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"Notre chemin a été tracé et enregistré sous l'œil d'une personne qui possède un AirTag": Maïra dénonce une "technique d'espionnage"

Le fameux accessoire d'Apple peut-il être utilisé à des fins de tracking? Nous avons enquêté suite à la mésaventure que nous a rapportée une jeune Bruxelloise.

"Je m'appelle Maïra et j'ai une histoire assez flippante à raconter". Ces mots nous sont envoyés via le bouton orange Alertez-nous. Son auteure, Maïra, une jeune femme qui habite la région bruxelloise. Elle affirme avoir été victime d'une tentative d'espionnage via un outil développé par Apple, le "AirTag". 

Un AirTag est un petit accessoire léger qui permet aux utilisateurs d'iPhone de suivre et de retrouver des objets à l'aide de l'application "Localiser". Il peut vous aider à localiser vos clés en cas de perte par exemple ou à retrouver un vélo perdu. C'est en tout cas l'objectif visé par la firme californienne. 

Mais selon notre témoin, il serait tout à fait possible de détourner sa fonction première pour l'utiliser à des fins d'espionnage. Maïra nous raconte sa récente mésaventure. "On a pris la voiture avec ma copine Dounia et ma cousine. On a eu la détection d'un objet sur l'un de nos téléphones. Un objet inconnu qui la suivait. On a vu que l'objet nous avait tracées de notre départ jusque notre destination finale durant une trentaine de minutes", rapporte-t-elle.

On peut vous suivre et vous tracker

Concrètement, alors que les trois jeunes femmes étaient en route, une notification sur l'iPhone de l'une d'elles les a alertés sur le fait qu'un "objet inconnu" avait été détecté à proximité. Selon le message affiché par l'application, ce suivi a commencé de Steenokkerzeel, leur endroit de départ, au centre-de Bruxelles. On peut lire: "Accessoire inconnu détecté près de vous".

Rapidement, Maïra pense comprendre l'origine de cette alerte. Selon elle, nul doute, un Airtag les a suivies. "Sur les réseaux sociaux, j'avais déjà entendu parler de filles qui s'étaient fait suivre", raconte-t-elle. Avant d'ajouter: "Les Airtags peuvent être être dangereux car ils peuvent être mal utilisés. On peut vous suivre et vous tracker et faut vraiment s'en méfier". Aujourd'hui, nous n'avons aucune certitude qu'une personne a glissé un AirTag dans ses affaires, ce dernier n'a jamais été retrouvé. Depuis cette mésaventure, les jeunes femmes racontent avoir que la peur les hante. 

Plusieurs médias américains dont le New York Times rapportent quelques affaires similaires. Le journal raconte s'être entretenu avec 7 femmes qui pensent avoir été suivies via des AirTags. Dans l'un des cas rapportés, c'est la mère d'une jeune fille qui avait placé l'appareil sur sa voiture afin de pouvoir la localiser.

Un AirTag, comment ça marche? 

Cet accessoire peut-il être utilisé à des fins de tracking? Nous avons enquêté. Avant toute chose, il est important de comprendre le fonctionnement d'un AirTag.

Il ne s'agit pas d'un traceur GPS. Autrement dit, il ne fonctionne pas grâce à une technique de géolocalisation. L'AirTag utilise la fonction Bluetooth et émet un signal détectable par des iPhones, des iPads ou encore des Macs. Tous ces appareils qui se trouvent à proximité de cet AirTag envoient ensuite des informations de localisation sur iCloud, le système de stockage d'Apple. Le détenteur du Airtag peut ainsi le localiser via son téléphone en se rendant sur l'application Localiser. Une carte apparaît et livre les informations de localisation. "L'AirTag repose sur les quelques centaines de millions d’appareils Apple compatibles, à savoir tous les produits Apple commercialisés dans les 5 ou 6 dernières années", nous explique Anthony Nelzin-Santos, journaliste chez MacGeneration. 

En fait, un AirTag ne peut pas fonctionner seul. S'il se trouve en pleine campagne, dans un endroit où aucun autre appareil Apple ne se trouve, il n'est pas localisable. Car il ne peut émettre de signal censé permettre sa localisation. 


Olivier Bogaert, commissaire de police spécialisé en cybercriminalité

À quoi sert-il ? 

"L’AirTag est l’accessoire tout trouvé pour tout retrouver". Telle est la définition livrée par la firme. On vous vole votre vélo? Si un AirTag a été glissé sur ce dernier, vous pourrez peut-être le retrouver en tentant de le localiser via l'application prévue par cet effet.

Et que se passe-t-il si vous détenez un iPhone et qu'une personne glisse, à votre insu, un AirTag dans votre sac? Le propriétaire du AirTag peut-il vous localiser via son iPhone? Dans les faits, oui cela est tout à fait possible. En vous déplaçant, votre position sera communiquée en temps réel au détenteur du AirTag.

"En Belgique, nous avons eu un cas qui nous a été signalé par une dame dans la région bruxelloise qui avait rompu avec son compagnon mais il avait installé un AirTag, qui lui permettait de savoir où elle était", nous explique Olivier Bogaert, commissaire de police spécialisé en cybercriminalité. 

Ça devient pas cher de devenir un cyberharceleur

Journaliste pour MacGeneration, Anthony Nelzin-Santos nous rappelle que les outils permettant de tracker la population ne sont pas nouveaux. "Aujourd’hui, il y a un changement d’échelle. Avant, il fallait acheter une balise GPS à plusieurs centaines d'euros difficile à mettre en œuvre. Maintenant, il suffit d'acheter un petit gadget qui vaut 29€ et très facile à mettre en œuvre (...) Ça devient pas cher de devenir un cyberharceleur", souligne-t-il. 

Pour éviter que cet outil ne se transforme en parfait accessoire d'espionnage, Apple a intégré une fonctionnalité. Lorsque votre iPhone détecte un AirTag qui ne vous appartient pas à proximité, Apple vous le signale via une notification. C'est précisément ce qu'ont reçu Maïra et ses amies. À partir de là, il devient possible de le désactiver. "Si vous avez un iPhone, c'est assez simple. S'il voit que le même AirTag le suit pendant un certain temps, il va vous envoyer une notification en vous disant 'Attention, un AirTag suit vos déplacements'. Si vous avez un téléphone Android, c'est un peu plus compliqué car il faut installer une application qui s'appelle 'Tracker Detect'", nous éclaire Anthony Nelzin-Santos.

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