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Des hôpitaux belges ferment des lits de soins intensifs par manque de personnel: "Les soignants n'en peuvent plus"

En théorie, les hôpitaux belges disposent de plus de 2.000 lits en soins intensifs mais, contrairement aux précédentes vagues de Covid-19, ce n'est pas tout à fait le cas dans la pratique.

Il y en effet désormais trop peu de personnel pour les prendre en charge. Pour le moment, dans les services de soins intensifs, il est ainsi estimé qu'environ 5% des lits sont "perdus", c'est-à-dire indisponibles pour accueillir un patient, rapporte De Standaard vendredi. La tendance est aussi notable dans les services normaux des hôpitaux, avec là aussi une capacité réduite.

"Nos marges s'amenuisent", résume Marcel Van der Auwera, le chef du département Aide d'urgence du SPF Santé publique et de l'Hospital & Transport Surge Capacity Comité - HTSC, qui surveille au quotidien la situation. "Nous n'avons pas d'aperçu des contaminations du personnel par hôpital, ni de l'absentéisme, mais les lits fermés que les hôpitaux nous communiquent donnent une image indirecte de leur capacité."

Une situation qui peut par exemple se vérifier au Chirec. Le taux d'absentéisme y est important en raison de l'épuisement provoqué par la crise et les infirmières, notamment, sont alors en sous-effectif. "Nous devrions être 5 infirmières le matin. Dans les faits, nous sommes souvent 3 ou 4", confirme Moniklor Kanayarubira, infirmière aux soins intensifs du Chirec. Cela augmente dès lors la charge de travail. "On fait vite les choses, ou alors on fait l'essentiel en n'allant pas au bout des choses, ce qui est aussi frustrant pour nous", précise-t-elle ensuite.

L'hôpital a donc fait appel aux intérimaires, mais ils sont débordés. Il lui manque 80 personnes pour faire tourner l'hôpital dans sa capacité maximale. "Les gens préfèrent aller travailler dans les centres de vaccination où le travail est nettement plus léger", raconte le Docteur Philippe El Haddad, directeur général médical du Chirec. L'hôpital a fermé 6 de ses 34 lits de soins intensifs. Du personnel venu du Portugal, de la Roumanie ou encore du Liban est donc attendu en renfort.

Des lits indisponibles pour des raisons techniques

M. Van der Auwera reconnait que certains lits ne sont pas disponibles aussi pour des raisons techniques, comme pour la rénovation d'une aile. "Mais soyons réalistes au sujet de ces chiffres en hausse: je ne pense pas que les hôpitaux envisagent la 4e ou 5e vague comme un moment idéal pour des travaux de rafraichissement."

Les lits indisponibles se retrouvent dans tous les hôpitaux, que ce soit Bruxelles, Namur, Liège, Gand ou Louvain. Peu d'infrastructures échappent en outre à la pénurie de personnel. 

La solidarité est toutefois à l'œuvre entre collègues mais celle-ci pèse également, selon Marcel Van der Auwera, qui capte aussi beaucoup de signaux de burn-out. "Les hôpitaux me rapportent cela car, quand les soignants sont appelés à rejoindre un département Covid, ils se portent aussi parfois malades. Ils n'en peuvent plus. D'autres jettent aussi l'éponge définitivement et cherchent un autre emploi. Ce qui est compréhensible: les décès quotidiens sont pour le grand public un fait divers, mais ces personnes sont confrontées à un nombre hors norme de mourants. Nous le sous-estimons."

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