" face à cet acte, et ne sait pas trop en quoi en penser. "Moi dans un sens je pense que c'était quand même assez tôt mais d'un autre côté j'étais assez préparée on va dire dès l'âge de 12 ans, l'école avait quand même instauré des vidéos, des brochures, etc donc j'étais quand même un petit peu au courant. Mais pour moi c'est quand même assez tôt, c'est pour ça que je suis pour la majorité sexuelle à 16 ans", explique-t-elle. 

"Dans mon cas c'était un peu mon premier amour, on était jeunes et tout mais on commençait beaucoup à parler de ça, et on s'était dit pourquoi pas. C'est pour ça que je suis un peu entre les deux", ajoute-t-elle. La psychologue Françoise Hoornaert est visiblement d'accord avec ses propos: "Je pense que Coralie résume bien la question qui est que quand on est pris dans une histoire d'amour et qu'on a des jeunes du même âge avec leur même façon d'apprivoiser leur sexualité, il est clair que voilà il n'y a pas de problème", débute-t-elle. 

"Entre 12 et 14 ans, les jeunes apprivoisent toutes ces nouveautés du corps, ces désirs nouveaux qui naissent, ils doivent apprivoiser leur propre corps. Et donc à 14 ans, si on doit avoir une relation sexuelle, on peut pas, on est tellement pris par son propre corps et ses propres désirs que rentrer dans le désir de l'autre c'est compliqué. Entendre s'il est consentent ou pas consentent, respecter son partenaire quand on est saisi par le pulsionnel, on a du mal à gérer ça. Et donc demander à deux jeunes de 14 ans de consentir à une relation sexuelle c'est compliqué", détaille la psychologue. 

Si elle est contre l'abaissement de la majorité sexuelle à 14 ans, c'est aussi parce qu'au quotidien, elle est confrontée à des jeunes qui regrettent avoir fait leur première fois à cet âge là. "J'ai l'exemple d'une jeune fille, qui a eu un petit ami de 17 ans, et aujourd'hui elle vient me consulter, elle en a 16 et elle a une autre relation. Et elle dit, 'les gestes qu'il a posé sur moi, à l'époque lorsque j'avais 14 ans, je ne mesurais pas ce qu'il me voulait, je ne comprenais pas' parce que c'était deux niveaux de sexualité différents. Et puis aujourd'hui elle est prise dans une culpabilité en disant 'mais j'aurais dû me défendre, pourquoi je l'ai pas fait? est ce que je vais pouvoir avoir une sexualité? Puisque je n'ai pas aimé ça'... C'était beaucoup trop jeune. Une plainte va être déposée contre ce jeune homme, ce qui est illogique, mais en même temps elle, elle a un statut de victime à faire reconnaître", explique la psychologue. 

Une réforme qui encadre le développement du jeune  

Nathalie Gilson éclaire les invités sur la direction que va prendre la réforme du droit pénal sexuel. "On a voulu encadrer le développement de l'individu, du jeune qui est à la découverte de soi, qui est dans la construction de sa personnalité. Et donc on permet que entre deux jeunes entre 14 et 16 ans avec un maximum de 2 ans d'écart, il y ait cette découverte de l'autre, petit à petit. Un jeune de 14 avec un jeune de 16, un jeune de 15 avec quelqu'un de 17", détaille-t-elle, confirmant l'information du média 'Le Soir'.  

"Le moteur de cette décision est de protéger les enfants. Il y a des situations dans lesquelles les réseaux sociaux et internet donnent des contenus pornographiques auxquels sont confrontés les enfants donc c'est important de mettre un cadre clair: 16 ans c'est la majorité sexuelle. Et avant, on se découvre entre personnes qui sont dans le même état d'esprit de construction de soi des adolescents", détaille-t-elle. 

Et pour la psychologue, c'est la direction à prendre: "C'est la bonne façon de faire qui tient compte de cette période particulière qu'est l'adolescence, qui est une période de crise. 14 ans avec deux ans d'écart c'est le même niveau de développement sexuel et ça veut dire qu'on peut consentir. Lorsque vous avez un homme adulte, il a une sexualité d'adulte avec une expérience d'adulte" qui ne correspond pas à celle d'un jeune en développement de son identité. 

À lire aussi

Sélectionné pour vous