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Un nouveau commerce à La Louvière vend des pâtisseries en forme de sexe et cela pose question pour certains habitants: "L'hypersexualisation passe inaperçue"

Une habitante de La Louvière, qui souhaite rester anonyme, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer un nouveau commerce, implanté dans sa commune depuis peu. Elle pointe du doigt une vitrine choquante et des pratiques commerciales "scandaleuses". Le commerce en question ? Al Keket, qui propose des pâtisseries en forme de sexe d’homme ou de femme. Dans l’entité, habitants et autorités communales sont pourtant ravis de l’arrivée d’une telle boutique.

"Depuis peu, une pâtisserie s’est développée à Mons, Charleroi et maintenant à La Louvière, dans ma ville. Le concept ? Manger des biscuits en forme de sexe, avec des arguments commerciaux hyper sexualisés. Une approche commerciale juste scandaleuse. Que dire à nos enfants qui seront attirés par cette vitrine haute en couleur, où l’hypersexualisation passe inaperçue ? Où va-t-on svp ???", une habitante de La Louvière nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer l’arrivée d’un nouveau commerce dans sa commune. Cette dame préfère rester anonyme mais nous explique ne pas comprendre comment une telle pâtisserie peut s’installer dans un centre-ville, à la vue de tous, y compris des enfants.

Le commerce s’est implanté le 22 avril dernier, sur la Place Mansart, en plein cœur de la cité louviéroise. Son nom ? Al Keket, faisant référence à la forme des pâtisseries que l’on peut déguster sur place ou à emporter. A mi-chemin entre la crêpe et le pancake, ce mets nappé de glaçage coloré et surmonté de petites décorations comestibles peut en effet prendre différentes formes : soit le sexe d’un homme, soit celui d’une femme. "On ne fait pas que des quéquettes, indique d’emblée la gérante. On a aussi des cupcakes, des brownies, des gâteaux, des pop cakes, des brownies-cookies, des pralines…"


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"On a plus de 18 goûts différents. Le but, c’est de trouver des formes un peu comiques. Quand on rentre chez moi, c’est pour trouver quelque chose de bon et drôle", poursuit la jeune femme, déjà gérante de 4 autres boutiques du même type. Rosaria avoue ne pas comprendre en quoi son magasin est vulgaire ou inapproprié. Dans sa vitrine, elle a même pris le soin de ne rien afficher afin de ne pas choquer les personnes plus sensibles. Mais à l’intérieur, tout le monde est évidemment le bienvenu. "J’ai des parents qui viennent avec leurs enfants, je ne vois pas le problème. Il n’y a rien de sexuel là-dedans. Ce que l’on nous montre à la télévision, c’est pire", dit-elle.

Malgré les critiques, Rosaria a décidé de ne pas s’arrêter à ça, convaincue que son concept a de beaux jours devant lui. "Ça rentre dans une oreille et ça ressort par l’autre. Rien ne peut me toucher", assure la gérante d’Al Keket. "Franchement, je ne me vois pas faire autre chose comme travail, c’est vraiment gai. On n’a jamais vu autant de sourire et de bonne humeur. On avait besoin de ça après la crise Covid", ajoute-t-elle.

C’est rigolo, c’est spécial mais ça ne me dérange pas

Un petit tour dans les rues de La Louvière nous apprend que les avis sont partagés en ce qui concerne cette fameuse pâtisserie, mais grosso modo, personne n’est réellement opposé au concept. "Avec tout ce qu’on voit aujourd’hui, ça devient normal mais moi, ça ne me plait pas", nous répond une habitante à la vue des pâtisseries. "Pourquoi être choqué pour ça ?", lance un autre. "C’est rigolo, c’est spécial mais ça ne me dérange pas", dit une troisième.

Certains profitent d’une petite virée en ville pour venir découvrir Al Keket. "On l’avait vu à Mons mais on n’avait jamais goûté. Ici, on était de passage dans le centre donc on s’est dit pourquoi pas", nous affirme une cliente présente dans le commerce. Et d’autres attendent impatiemment de tester : "J’ai expliqué ça à ma fille qui habite en Ecosse et elle m’a dit que quand elle venait en Belgique, elle voulait absolument en manger, plaisante un habitant de La Louvière. Je trouve ça marrant, mais je connais ça depuis longtemps aux Etats-Unis."


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Ce n’est pas non plus quelque chose qui choque les autorités communales, bien au contraire. L’échevin louviérois du commerce nous dit se réjouir de l’arrivée d’un tel commerce. "En tant qu’échevin du commerce, quand un commerce veut s’installer à La Louvière, c’est quelque chose qui m’intéresse forcément", souligne Pascal Leroy. "Un commerce qui attire la clientèle, c’est une très bonne chose, ça renforce l’attractivité de notre centre-ville et c’est un de nos buts donc pour moi oui, il y a vraiment une plus-value à avoir ce commerce au niveau de notre ville", poursuit-il.

Cet échevin confie d’ailleurs être étonné par certaines critiques. "Nous sommes dans une ville plutôt festive, de bonne humeur avec un côté un peu surréaliste… Ce commerce a fait l’objet de critiques mais ce n’est pas la majorité de la population. C’est même une faible fraction de la population, je dirais."

Un commerce de plus, une cellule vide en moins

De son côté, le président de l’Union des commerçants et indépendants louviérois salue également l’initiative. "Il faudrait parfois un peu se mettre à la place des personnes qui ouvrent un commerce, qui se lancent… Elles ont le courage de vouloir entreprendre. Donc vouloir critiquer à tout va, car ici ce sont des critiques infondées, ce n’est pas gentil. Et ce n’est pas une façon d’accueillir les gens", pointe Mehdi Mrakha. Pour lui aussi, cela reste cependant une minorité. "C’est de la pudibonderie mal placée", ajoute-t-il.

Le président de l’Union des commerçants et indépendants louviérois estime d’ailleurs que cette boutique pourrait attirer un autre type de clientèle : "Il y a un commerce comme ça qui a ouvert à Mons et j’entendais que des jeunes femmes allaient là-bas pour des enterrements de vie de jeune fille. Elles y allaient pour s’amuser et manger une ‘quéquette’ en chocolat. Donc avoir ça dans La Louvière, c’est plus dynamique, c’est porteur d’augmentation du flux chaland, les gens vont venir voir ce que c’est. C’est un commerce de plus, une cellule vide en moins", dit-il.


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Mais peut-on réellement parler "d’hypersexualisation" à travers ces pâtisseries, comme l’affirme la personne qui a poussé le bouton orange Alertez-nous ? Nous avons posé la question à une sexologue. "Une vulve ou un pénis, ce n’est pas forcément lié à la sexualité en tant que telle, nous répond Marie Tapernoux. On parle plutôt de zones intimes, que tout un chacun a sur soi en l’occurrence, il n’y a rien de sexualisé."

Il n’est ici pas question de positions suggestives ou d’invitations à des actes sexuels, comme le souligne notre interlocuteur, mais de simples pâtisseries. "C’est peut-être une déformation professionnelle, mais je ne suis pas choquée par ça. C’est peut-être justement une manière de dédramatiser la situation et amener ça de manière ludique avec les toppings, etc. C’est peut-être une manière de casser les tabous aussi", indique la sexologue.

Pour elle, il faut réagir de manière intelligente face à ce type de concept. "Si les parents ne sont pas à l’aise avec ça, les enfants ne pourront pas l’être non plus. Je peux comprendre que certaines personnes ne sont pas à l’aise avec leur propre corps et la sexualité de manière générale et qu’ils sont mal à l’aise que leurs enfants soient confrontés à ça, mais moi je me dis qu’on ne peut pas éviter cette confrontation."

Elle y voit, au contraire, l’occasion d’aborder la question de l’éducation sexuelle. "C’est important d’expliquer aux enfants comment se passe leur corps. Il n’y a rien de sale, on stigmatise mais ce n’est pas sale, c’est le corps humain. Je préfère de loin que ça arrive avec ce genre de projet, plutôt que nos enfants tombent sur des images pornographiques sans avoir cet éclairage ou le recul", conclut-elle, en rappelant que les réseaux sociaux sont, eux, truffés d’images "encore plus nocives" que ça.


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