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Mexique: un parc pour sauver les grands fauves des griffes du trafic

Il y a quelques années, Frida, une tigresse du Bengale, vivait enchaînée. La grande féline a retrouvé une seconde jeunesse dans une réserve près de Mexico, foyer d'animaux sauvages sauvés des griffes de particuliers, parfois membres du crime organisé, qui les avaient transformés en animaux de compagnie.

La tigresse a été retrouvée en 2018 dans le parc d'un restaurant de la capitale, où elle vivait attachée, tremblante et sale. Ses propriétaires la présentaient comme une "attraction".

Depuis son sauvetage, Frida coule des jours heureux au parc Reino Animal, 53 hectares en périphérie de Mexico, non loin des ruines préhispaniques de Teotihuacan.

Frida "est arrivée avec une hanche abîmée, elle ne pouvait pas marcher, c'était très triste", affirme Agustin Bastida, responsable marketing du parc. "Ce sont des animaux que les gens achètent comme animaux de compagnie, alors qu'ils doivent vivre à l'air libre, dans de grand espaces".

Dans son nouveau cadre de vie, la tigresse se promène en exhibant son pelage brillant. "Elle a récupéré à 100%. Elle ne souffre plus", ajoute M. Bastida avant de prévenir: "N'achetons pas d'animaux exotiques. Ce ne sont pas des animaux de compagnie".

Riche en biodiversité, le Mexique est une terre de trafic de faune exotique, avec une clientèle qui inclut des narco-trafiquants.

- 30 kilos de viande -

"Il y a beaucoup d'oiseaux exotiques, de reptiles, beaucoup de primates et de félins" parmi les espèces trafiquées, énumère pour l'AFP Lucio Garcia Gil, chef du parquet fédéral de la protection de l'environnement (Profepa) dans la zone métropolitaine de la capitale Mexico.

Le parquet affirme saisir chaque année entre 150 et 200 animaux exotiques, dont quelques félins (quatre cette année).

Le prix d'un tigre ou d'un lion sur le marché noir atteint entre 1.000 et 5.000 dollars.

La législation mexicaine autorise la possession d'animaux exotiques, à condition qu'ils soient achetés légalement. La détention illégale est punie de neuf ans de prison et 15.000 dollars d'amende.

Seuls les riches peuvent se permettre le luxe de trafiquer des animaux sauvages qui mangent jusqu'à 30 kilos de viande par jour, d'après le responsable du parc, qui pointe la responsabilité du "crime organisé".

En 2007, les autorités ont découvert une maison de narco-trafiquants "avec deux jaguars, deux tigres et deux lions", raconte M. Garcia Gil.

D'après les médias, le plus redoutable des narco-trafiquants mexicains, Joaquin "El Chapo" Guzman, avait offert à ses filles un singe du nom de "Botas" avant une première arrestation au Mexique en 2014.

C'est la traque de "Botas" qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu'à Joaquin Guzman après son évasion. Il purge depuis une peine de prison à vie aux Etats-Unis.

Selon le programme de l'ONU pour l'environnement, le trafic mondial de vie sauvage représente annuellement des gains compris entre sept et 23 milliards de dollars, le septième commerce illicite le plus rentable au monde.

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