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En plein discours du ministre russe Sergueï Lavrov à l'ONU, les diplomates se lèvent et boycottent ses interventions

De nombreuses délégations, dont les pays occidentaux, ont boycotté mardi deux interventions du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov au siège de l'ONU à Genève, en solidarité avec Kiev.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aurait dû venir en personne à Genève pour s'exprimer devant la Conférence du Désarmement et le Conseil des droits de l'homme (CDH), mais il a annulé lundi sa venue en invoquant les "sanctions anti-russes" qui lui interdisent le survol de l'Union européenne. Ses discours ont donc été transmis par vidéo.

Mais peu avant la diffusion de sa vidéo, de nombreux diplomates ont quitté ostensiblement les débats, a constaté un journaliste de l'AFP. "Toute invasion constitue une violation des droits de l'homme", a déclaré l'ambassadeur de la France auprès de l'ONU à Genève, Jérôme Bonnafont, aux journalistes. "Il est donc important que le CDH montre par cette sortie de salle qu'il est uni autour de l'Ukraine, qu'il est uni avec le peuple ukrainien, qu'il agit de façon à ce que les violations des droits de l'homme soient dénoncées comme elles doivent l'être", a-t-il ajouté.

A l'extérieur de la Conférence du Désarmement, des applaudissements nourris ont accueilli le premier boycott, tandis qu'à l'extérieur du Conseil des droits de l'homme l'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko était entourée de tous les diplomates sortis de la salle, autour d'un grand drapeau ukrainien. Il est "important de montrer un geste de solidarité avec nos amis ukrainiens", a déclaré Yann Hwang, l'ambassadeur français auprès de la Conférence du Désarmement, instance multilatérale unique de la communauté internationale pour les négociations dans le domaine du désarmement.

Constituée en 1979, elle ne fait pas partie des organisations onusiennes mais le directeur général de l'Office des Nations unies à Genève remplit les fonctions de Secrétaire général de la Conférence du Désarmement. Et la salle des discussions se trouvent au siège de l'ONU à Genève.

Une minute de silence

Les débats mardi à la Conférence du Désarmement ont été précédés d'une minute de silence "pour les victimes" en Ukraine. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba s'est également adressé à la Conférence du Désarmement mardi. Dans un message vidéo, il a dénoncé les "crimes de guerre" commis par la Russie en Ukraine. "Les attaques aveugles russes contre les civils et les infrastructures essentielles constituent des crimes de guerre", a-t-il dit, avant de demander une séance plénière en urgence sur l'invasion russe en Ukraine. "L'agression russe est une menace mondiale. Par conséquent, la réponse à cette menace doit être mondiale", a-t-il demandé.

La Russie a déclenché le 24 février à l'aube l'invasion de l'Ukraine, après la reconnaissance par le président russe Vladimir Poutine de l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass. L'attaque a provoqué un tollé dans la communauté internationale. Les forces russes, avancent entre autres depuis la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014. 

Dans son discours au CDH, M. Lavrov a accusé "l'Occident d'avoir perdu le contrôle de lui-même". A la Conférence du Désarmement, il a imputé la responsabilité de la crise à Kiev, et accusé l'Ukraine de vouloir acquérir des armes nucléaires. "Je peux vous assurer que la Russie, en tant que membre responsable de la communauté internationale (...), prend toutes les mesures nécessaires pour empêcher l'apparition en Ukraine d'armes nucléaires et de technologies qui y sont liées", a-t-il déclaré.

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