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Le Corbusier, Rousseau, Bernhardt: quand les plantes fascinaient les artistes

L'herbier de Jean-Jacques Rousseau, les fleurs de nymphéas de Ramsès II, les croquis de lierre du Corbusier ou le moulage d'algues de Sarah Bernhardt: à Paris, une exposition singulière revient sur l'importance, oubliée, des plantes dans la formation des artistes.

Sobrement intitulée "Végétal", cette exposition réalisée par les Beaux-Arts de Paris et la Maison de joaillerie Chaumet se tient jusqu'au 4 septembre à Paris.

Elle offre une plongée dans l'univers des plantes - du bourgeon aux algues en passant par les épis de blé - et leur importance dans l'éveil créatif des plus grands artistes.

Si la peinture a été friande de natures mortes, le parti pris de cette exposition est de s'éloigner de cette vision d'Epinal - et réductrice - pour lui substituer une pluralité de regards: pièces d’orfèvrerie, dessins, peintures, photos, tapisseries, herbiers, vêtements haute couture .... Au total 400 oeuvres sont présentées dans cette exposition.

"L'idée, c'était d'abord de remettre la plante non seulement au centre de l'exposition, comme l'élément qui justifie le rassemblement des œuvres, mais aussi de remettre les plantes dans l'importance qu'elles ont eu dans la formation des artistes", souligne auprès de l'AFP le botaniste Marc Jeanson, commissaire de l'exposition.

- "Histoires oubliées" -

La manière d'y parvenir? offrir au spectateur des oeuvres d'artistes peu connus pour leur intérêt pour la botanique.

Comme les croquis de lierre signés de l'architecte Le Corbusier. Ou l'herbier du philosophe Jean-Jacques Rousseau ... sans parler des impressionnantes peintures d'iris d'Otto Dix que l'on retrouve loin de ses iconiques gueules cassées.

"On le sait peu mais Rousseau raffolait de botanique", souligne M. Jeanson qui dirige les collections botaniques du jardin Majorelle au Maroc.

"L'exposition présente d'ailleurs une lettre qu'il a écrite et qui est issue de son corpus +Lettres élémentaires sur la botanique+. Mais voilà, soutient-il, toutes ces histoires ont été oubliées car les végétaux ont disparu des corpus d'artistes".

A l'heure où le réchauffement climatique menace la biodiversité, prendre en compte le monde végétal est une nécessité plaide le botaniste.

Or, "comment sauver des espèces si on n'est pas capable de les identifier. Comment préserver ce que vous ne pouvez pas nommer. C'est ce paradoxe qu'on a voulu pointer, tout en disant qu'il n y a pas de fatalité", souligne-t-il.

En témoignent les fleurs de nymphéas du pharaon Ramsès II, datant de plus 3.000 ans, que le public peut admirer au cours de sa visite.

S'affranchissant de toute chronologie, l'exposition débute par un relevé de fresque pariétale effectué par André Vila dans l'oued Djerat.

Les palmiers que l'on y découvre annoncent la figure centrale de l'arbre.

Manière, s'il en fallait encore une, d'ancrer les plantes dans l'histoire de la vie humaine.

Divisée en plusieurs chapitres - forêt, plage, dunes, plantes agricoles, potager et fleurs - l'exposition a été conçue à la façon d'un herbier, de telle sorte que le visiteur a la sensation de pénétrer dans un immense cabinet de botanique.

Seule différence: le public pourra découvrir 80 objets joailliers - dont d'impressionnantes tiares - pour la plupart issus du vaste patrimoine du joaillier Chaumet.

De la forêt de la plasticienne Eva Jospin, qui accueille le public, aux tulipes de la peintre Berthe Morisot au bronze de l'actrice Sarah Bernhardt qui dialogue avec les algues d’Anna Atkins (membre de la Société botanique de Londres, l’une des rares à accepter les femmes en 1839) l'exposition a tenu à montrer que la botanique, milieu souvent associé aux hommes, a aussi influencé des artistes femmes.

Didactique, elle met gratuitement à disposition du public des médiateurs pour les guider et leur apporter des précisions.

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