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Guerre en Ukraine : la situation sur le terrain au 122e jour

La Russie a de nouveau brandi samedi la menace suprême en affirmant vouloir livrer "dans les prochains mois" à son allié bélarusse des missiles capables de transporter des charges nucléaires, tandis que les combats se poursuivent dans plusieurs régions de l'Ukraine.

A l'orée du cinquième mois de la guerre déclenchée par la Russie le 24 février, les forces russes et prorusses sont entrées samedi dans Lyssytchansk, selon les séparatistes, et des "combats de rue" se déroulent dans cette ville jumelle de Severodonetsk (est), un verrou stratégique d'où les forces ukrainiennes ont reçu la veille l'ordre de se retirer.

Voici un point de la situation samedi au 122e jour de la guerre, établi à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

- Villes jumelles -

"La milice populaire de la République populaire de Lougansk et l'armée russe sont entrées dans la ville de Lyssytchansk. Certaines entreprises de la ville ont déjà été prises. Des combats de rue s'y déroulent actuellement", a déclaré sur Telegram un des représentants des séparatistes prorusses, sans qu'une confirmation indépendante puisse être obtenue.

Severodonetsk est "entièrement occupée par les Russes", a reconnu son maire Oleksandre Striouk. Les séparatistes ont de leur côté déclaré y avoir "pris le contrôle total de la zone industrielle de l'usine Azot".

La conquête des deux villes constitue pour la Russie une étape cruciale dans sa volonté de s'emparer de l'intégralité du bassin industriel du Donbass, déjà en partie aux mains des séparatistes prorusses depuis 2014.

Selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), les forces russes continuent d'avancer au nord de Lyssytchansk ; elles ont "probablement encerclé les troupes ukrainiennes à Hirske-Zolote" et ont tenté des offensives à l'ouest d'Izioum et au nord de Sloviansk.

- Nord-Est -

A Kharkiv, la deuxième plus grande métropole d'Ukraine, les missiles s'abattent à nouveau quotidiennement sur le centre-ville. Dans la nuit de vendredi à samedi, l'un d'eux a touché un bâtiment administratif proche de l'hôtel où résidait une équipe de l'AFP et un incendie s'est déclaré, selon les services de secours ukrainiens.

- Sud -

Le ministère russe de la Défense a déclaré samedi que "plus de 300 militaires ukrainiens et mercenaires étrangers et 35 unités d'armes lourdes" avaient été "liquidés en une journée dans la région de Mykolaïv".

Selon l'ISW, les Ukrainiens lancent des contre-offensives le long de la limite administrative entre les régions de Dniepropetrovsk et de Kherson. La ville de Kherson elle même fait l'objet de combats permanents.

- Bélarus -

La Russie va livrer "dans les prochains mois" au Bélarus des missiles capables de transporter des charges nucléaires, a annoncé le président russe Vladimir Poutine en recevant son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko. Il s'agit de systèmes Iskander-M, "qui peuvent utiliser des missiles balistiques ou de croisière, dans leurs versions conventionnelle et nucléaire", a-t-il déclaré à Saint-Pétersbourg.

La direction générale du renseignement ukrainien avait auparavant accusé la Russie de vouloir "attirer" Minsk "dans la guerre (...) en tant que cobelligérant" après une frappe de missiles russes tirés du Bélarus voisin sur une région du nord de l'Ukraine.

Le commandement Nord des troupes ukrainiennes a fait état d'"un bombardement massif de missiles" vers 05H00 (02h00 GMT) dans la région de Tcherniguiv, frontalière du Bélarus, sans faire de victimes. Vingt roquettes ont visé le village de Desna, "tirées du territoire du Bélarus (et aussi) des airs", selon ce commandement.

Selon le renseignement, en plus de Desna, où se trouve un important centre militaire ukrainien, les Russes ont touché des cibles "dans les régions de Kiev et de Soumy" (nord-est). Le Bélarus a déjà servi de soutien logistique à Moscou dans les premières semaines de l'offensive russe.

- "Mercenaires polonais" -

Le ministère russe de la Défense a assuré samedi avoir tué "jusqu'à 80" combattants polonais dans un bombardement dans l'est de l'Ukraine ainsi que 20 véhicules blindés de combat et huit lance-roquettes multiples Grad dans des frappes de haute précision sur l'usine de zinc Megatex, dans la localité de Konstantinovka".

Varsovie a affirmé n'avoir aucune information sur le sujet.

- Victimes civiles et militaires -

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit, certainement très lourd. Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales parlent de 15.000 à 20.000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine d'hommes, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n'est disponible.

- Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés -

Plus de sept millions d'Ukrainiens sont déplacés dans leur pays, selon l'ONU. S'y ajoutent 7,7 millions qui ont fui à l'étranger. Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans le territoire contrôlé par Kiev, amputé notamment de la Crimée annexée par Moscou en 2014.

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