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"Il faut arrêter de culpabiliser les gens": débat électrique entre Georges-Louis Bouchez et Yann-Arthus Bertrand à propos du climat

Nouvelle marche pour le climat ce dimanche, à Bruxelles, après un an et demi de pause. Les différentes voix se sont fait entendre sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche". Entre Georges-Louis Bouchez et Yann-Arthus Bertrand, le débat est tendu. Chacun envisage l’avenir à sa manière.

Comme ça a été de nombreuses fois le cas avant la crise sanitaire, des milliers de jeunes (et moins jeunes) se réunissaient dans les rues afin de militer contre le réchauffement climatique. Ce dimanche, ils descendent à nouveau dans les rues de Bruxelles après un an et demi de pause.

Sur le plateau de "C’est pas tous les jours dimanche", c’était l’occasion de revenir sur ces grands enjeux qui continuent d’en inquiéter plus d’un. Pour Yann-Arthus Bertrand, photographe et réalisateur du film Legacy, il est impératif de changer notre façon de vivre en "limitant absolument les énergies fossiles, c’est-à-dire en luttant contre la croissance, le graal de tout gouvernement." Pour lui, il faut envisager une décroissance et cela passerait donc nécessairement par une diminution de notre niveau de vie. "La décroissance, personne n’en veut. Moi non plus je ne veux pas de décroissance. J’ai envie de continuer à consommer comme je consommais avant mais on va être obligé de le faire parce qu’on doit respecter la vie sinon on est coupable de ce qui va se passer", a-t-il dit avant de poursuivre. "Est-ce qu’on est capable, en tant qu’être humain, pour sauver des vies d’arrêter de consommer ?"

Il faut dire ce qui doit changer et arrêter aussi de trouver un responsable qui serait un autre que nous

Face à cette manière de voir les choses, le président du Mouvement Réformateur Georges-Louis Bouchez réagit. Bien qu’il soutienne que des actions doivent être prises dans le futur pour lutter contre le réchauffement climatique, il n’envisage cependant pas l’avenir de la même façon que le photographe et réalisateur. "Sur le constat, tout le monde est d’accord. Mais je suis fatigué dans les débats sur le climat. Je trouve que le sujet est trop sérieux pour qu’on continue à lancer des grands poncifs selon lesquels il faut que ça change. A un moment donné, il faut dire ce qui doit changer et arrêter aussi de trouver un responsable qui serait un autre que nous. Culpabiliser l’individu ne changera rien", a-t-il déclaré.

Pour lui, la question n’est pas dans la décroissance mais, au contraire, dans les investissements à faire dans les nouvelles technologies. "Aujourd’hui, pour maintenir un niveau de vie qui est le nôtre, on a des besoins d’énergie qui, manifestement, vont aller en s’accroissant." Deux options s’ouvrent dès lors à nous, expose le président du MR, soit investir dans des technologies pour que ces moyens en énergie soient compensés de façon neutre en carbone ou produits de façon neutre en carbone. Soit, on fait "le chemin arrière" pour diminuer notre niveau de vie.

Une option qui pose problème

C’est précisément l’argument soutenu par Yann-Arthus Bertrand. "Cela pose au moins deux problèmes, poursuit Georges-Louis Bouchez. On a eu un phénomène de décroissance lors du premier lockdown. Et quelle a été la première réaction des pouvoirs publics ? Faire des chèques et des aides à tout le monde pour maintenir un niveau de vie. Deuxième élément qui va être problématique, c’est que ça va être très compliqué pour des Européens d’aller dire à des Indiens, à des Brésiliens, à des Chinois… qu’ils n’auront jamais notre niveau de confort de vie parce que nous avons trop pollué et trop exploité la planète pendant des années. C’est pour ça qu’on a un investissement à faire en recherche des technologies."

Bref, on l’a compris : les deux hommes ne sont pas sur la même longueur d’onde en ce qui concerne les solutions à prendre face au réchauffement climatique. "Ça ne veut pas dire que les deux voix ne peuvent pas un peu se mélanger l'une à l'autre mais, je le répète, la culpabilisation de l'individu ne changera rien", souligne Georges-Louis Bouchez. Sur le fond, les deux interlocuteurs sont finalement du même avis : "On est tous d’accord autour de cette table, je ne vois pas de contradiction autour de nous aujourd’hui. On a tous envie de sauver la vie sur terre et nos enfants", a conclu Yann-Arthus Bertrand.

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