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Un conducteur de train "révolté" par ses conditions de travail témoigne: "On va aux toilettes entre deux gares, on sent une pression"

Après une grève de 24h sur le rail, en front commun syndical, ce sont uniquement certains conducteurs de train qui arrêtent le travail mercredi et jeudi. Ils estiment que leurs conditions de travail se dégradent et que la sécurité sur le rail est compromise. Un conducteur de train a accepté de témoigner. Il décrit un rythme effréné.

Depuis de nombreuses années, Amaury (prénom d'emprunt) emprunte tous les jours le même trajet. Il se rend à la gare pour commencer sa journée de travail. Avec le sourire mais aussi avec beaucoup d’anxiété. "Je regarde ce que je fais de ma journée et je sais déjà que ça va être la course toute la journée", dit le conducteur. "On espère que ça va bien se passer mais c’est vrai que le moindre petit couac plombe toute la journée."

"On sent une pression"

Il dénonce un horaire de travail trop chargé et un temps de préparation insuffisant. Ce mercredi, 20 minutes pour vérifier tous les paramètres de sécurité avant le départ. "Je sais que je vais déjà partir en retard suite à un problème au niveau du timing de ma prestation", dit-il. "Ça arrive bien trop souvent ces temps-ci. Je vais devoir appeler ma cabine, ma permanence pour prévenir tout le monde. Et je vais devoir me justifier. C'est déjà un ennui dans ma journée qui ne fait que commencer. On sent une pression."

"On n'a plus de pauses"

Des procédures plus nombreuses à respecter à un rythme effréné. La conséquence, ce sont des retards qui s’accumulent et une fatigue plus importante. Pour Amaury, les conditions ont bien changé depuis 5 ans. "Avant, on avait beaucoup plus de pauses entre les trains et ça évitait les retards", se souvient le conducteur. "On fait bien 2-3 trains en plus par rapport à avant pour la même prestation. Du coup, on n'arrête plus. On n'a plus de pauses du tout. Si on doit manger, c'est en roulant. Et si on doit aller aux toilettes, c'est entre deux gares et on le fait vite fait bien fait. On en est là."

"Je suis révolté"

Du stress aussi dans sa cabine car il est seul maître à bord du train. Il est donc responsable de la sécurité des voyageurs mais selon lui, le matériel de pilotage est parfois défectueux. "Sur un parcours, ça arrive 3-4 fois qu'il y ait un bug", explique Amaury. "On perd du temps et il faut le justifier."

Sa plus grosse crainte, c'est franchir un signal rouge par distraction. "J'ai envie d'avoir une carrière exemplaire", dit-il. "Je suis révolté qu'on ne mette pas tout en œuvre pour cela."

Amaury dénonce un manque d’investissement du réseau ferroviaire belge. Mercredi, il participera à la grève. 

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