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La Belgique, terre d'accueil du crime organisé? Des dossiers de grand banditisme ne sont plus traités faute de moyens

Ignacio de la Serna, le président du Collège des procureurs généraux, a pris la parole cette semaine dans Le Soir pour dénoncer le manque total de moyens actuellement dans la lutte contre les mafias. Le magistrat était sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" : "On n'arrive plus à traiter tous les dossiers de criminalité grave et organiser. C'est une situation inédite. Mes collègues de Bruxelles et Anvers se trouvent face à des choix cornéliens. D'habitude, ce sont toujours des dossiers traités avec le plus grand soin. Ici, on doit faire le constat que ce n'est pas possible. On doit faire des choix. Ça veut dire que vous avez des mafieux qui passent entre les mailles du filet."

Des dossiers de traite d'êtres humains ou de drogue sont laissés tomber, faute de moyens, révèle Ignacio de la Serna. Il manquerait tout simplement 500 agents à la police judiciaire. C’est du jamais vu dans notre pays. La PJ doit faire des choix actuellement dans les dossiers criminels à traiter.

"Actuellement, nous ne sommes pas en mesure de tenir tête au crime organisé." Alors, comment l'expliquer ? Selon le président du Collège des procureurs généraux, la situation est due entre autres à un manque d'interlocuteur à l'échelon supérieur. Ministre de l'Intérieur et de la Justice se renverraient la balle.

Des faits courant au Mexique ou des pays d'Amérique Latine, mais à ce point-là chez nous, on n'avait pas vu cela

Pourtant cette semaine, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, a annoncé 70 millions d’euros supplémentaires cette année pour la police fédérale, et le recrutement de 195 enquêteurs spécialisés. Cela sera-t-il suffisant ? "On demande un refinancement à concurrence de 35 millions d'euros par an", estime Ignacio de la Serna qui ajoute "Le métier de policier judiciaire n'attire plus. Il y a eu des places publiées, mais il y a très peu de candidats. On a supprimé les primes d'enquête. Beaucoup de policiers partent vers les polices locales. La police locale est mieux financée que la police fédérale."

Pour Ignacio de la Serna, il y a vraiment urgence et il attend une réaction du monde politique. Il a également donné plus de détails sur le visage de la mafia en Belgique : "En vous promenant, vous n'allez pas croiser des mafieux. Elle (la mafia) prend possession de commerces. Commerces foireux qui blanchissent de l'argent. De manière invisible, elle s'infiltre." Face à ce constat, le magistrat craint qu'à long terme le milieu criminel n'infiltre le monde politique : "On a trouvé des faits absolument monstrueux. Des gens décapités ou découpés en morceaux. Ce sont des faits courant au Mexique ou des pays d'Amérique Latine, mais à ce point-là chez nous, on n'avait pas vu cela."

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