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Des Australiennes à bord d'un avion de Qatar Airways portent plainte après avoir été forcées de subir un examen gynécologique

Tout a commencé par un message inquiétant émis par l'interphone du vol, exigeant que toutes les femmes à bord débarquent de l'avion avec leur passeport.

Les passagères confuses, dont certains craignaient qu'il s'agisse d'un incident terroriste, ont ensuite été emmenées par des gardes dans un ascenseur jusqu'aux ambulances en attente – sans aucune idée de ce qui les attendait.

Une des femmes prénommée Anna qui faisait partie du groupe à bord du vol 908 de Qatar Airways raconte cet épisode traumatisant dans l'émission "60 minutes": "Je pensais que nous allions être kidnappées ou détenues pour demande de rançon. Je craignais que nous allions être violées et que mon enfant soit emmené et que je ne reverrais plus jamais ma famille. C'était le moment le plus effrayant de ma vie. Je pleurais, je tremblais et serrais mon bébé. Je ne voulais pas monter dans un ascenseur avec des gardes armés ne sachant pas où nous allions et où nous étions emmenées."

Une fois à l'intérieur de l'ambulance, une infirmière lui a brièvement expliqué ce qui se passait et lui a dit de s'allonger sur le lit. 

"Elle a attrapé mon pantalon et mes sous-vêtements et elle les a enlevés", a déclaré Anna.

"C'était une humiliation, un abus de pouvoir et une violation de mes droits humains."

"Personne n'est autorisé à me toucher, personne n'est autorisé à me déshabiller sans mon consentement et c'est ce qui m'est arrivé dans un grand aéroport, l'un des plus grands aéroports du monde avec une grande compagnie aérienne."

Pendant ce temps, une autre passagère Sophie a déclaré à lémission 60 Minutes que l'expérience l'avait laissée avec un traumatisme grave, confirmant qu'elle avait informé la police fédérale australienne de l'incident dès son retour en Australie, révèle le Daily Mail Australia.

Des femmes ayant subi un examen gynécologique forcé à l'aéroport de Doha vont poursuivre les autorités qataries auprès de la justice australienne, demandant réparation pour une épreuve qui a suscité une condamnation mondiale, a annoncé leur avocat à l'AFP lundi.

Des passagères de dix vols de Qatar Airways au départ de Doha, dont 13 Australiennes, ont été soumises à des examens fin 2020 afin de retrouver la mère d'un bébé abandonné dans les toilettes de l'aéroport. L'incident a alimenté les inquiétudes sur le traitement des femmes au Qatar, pays du Golfe qui se prépare à accueillir des milliers de visiteurs pour la Coupe du monde de football de 2022.

Damian Sturzaker, avocat du cabinet Marque Lawyers à Sydney, a annoncé que sept des passagères concernées préparent une action judiciaire. Il s'agit d'"envoyer aux autorités du Qatar le message selon lequel ils ne peuvent pas traiter les femmes de cette manière", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les plaignantes veulent des excuses formelles, une compensation et une protection pour les passagères transitant par cet aéroport. Le Qatar est une monarchie musulmane ultra-conservatrice, où les relations sexuelles et la pro-création hors mariage sont passibles de peines de prison.

Le pays peine, en amont de la Coupe du monde, à convaincre les sceptiques de la crédibilité de ses promesses en matière de droits des femmes, de droit du travail et de démocratie. Face aux menaces que l'incident faisait planer sur la réputation du pays, le Qatar s'est engagé à assurer à l'avenir "la sûreté et la sécurité" des passagers. Le Premier ministre du pays a aussi formulé des excuses et un policier de l'aéroport qui a supervisé les examens aurait été condamné.

Mais, selon M. Sturzaker, les victimes veulent mettre en avant leur affaire avant le tournoi de la FIFA afin de s'assurer que les femmes soient bien informées avant de se rendre au Qatar. "Elles doivent être conscientes que, malgré l'apparence d'un aéroport et d'une compagnie nationale hautement développés et modernisés, ces événements se sont produits et que rien n'empêche qu'ils se reproduisent", a-t-il insisté.

L'ambassade du Qatar à Canberra et Qatar Airways n'ont pas répondu aux sollicitations. M. Sturzaker a précisé que la plainte serait déposée dans les prochaines semaines en Australie contre l'autorité aérienne civile du Qatar, l'aéroport international Hamad, Qatar Airways et le gouvernement qatari. 

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