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Après avoir tué son ex-compagne, il décide de placer ses enfants en institution plutôt que chez leurs grand-parents: "Je me battrai pour les récupérer"

L'incompréhension pour deux grands-parents à Sprimont. Leur fille a été victime d'un féminicide en septembre dernier. Elle était la maman de deux enfants âgées de 8 mois et 4 ans. Ceux-ci vont être placés. Leurs grands-parents ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas les accueillir.

Depuis 2 mois, les deux petites filles vivent avec leurs grands-parents. Ce mardi, dans le canapé, il n'y aura plus que Fabienne et François. Le service d'aide à la jeunesse a décidé de placer les enfants en institution. 

"En tant que grands-parents, on n'a pas le droit d'avoir des droits sur nos petits enfants. Elles n'ont plus que nous. C'est ce qu'il faut comprendre. Lui n'a pas de famille, ma fille n'avait que nous comme famille", confie Fabienne.

Le 10 septembre dernier, David a tiré une balle dans la tête de Madisson, la mère de ses deux enfants. Il ne supportait pas leur récente séparation. Aujourd'hui, même s'il est en aveux, même s'il est en prison, il est le seul encore en vie à avoir l'autorité parentale sur ses enfants.

"On se retrouve dans une situation inextricable où c'est le père qui a tué la mère, qui peut décider si oui ou non les enfants seront placés", explique Renaud Molders-Pierre, l'avocat des grands-parents.

Le SAJ (le service d'aide à la jeunesse) a, comme la loi le prévoit, consulté le père. Celui-ci a confirmé la décision que le SAJ estimait la meilleure: placer les enfants. 

Plusieurs arguments ont été avancés. D'abord, le fait que les grands-parents ne seraient pas en état de faire le deuil de leur fille. Cela les empêcherait de s'occuper des petites filles. 

"Mon deuil, je ne le ferai jamais. C'est ma fille que j'ai perdu, ce n'est pas ma voisine, ce n'est pas une copine, c'est ma fille. Tout ce qu'il me reste pour faire mon deuil, ce sont mes deux petites filles", dit Fabienne.

Le service d'aide à la jeunesse aurait également pointé un risque d'éloignement entre les petites filles et leur père. "Je pense que là aussi, on peut comprendre que des grands-parents qui ont vu leur fille assassinée, mettent quelques difficultés et quelques réserves au fait que les petits enfants puissent voir leur père", ajoute Renaud Molders-Pierre.

Le service d'aide à la jeunesse a accepté de nous accorder une interview par téléphone, sans aborder, c'est la règle, les éléments concrets du dossier. 

"On ne prend jamais des solutions par facilité. Ce ne sont pas des orientations qu'on prend le matin en prenant son petit café sur le coin d'une table. Ce sont des situations qui sont évaluées, pesées, au sens de l'intérêt de l'enfant", explique Joelle Piquard, conseillère de l'aide à la jeunesse. 

"Je me battrai pour les garder quoiqu'il advienne. Je me battrai pour les récupérer", conclut la grand-mère.

Fabienne et François envisagent une procédure devant le tribunal de la famille. Ils ont également envoyé un courrier à la Reine Mathilde.

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