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"Un bruit de ricochet de balle de 8h du matin à 22h": un club de padel rend la vie de Laurence impossible

Depuis qu'un club de padel s'est installé près de chez Laurence, elle ne dort plus. Elle et sa famille entendent tous les jours les sportifs s'entraîner à ce sport, dont la balle rebondit fréquemment contre les murs. Démunie par cette situation, elle a décidé d'appuyer sur le bouton orange Alertez-nous.

Laurence, habitante de Seraing, n'en peut plus. Un son très répétitif rythme sa vie et celle de sa famille depuis peu : celui d'un terrain de padel qui s'est installé tout près de chez elle. "C'est très agaçant, ça tape sur le système" nous dit-elle. 

Mais quel est ce sport si bruyant, qui fait le calvaire de Laurence ? Il s'agit d'un jeu de raquette à mi-chemin entre le tennis et le squash. Les raquettes sont rigides, et le jeu prend place sur un terrain encadré de murs sur lesquels la balle rebondit souvent. Ce sport connait un succès toujours grandissant depuis une bonne année dans notre pays. 

Ce terrain "cause un bruit de ricochet de balle permanent, de 8h du matin à 22h. Ca n'est pas toujours évident à supporter", déplore Laurence. Le centre sportif se trouve à quelques mètres de son jardin, et de la fenêtre de sa chambre : "Si on a envie d'aérer ou d'ouvrir une fenêtre, c'est impossible". 

Mère de deux enfants, son fils de 9 ans lui dit régulièrement "Maman, ferme la porte, je suis dans mon lit et j'entends ce bruit ou des gens qui crient", car il n'arrive pas à dormir. Son mari, qui travaille sur les chemins de fer, revient souvent du travail à 6h du matin. Les parties de padel, qui commencent à 8h, rendent son sommeil bien trop court. 


Cette administratrice dans une société de communication aimait son quartier pour sa tranquillité, "c'est un quartier où il y a pas mal de personnes âgées", nous dit-elle. Mais depuis l'arrivée du padel, ça n'est plus le cas. Difficile pour Laurence de profiter de son petit jardin qu'elle aime tant. Ce bruit dont parle Laurence n'est pas très fort, mais là n'est pas le souci : "Il y a un bruit de récurrence permanent, c'est ça qui tape réellement sur le système des gens du quartier". Elle compare cela au "bruit de la goutte". Une méthode de torture médiévale, qui consistait à faire tomber une goutte d'eau à intervalle régulier sur le front d'un condamné, dans le but de le rendre fou. 

Elle n'est pas la seule à souffrir, c'est aussi le cas de ces voisins. Selon Laurence, certains "ne peuvent même plus dormir à l'arrière de leur maison parce que leur chambre à coucher est le nez sur l'infrastructure sportive, elle fait un effet de caisse à résonnance". 

Laurence en appelle donc à la sphère politique pour faire quelque chose contre ce bruit incessant. Selon elle, la commune avait prévu de construire un "talus" de quelques mètres de hauteur "pour encaquer l'infrastructure sportive, mais malheureusement, il y a eu énormément de promesses qui n'ont pas été tenues".

Face à cette situation qui ne semble pas évoluer, Laurence a pris les devants : "J'ai lancé deux pétitions qui ont réuni pas mal de gens au niveau du quartier". Elles visent à dénoncer ces nuisances et son impact sur le voisinage, "ça a entraîné beaucoup de circulation en plus (…) et aucune commune mesure n'a été prise pour sécuriser le quartier ou pour protéger les riverains des nuisances sonores". Ses rencontres avec un avocat ont d'ailleurs conclu que l'infrastructure se trouvant dans une zone d'habitat, ils ne seraient pas autorisés à ouvrir si tard. 

Le propriétaire du club réagit

Nous nous sommes rendus dans cette fameuse infrastructure, pour y rencontrer Jean Stefenatto, le président du Tennis Club Seraing Padel. Il admet qu'il y a du bruit, et que malgré les aménagements, les nuisances sont difficiles à éviter : "On avait pensé faire un tas de terre, mais il faut les autorisations communales qu'on n'a pas encore", dit-il. 

Les murs de cette salle enfoncée de moitié dans le sol, ont été recouverts de laine de roche, "c'est comme ça qu'on aide les voisins. On savait que ça allait faire du bruit, mais entre les plans et la réalité, ce n'est pas toujours la même chose. On essayera de faire mieux, mais il faut qu'on soit aidés par la commune", explique Jean Stefenatto.


Seraing n'est pas la seule ville à connaître ce problème, c'est aussi le cas de Lasne et Estaimpuis. Pour le directeur de la fédération AFT Padel, Pierre Delahaye, le souci est qu'il n'y a actuellement pas de normes qui permettent de construire des terrains de padel : "Ça donne la possibilité aux pouvoirs locaux de décider ce qu'ils veulent de manière subjective", nous explique-t-il. 

L'AFT Padel souhaite cependant aider les infrastructures sportives qui désirent installer des terrains de padel, et créer "une sorte de cahier de charge avec des normes". Dans celui-ci, Pierre Delahaye imagine des règles en termes de construction, ou de mesures d'horaires : "On joue de telle heure à telle heure et puis, pour ne pas empêcher les gens de dormir on s'arrête à 21 ou 22h". 

"Nous pensions que ça n'allait pas poser de problème"

Face à ces interpellations, l'échevin des sports de la ville de Seraing admet qu'il ne s'attendait pas à ce que ce nouveau terrain puisse causer des nuisances sonores"nous sommes sur un site qui a toujours été dédié au sport, (…) en construisant une infrastructure qui n'existait pas encore sur le territoire communal, nous pensions que ça n'allait pas poser de problème", explique Philippe Grosjean. 


L'élu affirme que cette installation a été faite "dans les règles", et que des services de la région wallonne sont venus sur les lieux pour mesurer le bruit. Selon leur rapport, "il n'y avait pas de nuisances terribles à ce niveau-là" ajoute-t-il. 

Malgré une nuisance qui semble dérisoire, Philippe Grosjean souhaite trouver une solution, "car une plainte est une plainte de trop pour nous". La pétition, qui avait été signée par une quinzaine de personnes, a conduit à plusieurs réunions : "On essaye d'être entre le club et les riverains, on essaye de faire en sorte que tout le monde soit satisfait" rassure l'échevin. 

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