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Faut-il croire les régimes "anti-cancer"? Une spécialiste démêle le vrai du faux

À quelques jours de la grande soirée de clôture du Télévie, la question des régimes alimentaires dits "anticancer" était abordée dans le RTLINFO Bienvenue. Anne Boucquiau, directrice médicale de la Fondation contre le cancer et médecin nutritionniste, était sur le plateau pour répondre aux questions de notre journaliste Alix Battard. 

On voit de plus en plus de régimes qui sont proposés avec comme argument qu'ils sont "anti-cancer". Est ce que c'est vrai ?

Régime "anticancer", c'est vraiment un terme erroné. Parce qu'on pourrait tout de suite imaginer que ça va être un régime miracle et que grâce à ça on n'aura pas de cancer. Ça, c'est tout à fait faux. Par contre, il y a des liens très forts entre l'alimentation, la nutrition et les cancers. Ça, c'est tout à fait prouvé et vraiment très, très solidement.

Pour autant les régimes qui sont labellisés anticancer, est-ce qu'ils sont dangereux ? Généralement ils prônent une alimentation plutôt saine. Est-ce qu'on peut considérer que c'est embêtant de les suivre ?

Alors à partir du moment où ils préconisent une alimentation saine et équilibrée, il n'y a pas de souci. Le danger, c'est quand on oriente vers des régimes qui sont moins variés parce qu'alors on préconise d'utiliser certains aliments en grande quantité et du coup forcément, ça veut dire qu'on va manger déséquilibré.

Certains régimes anticancer mettent carrément toute une partie d'aliments de côté ou préconisent de n'en manger plus que quelques-uns ?

C'est ce qu'il faut éviter. D'abord, ils n'ont pas fait la preuve vraiment d'une efficacité si c'est vers ça qu'on va. Certains aliments ont des propriétés, notamment des propriétés antioxydantes etc. Mais dans le cadre d'une bonne alimentation...

Plus le poids est important, plus le risque de cancer sur différents organes augmente.

Qui sont bonnes dans le cadre de la prévention du cancer ?

Oui, mais les grandes recommandations, c'est d'abord de faire attention à son poids. Et ça, c'est quelque chose qui n'est pas nécessairement connu. On le sait bien pour le diabète etc. Pour le cancer, le lien n'est pas nécessairement fait. Or c'est un lien très, très fort. Plus le poids est important, plus le risque de cancer sur différents organes augmente. Au-delà de ça, il y a évidemment la composition de l'assiette. Là, ce qui est tout à fait évident, c'est qu'il faut favoriser une alimentation principalement axée sur des végétaux. Beaucoup de légumes. Des céréales complètes et des quantités de viande qui soient raisonnables. Ce n'est pas préconisé nécessairement de ne pas en manger du tout hein mais ne pas dépasser par exemple 300 à 500 grammes maximum par semaine. Un point important aussi, ce sont les boissons : éviter les boissons sucrées parce qu'évidemment c'est une cause de surpoids et puis il y a aussi des liens avec l'insuline. Mais aussi les boissons alcoolisées. Ça fait quand même partie intégrante de notre société, on ne parle pas du tout d'alcoolisme, on parle simplement de la consommation. Même dans un cadre un peu festif de boissons alcoolisées. Il y a un lien très fort entre alcool et cancer.

La fondation contre le cancer vient justement de publier un fascicule avec des recettes riches en calories et protéines. Ce sont des recettes qui sont recommandées pour les personnes atteintes d'un cancer. Donc ça accrédite quand même aussi les régimes "anticancer". Il y a quand même une forme d'alimentation qui aide le malade ?

Le lien entre alimentation et cancer est très important, mais il est aussi complexe. Donc, c'est un livre de recettes qui vient d'être réédité, qui est axé principalement sur un apport plus riche en calories. Donc ça ne convient pas à monsieur et madame tout le monde. Sinon tout le monde va prendre du poids. Donc plus riches en calories et plus riche en protéines, parce que ce sont deux facteurs très importants. Dès le départ, dès le moment où il y a un diagnostic, le patient devrait bénéficier directement d'un bilan nutritionnel pour voir quel est son poids à ce moment-là, combien il a de masse musculaire, de masse grasse et d'eau. L'objectif, ça va pas être de lui faire perdre du poids à aucun moment pendant les traitements. Parce que le fait de perdre du poids et de risquer d'aller vers la dénutrition et voire la cachexie, ça peut vraiment aggraver le pronostic du patient. Donc c'est vraiment très important de maintenir un poids stable et une masse musculaire aussi qui soit stable. 

Même si on est en surpoids ?

Exactement. Donc, avant la maladie, en terme de protection, il vaut mieux avoir un poids santé. Une fois que la maladie est là, ce n'est pas le moment de faire quoi que ce soit comme régime restrictif. Aucun. Pas de jeûnes. Il y a des croyances par rapport à ça. Alors que les dangers sont plus importants que les bénéfices.

Un mot aussi sur les compléments alimentaires, qui sont de plus en plus labellisés "anticancer". Est-ce qu'il y a des formules efficaces ? Est -ce qu' il y a des compléments alimentaires aujourd'hui que vous préconisez ?

En termes de compléments alimentaires, les recommandations scientifiques, là je parle vraiment de recommandations internationales, elles sont très très, très claires. C'est d'éviter les compléments alimentaires en dehors d'une prescription médicale. Quelqu'un a une carence, là ça peut tout à fait se justifier. Mais pas d'automédication parce qu'en fait si on est d'accord qu'elles peuvent avoir des molécules actives. Il faut aussi être logique, elles peuvent aussi avoir des effets secondaires ou bien des interactions dangereuses avec les traitements. Et donc là, ça peut jouer. Par exemple, on prend un antioxydant mais en fait le traitement la chimiothérapie qu'on prend c'est pro-oxydant pour tuer les cellules cancéreuses. Donc l'un et l'autre vont être en opposition et vont diminuer l'efficacité.

Les compléments alimentaires sont pris par facilité alors que tout est présent dans l'alimentation ? Absolument. Maintenant, dans le cadre de la pathologie diagnostic, il faut vraiment avoir un encadrement par un professionnel de la santé pour voir, si éventuellement, il y a des adaptations à faire. 



Pour rappel, cette année le centre de promesses démarre une semaine avant la soirée de clôture qui aura lieu samedi prochain, soit le 18 septembre. Pour joindre le centre de promesses qui sera ouvert toute la semaine de 8h à 21h, il suffit de composer le numéro gratuit 0800/98 800.

Il est également possible de réaliser une promesse de don sur le site "televie.be". Ou par sms: faites le 8000 puis encodez votre numéro de compte, puis un espace, puis le montant choisi.

Rappelons que la moitié des fonds de la recherche contre le cancer en Belgique francophone proviennent du Télévie. Plus de 200 chercheurs sont financés par le Télévie.

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