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Hausse des prix: est-ce pire aujourd'hui que l'inflation record de 1983?

Ce 3 avril, on parle économie sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. Et pour cause: l'inflation a atteint un chiffre record avec 8,31% par rapport à l'an dernier (un produit à 100€ coûte aujourd'hui 108!). Ce n'est pas la première fois que les prix explosent ainsi en Belgique: en 1983, l'inflation atteignait 9% à 10%. Ces augmentations ont-elles des dénominateurs communs?
Les invités de C'est pas tous les jours dimancheMark Eyskens, Premier ministre en 1981 et ex ministre de l'Economie, Charles-Ferdinand Nothomb, ministre sous Wilfried Martens, Georges Gilkinet, actuel ministre de la Mobilité et Pierre-Yves Dermagne actuel ministre de l'Economie et du Travail, répondent.

1 La "stagflation" 

La "stagflation", c'est la combinaison de la stagnation de l’économie et l’explosion des prix. En gros, les prix grimpent et restent élevés et l'économie peine à suivre. Ce phénomène économique était observé dans les années 1980 et notre situation actuelle s'en rapproche.

2 "Le choc de l'offre" et de la demande 

Dans les années 80, "on assistait à ce qu'on appelle 'le choc de l'offre': l'inflation s'est répandue à travers l'offre", explique Mark Eyskens, Premier ministre en 1981 et ex ministre de l'Economie. "Aujourd'hui, c'est différent. L'origine de l'inflation est du côté de la demande", notamment parce que la reprise économique post-corona n'est pas celle prévue par les économistes. "La reprise économique a été beaucoup plus rapide qu'escomptée."

3 Un contexte délicat 

Dans les années 80, les prix augmentent entre autres à cause de l'embargo du Proche-Orient sur les pays occidentaux. Une sanction pour "l'Occident qui avait soutenu Israël: ils ont fermé le robinet des énergie", se souvient Mark Eyskens. Une situation qui n'est pas sans rappeler le contexte géopolitique actuel avec la guerre en Ukraine et ses répercussions sur le prix de l'énergie. 

Aussi, dans les années 1980, "différents facteurs agitent la vie politique" explique Charles-Ferdinand Nothomb, ministre sous Wilfried Martens. "Martens (ancien Premier ministre) poussait les réformes de l'Etat, on lui reprochait de ne pas être assez attentif à l'économie alors il a changé de position et de coalition" puis il y a eu plusieurs changements de gouvernement, soit un contexte où "les tensions communautaires" étaient "vivantes". Une situation instable qu'a connu la Belgique cette dernière décennie.

4 La flambée des prix de l'énergie 

Après la guerre du Kippour, le prix du pétrole a été multiplié par 4 contre 3 aujourd'hui avec la guerre en Ukraine. Et quand "l'inflation est énergétique, elle se transmet à tous les leviers de l'économie" souligne Charles-Ferdinand Nothomb

Pour Georges Gilkinet, actuel ministre de la Mobilité, il est important de "travailler sur les causes" et en tirer les leçons nécessaires. "Il faut travailler sur la question de l'indépendance énergétique (...) et nous rendre moins dépendants d'importations qui nous coûtent beaucoup d'argent (...) et de pays qui ne sont pas les plus grandes démocraties."

5 Contrôle des prix

Dans les années 1980, le contrôle des prix était en place tandis qu'aujourd'hui, avec l'économie de marché et la concurrence, les prix sont moins contrôlés. C'est aujourd'hui la BCE (Banque centrale européenne) qui est censée contrôler les prix de la zone euro.

6 L'indexation des salaires

Dans les années 80, le gouvernement fait le choix des sauts d'index, un plan d'urgence articulé par Martens pour "corriger le tir". Le but est d'éviter de perdre la compétitivité avec les autres pays à force d'augmenter les salaires qui sont annexés sur l'inflation et de sauter, donc, ces indexations. Ces sauts d'index étaient liés à l'opération Maribel, qui visait à "réduire les cotisations patronales pour les entreprises et compenser le trou de la sécurité sociale par l'augmentation de la TVA et des impôts sur bénéfices trop élevés".

Aujourd'hui, plus de saut d'index mais une proposition d'indexation non généralisée est sur la table, afin que les salaires les plus bas soient annexés sans que les salaires les plus élevés, eux, le soient. Pierre-Yves Demargne, actuel ministre de l'Economie et du Travail, défend tout de même l'annexation automatique des salaires, en place actuellement dans l'économie belge" un "mécanisme éminemment protecteur pour le pouvoir d'achat et la population"

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