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L’opération pour l’endométriose de Renata annulée à cause du Covid et de la pénurie du personnel soignant

C’est complètement désemparée et dans l’incompréhension totale que Renata, 35 ans, a pressé le bouton orange Alertez-nous. Elle devait subir une opération pour son endométriose à l'hôpital Delta ce jeudi. Mais la veille, son médecin a annulé l’intervention. En cause ? Le passage des hôpitaux à la phase 1B imposant de réserver la moitié des lits de soins intensifs aux patients Covid. Selon le directeur général du groupe hospitalier, la résurgence de l'épidémie n'est pas seule en cause, il pointe aussi du doigt la pénurie du personnel soignant.

Renata a poussé le bouton orange Alertez-nous après que son intervention chirurgicale prévue depuis quatre semaines a été annulée. "Annulation de mon opération d’endométriose à cause du Covid", écrit-elle. Âgée de 35 ans, la Portugaise nous confie souffrir beaucoup à cause de cette maladie gynécologique (en savoir plus sur l'endométriose). L’annulation de cette intervention qu’elle attendait avec impatience l’attriste donc fortement. "J’ai beaucoup de douleurs, des saignements… Cela m’empêche de vivre normalement. Je dois prendre des médicaments avec de la morphine deux fois par jour et des anti-douleurs", détaille cette mère de deux enfants.

Mardi, Renata s’était pourtant rendue à l’hôpital bruxellois Delta – où elle devait être opérée ce jeudi – afin de réaliser tous les examens préopératoires. "J’ai tout fait : électrocardiogramme, test Covid, prise de sang… J’ai parlé avec l’anesthésiste et tout se passait bien", explique-t-elle. Mais le lendemain, vers 16 heures, elle reçoit un appel de son médecin : l’opération est annulée et reportée à une date ultérieure, qui n’est pas encore connue. En cause ? Les hôpitaux doivent désormais repasser en phase 1B dès ce vendredi 19 novembre, ce qui signifie que la moitié des lits en soins intensifs doivent être réservés pour des patients Covid. "Je comprends que les personnes qui ont le Covid doivent être soignées mais nous ? Pour moi, mon opération était très importante et urgente. Je vais chez la psychologue pour m’aider et elle me disait justement ‘courage, jeudi tu vas gagner une nouvelle vie’.  Mais je ne gagne rien du tout, je perds de nouveau", glisse-t-elle avec beaucoup d’émotions.

Elle a en effet l’impression que sa maladie n’est pas prise au sérieux et qu’elle passe après tout ça. "Je suis très stressée maintenant, je ne sais pas quand mon opération sera reportée. J’ai téléphoné à l’hôpital et ils ne savent pas me dire." Mais les hôpitaux, pour le moment, sont sous pression. Et le Covid n’est pas le seul facteur responsable des annulations des interventions. Il y a aussi la pénurie du personnel soignant. "L’adjonction de ces deux facteurs fait qu’on rencontre des problèmes pour pouvoir répondre à la demande de tout le monde et donc on doit reporter des opérations", confirme le docteur Philippe El Haddad, directeur général médical du groupe hospitalier Chirec auquel appartient l'hôpital Delta.

On privilégie toujours les opérations urgentes et vitales, comme, par exemple les personnes atteintes d’un cancer

Des interventions annulées depuis la semaine passée

A l’hôpital Delta, des interventions sont annulées depuis la semaine passée. "On privilégie toujours les opérations urgentes et vitales, comme, par exemple les personnes atteintes d’un cancer. Ici, on a demandé au service de gynécologie de reporter les opérations qui étaient reportables. Le gynécologue de Madame a estimé que son opération n’était pas urgente mais il va reprendre contact avec elle pour fixer une nouvelle date pour son opération", explique le docteur Philippe El Haddad, qui avoue tout de même comprendre la position des patients se trouvant dans une telle situation. "Je comprends très bien mais on ne sait pas faire autrement… Pour la personne elle-même, quand elle sait qu’elle va être opérée tel jour, cela devient quasiment vital, et ce peu importe l’opération. La personne se prépare psychologiquement, elle prend ses dispositions… C’est une préparation psychologique et logistique."

J’ai dû fermer 27 lits par manque de personnel

Actuellement, l’hôpital Delta compte 28 patients Covid, dont 4 en soins intensifs. Avec le passage à la phase 1B, cela vient restreindre davantage la capacité d’accueil des patients non-Covid. "Tout ce qui est programmé, on ne peut l’assurer à cause de ce qui doit être respecté, note le directeur général médical du Chirec. On doit bloquer la moitié des lits de soins intensifs avec la phase 1B, c’est-à-dire 8 lits chez nous. A côté de ça, on doit aussi bloquer des lits en hospitalisation. On considère qu’un malade Covid aux soins intensifs correspond à 6 malades dans une unité de soins. Donc, à Delta, on doit bloquer 48 lits pour les malades Covid. Et en plus de ça, j’ai dû fermer 27 lits par manque de personnel."

Il faut que les gens se vaccinent pour sortir de ce problème de Covid et qu’on puisse à nouveau répondre aux demandes

On comprend donc aisément que la situation n’est pas simple à gérer dans cet établissement hospitalier. Notamment quand on sait qu’environ 150 personnes se présentent chaque jour aux urgences de Delta. "C’est beaucoup", commente le docteur Philippe El Haddad. "Mon message est clair, poursuit-il. Il faut que les gens se vaccinent pour sortir de ce problème de Covid et qu’on puisse à nouveau répondre aux demandes. C’est indispensable. Il faut faire la troisième dose. La plupart des malades hospitalisés sont en grosse majorité pas vaccinés. Et j’insiste, ceux qui sont en soins intensifs sont quasi toutes des personnes non vaccinées."

Pour rappel, le vaccin n’empêche pas la circulation du virus mais la diminue. Il n’empêche pas non plus d’avoir le Covid mais de ne pas développer de forme grave de la maladie. Il évite ainsi de se retrouver aux soins intensifs. "C’est ce qu’on constate actuellement", conclut le directeur général médical du Chirec.

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