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Travailler pendant au moins 20 ans pour avoir une pension minimum? "Il est logique de récompenser ceux qui font des efforts"

Cette semaine, les présidents du MR Georges-Louis Bouchez et de l'Open Vld Egbert Lachaert ont plaidé pour un seuil minimum de 20 ans de travail pour pouvoir bénéficier d'une pension minimum. Le premier était invité, avec Thierry Bodson, président de la FGTB, sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche pour revenir sur cette proposition.

C'est dans une interview commune accordée au journal Le Soir jeudi dernier que les présidents du MR Georges Louis Bouchez et de l'Open Vld Egbert Lachaert ont expliqué vouloir 20 ans de travail pour la pension minimum. "Nous proposons vingt ans. Ce peut être aussi à temps partiel. Ce n'est pas juste de dire à quelqu'un qui a travaillé toute sa vie qu'il va avoir la même chose que quelqu'un qui n'a pas travaillé", estime le président des libéraux flamands, alors que le dossier revient sur la table du gouvernement cette semaine.

Et son homologue francophone de renchérir: "notre philosophie, c'est que pour obtenir la pension minimale telle qu'on est en train de la fixer, il faut avoir bossé de façon effective. Il n'est donc pas exclu d'avoir deux niveaux de pension minimale. (...) Nous pensons à une pension minimale qui resterait au niveau actuel pour les personnes qui seraient allocataires et envisageons d'augmenter l'autre pension minimale, réservée à celles et ceux qui ont un certain nombre d'années de travail".

"Chacun a droit à la dignité"

Sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, le président du MR est revenu sur cette proposition. "On veut une société où un équilibre est respecté. L'équilibre, c'est que chacun a droit à la dignité. Il y a un revenu minimum qui doit être garanti. Mais il est également logique de mieux récompenser celles et ceux qui font des efforts, qui tous les matins se lèvent pour aller travailler, parfois dans des métiers qu'ils n'apprécient pas. Ces gens doivent avoir une pension minimale plus élevée."

Georges-Louis Bouchez donne alors l'exemple suivant : "Aujourd'hui en Belgique, quelqu'un qui a travaillé 1 an et qui est resté au chômage pendant 29 ans aura une pension supérieure à un indépendant qui aura travaillé pendant 29 ans. C'est tout à fait injuste. On ne peut pas récompenser le fait de ne pas être au travail".

La pension minimale à 1.500 euros est actée, mais selon lui, "les conditions d'accès et de modalités doivent être prévues". "Ce que nous prévoyons, c'est que pour avoir la pension minimale telle qu'augmentée, il faut avoir 20 années de travail effectif et non des périodes assimilées", à savoir des périodes de chômage qui sont comptabilités comme si la personne avait effectivement travaillé.

Une proposition qui met à mal les travailleuses ?

Cette proposition ne plaît pas à la FGTB, dont le président était également présent dans C'est pas tous les jours dimanche. "Une travailleuse qui travaille dans le secteur du nettoyage ou de la distribution, qui a 38 années de carrière et qui aura un trois quart temps durant toute sa carrière aura droit à une pension de 950 euros aujourd'hui, explique Thierry Bodson. Il est vrai que si cette travailleuse aura des problèmes dans sa vie et qu'elle a 19 ans de travail effectif et 19 ans de travail assimilé, chômage parce que maux de dos et licenciée par son employeur, dans le cadre actuel de la législation, et nous le défendons, il faut qu'elle continue encore à avoir 950 euros par mois de pension qui est déjà non seulement un minimum mais qui même insuffisant pour vivre. La proposition est une attaque frontale à l'ensemble des travailleuses de ce pays."

Thierry Bodson cible en effet les travailleuses car "les pensionnées ont une pension de 1.070 euros par mois, ce qui est déjà très peu en moyenne". "Tout ça parce qu'il y a ce fantasme du chômeur qui aurait très peu travaillé et qui aurait droit à une pension plus élevée que celle des indépendants."

Le financement du système des pensions

Reprenant l'exemple cité par le président de la FGTB, Georges-Louis Bouchez réagit. "Nous fixons un plafond en disant qu'il faut au moins 20 ans de travail effectif pour 1.500 euros, mais la personne qui a travaillé 19 ans doit avoir une pension plus élevée. Aujourd'hui, il n'y a pas suffisamment de corrélation entre le nombre d'années de travail prestées et la pension. Il faut aussi pouvoir déplafonner ou augmenter le plafond parce qu'aujourd'hui, quel que soit le niveau de travail, vous êtes plafonnés dans votre pension quand vous êtes un employé."

Thierry Bodson souligne alors ce qui est, pour lui, "le problème fondamental aujourd'hui". "Le financement du système des pensions des salariés, c'est 75% de cotisations et 25% de compléments de l'Etat et des collectivités. Les indépendants, c'est 40% de compléments. Ils cotisent beaucoup moins. C'est près du double qui est complété. La sécurité sociale des indépendants est financée à deux tiers par la collectivité. C'est un vrai problème et c'est autre chose que le fantasme du chômeur."

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