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Licenciements chez Carrefour: quelle est la marge de manœuvre des politiques belges?

Face à une entreprise privée, un groupe français, quelle pourrait être aujourd’hui la marge de manœuvre de politiques belges ? Une réunion des ministres de l’emploi a lieu en ce moment. Reportage de Loïc Parmentier.

La secrétaire nationale du syndicat chrétien Delphine Latawiec estime que le politique ne peut rien faire face au plan de licenciement chez Carrefour... et n’a rien fait.

Invitée de Bel RTL ce vendredi 26 janvier, Delphine Latawiec a indiqué qu’elle ne s’attendait à "aucune aide" de la part des autorités publiques. "Ils ne feront rien", a-t-elle déclaré. Il y a du dépit dans cette réponse de la syndicaliste de la CSC en charge du commerce et donc de la restructuration de Carrefour. Pour Delphine Latawiec, les politiques sont tout simplement impuissants.

Les conclusions tirées du plan social chez Delhaize

En juin 2014, lors de la restructuration chez Delhaize, le ton de Delphine Latawiec était ferme : "Nous ne voulons pas de ces licenciements, nous ne voulons pas de ces fermetures", lançait-elle. Une délégation syndicale a été reçue par le premier ministre de l’équipe des affaires courantes, Elio Di Rupo.

"On s’est retrouvés avec le gouvernement de l’époque qui était en transition puisque les élections étaient toutes proches. Il y avait un communiqué de presse qui était prêt au moment où on est entré dans la salle. Nous avons communiqué ensemble", raconte la syndicaliste. "Mais ensuite qu’est-ce qui s’est passé ? Rien du tout. On ne nous a plus revus, nous les syndicats, on a juste vu la direction", regrette-t-elle.

La seconde critique est pour l’actuel premier ministre Charles Michel. "Jobs, jobs, jobs, c’est une réalité jour après jour", déclarait ce denier le 10 octobre 2017 à la Chambre. "Une hypocrisie complète" pour Delphine Latawiec. "Je pense que si le gouvernement veut faire des choses à quelques niveaux que ce soit, c’est dans les législations qu’il met en place qu’il doit être attentif", affirme-t-elle.

"Quand un gouvernement créé des flexi-jobs début janvier, qu’il ne vienne pas pleurer sur les pertes d’emploi dans le commerce trois semaines après", critique la syndicaliste.

Dans le cadre de la restructuration chez Carrefour, Delphine Latawiec et les autres représentants syndicaux ont été invités cette fois encore par le premier ministre.


Un plan d’action global pour accompagner les travailleurs de Carrefour

Loïc Parmentier, en duplex pour le RTLINFO 13H, souligne l'état d’esprit "volontariste" des trois ministres régionaux de l’emploi qui s’entretiennent aujourd’hui à Bruxelles. Une réunion qui vise à établir une sorte de plan social commun coordonné entre les trois régions pour accompagner les travailleurs qui seront licenciés dans le cadre de la restructuration de chez Carrefour.

Notre journaliste précise qu’il y a "deux bémols" à cette rencontre : d’une part, l’absence de Kris Peeters qui a préféré consacrer son après-midi à des des rencontres avec la direction et les syndicats de Carrefour. D’autre part, la marge de manœuvre limitée des politiques. "Le pouvoir reste entre les mains du patronat", note Didier Gosuin, ministre bruxellois de l’emploi et de l’économie. "Nous pouvons intervenir pour qu’il y ait le moins de victimes de la restructuration et des solutions pour tous les travailleurs", ajoute-t-il.

"On peut encadrer les travailleurs", assure Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon de l’emploi et de l’économie. "Je ne veux pas rentrer non plus en confrontation avec Carrefour, poursuit-il. Il faut les mettre devant leur responsabilité. Il pouvoir négocier et limiter le plus possible les licenciements aujourd’hui." Et de conclure : "Carrefour, ça restera quand même 10.000 travailleurs en Belgique."

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