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Sandrine soupçonne son fils de seulement 6 ans d'être victime de harcèlement à l'école: "J’ai mal de ne pas avoir vu plus tôt ce qu’il se passait"

Sandrine soupçonne son fils, âgée de 6 ans d’être victime de harcèlement scolaire. Une situation qui peut concerner n’importe quel profil d’élève, de n’importe quelle tranche d’âge.

"Il mangeait moins, il maigrissait…", raconte Sandrine. Depuis quelque temps, Adam semble avoir changé de comportement. "Il était un peu plus agressif avec ses frères et sœurs, même avec nous", relate la mère de famille, qui avait déjà fait part de ses inquiétudes à l’établissement quant aux changements d’attitude de son fils.

Un événement finit par lui mettre la puce à l’oreille. De retour de l’école, le petit garçon affiche un œil au beurre noir. "Il me disait qu’il était encore tombé", explique-t-elle. Sandrine l’interroge. Mais Adam se braque, puis lui livre des réponses confuses. "D’abord, il s’était cogné en ouvrant la porte, puis contre quelqu’un… Il ne m’a pas tout de suite dit la vérité".

C’est à son grand frère qu’il avouera finalement que ce n’est pas la première fois que cela se produit, et qu’un autre élève de sa classe serait impliqué. "Il lui a dit qu’un autre petit garçon de son âge l’a pris par-derrière en l’étranglant, avant de lui donner un coup de poing", explique Sandrine.

 J’ai raté quelque chose

"La première chose a été d’aller à l’hôpital constater le bleu au visage et les autres marques sur le corps. Puis nous sommes allés porter plainte à la police", explique Sandrine. Elle choisit ensuite de retirer Adam de cette école, et de l’emmener voir une psychologue.

La mère de 5 enfants est aujourd’hui convaincue que son fils a subi du harcèlement scolaire. "J’ai eu mal de ne pas avoir vu plus tôt ce qu’il se passait", raconte-t-elle. D’un naturel joyeux et plutôt bon élève, elle n’aurait jamais imaginé Adam victime de harcèlement. "J’ai raté quelque chose", lâche-t-elle, une pointe de tristesse dans la voix.

Un accident selon l’école

De son côté, l’école avance la thèse de l’accident. Suite aux soupçons de harcèlement scolaire, l’établissement dit avoir interrogé les élèves. Trois d’entre eux témoignent qu’Adam serait tombé au cours d’un jeu. Nous n’en saurons pas plus, l’école refusant de s’exprimer au sujet de cette affaire.

"Je n’en veux pas à tout le monde. Son professeur était gentil, de même que le directeur", explique Sandrine, "C’est plus aux surveillants de la cour de récréation, qui n’ont pas prêté attention à ce que mon fils subissait, que j’en veux. C’est leur travail en fait", finit-elle par ajouter.

Pour Bruno Humbeek, psychologue et spécialiste de la thématique, la question du harcèlement scolaire est un faux débat: "Le but du jeu n’est pas de dire s’il y a oui ou non, harcèlement. Mais de partir d’un état incontestable, qui est la souffrance de l’enfant", explique-t-il.

Il n’y a pas de profil type de harcelés ni de harceleurs

Lorsqu’on entend parler de harcèlement scolaire, il s’agit souvent d’adolescents. Dans le cas d’Adam, âgé seulement de 6 ans, le harcèlement peut être difficile à détecter, mais bel et bien exister. "Le harcèlement scolaire, ce sont juste des jeux de pouvoir entre enfants, et qui produisent de la souffrance. Il n’y a pas de profil type de harcelés ni de harceleurs", analyse le psychologue.

Aussi, le harcèlement scolaire peut toucher les plus jeunes enfants, mais ne se manifestera pas de la même façon que chez les adolescents: "La forme du harcèlement va changer en fonction de l’âge. C’est vrai que les adolescents auront plus tendance à utiliser les réseaux sociaux par exemple", explique Bruno Humbeek. "Un enfant plus jeune va voir le harcèlement se développer dans la cour de récréation, ou dans les toilettes. Dans tous ces espaces que les adultes n’ont pas les moyens de contrôler", poursuit le spécialiste.

Donner aux écoles et aux parents les moyens d’agir

Chaque école de la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’un centre psycho-médico-social (PMS), afin notamment de gérer ce type de situation. Mais cela n’est pas suffisant selon Bruno Humbeek, qui plaide pour que plus de moyens soient mis à disposition des établissements pour lutter contre le harcèlement. "Les écoles sont terriblement soucieuses de mettre en place ces dispositifs. Évidemment il faut le temps, mais aussi les moyens de les mettre en place", explique le spécialiste.

Aujourd’hui, Adam semble se remettre petit à petit de cet évènement. "J'ai vu qu’il a quand même joué, qu’il court, qu’il saute, et qu’il est quand même bien. Il est comme soulagé qu’on le sache", raconte Sandrine. Mais ça n’a pas toujours été le cas. "Il avait peur, peur de m’en parler et que je sois fâchée contre lui", évoque ainsi la mère de famille. "Mon but aujourd’hui est de faire comprendre que même en primaire et secondaire, ça peut arriver" explique Sandrine, qui nous a contactés via bouton orange "Alertez-nous". 

Pour le psychologue, il est important que la parole de l’enfant autour de cette thématique puisse être libérée, aussi bien dans les familles qu’au sein de l’établissement, afin que des mesures soient prises. D’après Bruno Humbeek, "la question des relations entre écoles familles est vraiment importante". "Le rôle des parents est de déclencher les dispositifs de prise en charge qu’ils doivent connaître pour les faire appliquer à l’école", conclut le spécialiste.

 

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